Billie Holiday, une Lady Day légendaire

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10AVR. 2015

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Billie Holiday, une Lady Day légendaire

10 AVRIL . 2015

Écrit par Thierry Richard

Avril 1939. New York.

Sur la petite scène du Café Society, elle s’approche du micro. Billy Holiday connaît le texte par cœur. Un poème écrit par Abel Meeropol, militant au parti communiste des Etats-Unis d’Amérique. Lui, a tout fait pour contacter la chanteuse déjà connue. Ce texte est pour elle et elle seule. Depuis le début de l’année, trois Noirs ont déjà été lynchés. Une situation insupportable, intolérable que cet enseignant juif d’origine russe a choisi de dénoncer à travers une chanson.

Billie Holiday l’a chantée en ce soir de 1939. Puis s’est tue. Le silence a envahi la salle. Quelques timides applaudissements se sont faits entendre. Les mains se sont remises à battre plus fort, plus intensément. Strange Fruit était né… Billie Holiday ne quitta plus jamais la scène du Café sans interpréter ce titre. Ici ou ailleurs, chaque concert se terminait alors de la même façon. Dans l’obscurité, un seul halo de lumière sur son visage, Lady Day, comme la surnommait son comparse Lester Young, se lançait avec son âme et son cœur dans cette chanson. Décrivant ces corps de Noirs pendus aux branches des peupliers dans le sud de l’Amérique, dans ce coin de terre où elle évita d’entamer Strange Fruit, histoire d’éviter le grabuge.

C’était ça Lady Day. Une voix à part. Sans l’harmonie d’Ella Fitzgerald ou de Sarah Vaughan. Mais avec un supplément d’âme unique, une puissance et une intensité à nul autre pareil. Certains voudraient voir en elle l’histoire d’une femme prostituée, droguée, alcoolique. Vision réductrice d’une chanteuse exceptionnelle. Sans doute, ces souffrances ont servi sa voix, cette capacité à faire vibrer chaque note, chaque mot. Elle mesurait surtout la portée de son art, cette liberté acquise au gré des chansons, cette possibilité de dénoncer les absurdités d’un monde dont elle a souvent tenté de s’échapper à coup d’héroïne. Ils sont nombreux à avoir repris Strange Fruit, comme elles sont nombreuses à se revendiquer de Billie Holiday. Cent ans après sa naissance, Lady Day est inégalable. Et c’est mieux comme ça.

 

Eva Roque

 

 

 

    Les 5 titres à connaître par cœur    

 

Strange Fruit

 

 

Lover Man

 

If dreams come true

 

Summertime

 

Willow weep for me

 

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