Le Cornichon

Au moment où les restos parisiens se photocopient dans leurs murs nus grattés et leurs assiettes juxtaposées de « produits d’exception », on est toujours heureux de tomber sur un très bon bistrot où l’on sait vraiment cuisiner.

Au Cornichon, à quelques pas de chez Hugo Desnoyer (il se murmure qu’on croise le boucher-star régulièrement attablé ici), on trouve deux jeunes pousses, Franck Bellanger et Mathieu Nadjar, ayant fait leurs armes chez Stéphane Jego (as de la bistronomie dans son repaire de l’Ami Jean).

Dans une salle claire, à la déco moderne et (un poil trop) verdoyante où trône un immense cornichon en huile sur toile, se rassemble une clientèle de connaisseurs, d’enthousiastes, ravis de trouver ici une carte sans cesse renouvelée. « Gratinée d’asperges vertes et ris d’agneau, farce de petits Paris aux herbes« , « Curry d’encornets au lait de coco et langues d’oiseaux à la cuillère« , « Joues de lotte au four sauce Dugléré, pousses d’épinard, fenouil confit, persil et échalotes » tiennent leurs promesses d’une cuisine juste, franche et chaleureuse. Une cuisine qui, si elle ne néglige pas le sourcing et la qualité des produits, n’en a pas oublié pour autant comment filer une sauce ou serrer un jus. Une cuisine qui sait combiner les saveurs, les textures et les cuissons sans oublier de se faire plaisir.

Un dessert gourmand (« Mousseline de cacahuètes, caramel laitier, sorbet cacao« ) et quelques beaux flacons plus tard, on sort de ce cornichon heureux. Et pas acide… Foncez !

Thierry Richard