Le Prince-de-Galles se tient à carreaux

Style de vie

25NOV. 2013

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Le Prince-de-Galles se tient à carreaux

25 NOVEMBRE . 2013

Écrit par Frédéric Brun

Le tissus Glen-Urquhart brouille les cartes : créé en Ecosse pour une anglaise, il a pris le nom du prince de Galles. Une forte personnalité qui explique sans doute sa longévité dans le dressing des élégants, et son retour en force dans les collections masculines cette saison.

 

Lady Caroline, comtesse de Seafield, souhaitait faire tailler des livrées pour la domesticité de sa villégiature écossaise de la vallée de Glen-Urquhart. Mais, au début du XIXème siècle, l’usage du tartan est strictement réservé aux chefs de clans celtes. Les artisans de la région imaginent alors un tissage à carreaux sombres, dans des tons de brun et de gris, à peine rehaussés de fines rayures de couleur. Sobre, plus adapté à la chasse que les carreaux colorés du tartan, ce tissus « fantaisie » séduit le prince héritier, Edouard VII, lors d’une visite au château de Balmoral. Il devient alors une étoffe réservées aux tenues de plein air ou sportives.

Mais c’est un autre prince de Galles qui lui donnera son nom. Dans les années 20, le futur Edouard VIII porte un complet croisé avec un pantalon à revers en Glen-Urqhhart pour inaugurer un terrain de football. Quelques semaines plus tard, un autre pour une compétition de golf. La mode en est lancée. Elle gagnera la ville lorsque le futur souverain se rend aux Etats-Unis en voyage officiel, donnant définitivement son nom au prince-de-galles.

Devenu Duc de Windsor après son abdication en 1936, il ne cessa de porter ce motif, lui accordant définitivement ses lettres de noblesse, à la campagne comme à la ville. Gentleman cambrioleur, Thomas Crown orchestre un braquage en Rolls-Royce et costume Prince-de-Galles. Cary Grant salit le sien en échappant de peu à un avion suicide dans La Mort aux trousses. Avec Valery Giscard d’Estaing il entre dans le vestiaire présidentiel, puis se fait un peu discret au temps des yuppies 80’s. Le prince Charles lui reste fidèle, tout comme Gianni Agnelli. Dans les années 90, il revient sur le devant de la scène lorsque Brioni en drape Pierce Brosnan, alias James Bond. Les héros de Mad Men sont ses ambassadeurs, et la ligne créée par Brooks Brothers pour la série est devenu l’un des best-sellers de la griffe américaine, désormais disponible à Paris. Dans Skyfall, Daniel Craig y succombe, comme autrefois Sean Connery.

Et en 2013 ? Il est un peu partout ! Classique des liasses d’étoffes des tailleurs, comme Djay, Dormeuil, Cifonelli, Artling, ou Gieves & Hawkes, le prince-de-galles se décline dans toutes les coupes, et une palette de teintes automnales chez Hackett, Scabal, Wickett, Ralph Lauren, Vicomte A., Crémieux, De Fursac, ou  Arthur & Fox.

Porter un costume en prince-de-galles témoigne d’une certaine assurance de soi. Moins strict que le caviar ou la flanelle unie, plus débonnaire que les rayures, ces carreaux affectent une nonchalance aristocratique, et, du coup, peuvent tout se permettre : costumes droits ou croisés, deux ou trois pièces, et même en dépareillé. Les hésitants, que les premiers frimas de l’hiver ont pris par surprise et qui n’ont pas eu le temps de compléter leur garde-robe de saison, noueront vite une écharpe dans ce motif pour être sapés comme des princes.

 

Frédéric Brun

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