La villa Savoye

Architecture

05NOV. 2014

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La villa Savoye

05 NOVEMBRE . 2014

Écrit par Jean-François Maccario

Lorsque le couple Savoye choisit Le Corbusier pour lui concevoir une maison de campagne, il est loin d’imaginer l’incroyable destin de sa future demeure. Aujourd’hui manifeste incontournable du Mouvement Moderne, la villa Savoye, aussi étonnant que cela puisse paraître, a tout au long de sa vie subi de multiples assauts qui auraient pu la faire disparaître.

Baptisée les “Heures Claires” et construite de 1928 à 1931 sur un terrain de sept hectares, la villa Savoye termine le cycle des villas blanches de l’architecte. Profitant de l’ouverture d’esprit de ses clients, qu’il décrit comme “dépourvus totalement d’idées préconçues : ni modernes, ni anciens”, Le Corbusier illustre ici ses 5 points fondamentaux pour une architecture moderne : les pilotis, le toit-jardin, le plan libre, la façade libre, la fenêtre en bandeau.

Les pilotis libèrent la construction du sol et allègent visuellement la construction. Le toit-jardin transforme la toiture devenue plate en solarium planté, le plan libre résout la paralysie du cloisonnement structurel tout comme la façade libre, qui, déconnectée de la fonction porteuse est simplement travaillée pour les impératifs d’éclairement et de vues. Les fenêtres en bandeau offrent des vues panoramiques et sont une signature forte de la modernité architecturale.

« Il pleut chez moi ! » se désole Mme Savoye dans un courrier adressé à Le Corbusier…  Car hélas, rapidement après l’achèvement, des défauts de conception font leur apparition. Et les cris de détresse de la famille Savoye, qui ira jusqu’à menacer d’un procès, laisseront l’architecte muet. Ces désagréments ajoutés à quelques revers de fortune conduisent les occupants à quitter les lieux dès 1940. Au sortir de la guerre, la villa, tour à tour occupée par les allemands puis les alliés, s’est largement dégradée. Abandonnée, elle sert même de grange à fourrage ! Décidés à ne plus occuper la villa, les Savoye ne s’opposent pas à une procédure d’expropriation de la ville de Poissy. Caractéristique locale mais fait révélateur, le montant du rachat sera basé non pas sur la valeur du construit, mais sur la production du verger de pommiers plantés par les Savoye sur 3 des 7 hectares de la propriété…

Mais la ville ne vient pas en sauveur. Bien au contraire, la villa est menacée de destruction pour la construction d’un lycée. Et comble de l’ironie, le lycée portera le nom de Le Corbusier! Elle sera préservée in extremis grâce à une mobilisation internationale et à l’intervention d’André Malraux, alors ministre de la Culture. Il prend des mesures conservatoires exceptionnelles, fait sans précédent en France pour l’œuvre d’un architecte de son vivant.

Pourtant les travaux de restauration peinent à démarrer et Le Corbusier, à qui on ne peut confier la restauration de peur qu’il ne modifie son oeuvre, s’impatiente. Dans un ultime courrier à André Malraux, il prédit un destin tragique pour la villa. Hélas, cette annonce est prémonitoire pour l’architecte, puisqu’il périra deux mois plus tard, le 27 août 1965, face à son cabanon de Roquebrune-Cap-Martin lors de son bain de mer quotidien.

Dès lors, trois campagnes de restauration jusqu’à nos jours seront nécessaires pour redonner sa superbe à cette icône au destin mouvementé.

 

 

 

Texte et photographies couleur : Jean-François Maccario

 

 

Villa Savoye
82 rue de Villiers
78300 Poissy
01 39 65 01 06
De Paris : A13 et A14 direction Poissy
RER A : Poissy, puis bus 50 direction La Coudraie, arrêt Villa Savoye
Pour programmer une visite : ici !
Les visites vous ennuient ? N’hésitez pas à louer la villa, c’est possible !
 
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