David Hockney au Centre Pompidou : l’obsession picturale

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08SEPT. 2017

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David Hockney au Centre Pompidou : l’obsession picturale

08 SEPTEMBRE . 2017

Écrit par Pauline Da Costa Sampieri

Les couleurs sont vives, la lumière est chaude… Pourtant, on ne peut résumer David Hockney à l’image d’une Californie rêvée. Son oeuvre, plus complexe et en constante évolution, se révèle au Centre Pompidou, qui le célèbre à l’occasion de ses 80 ans, à travers une rétrospective complète, riche de plus de cent soixante oeuvres.

L’été se poursuit avec l’exposition David Hockney. Mais derrière un éternel été indien, et tandis que l’artiste se targue de regarder et de penser simplement, son oeuvre n’en est pas moins empreint de la philosophie de Bergson, inspiré par le cubiste analytique de Picasso, imprégné de Léonard et de sa perspective inversée. David Hockney décrit une réalité mouvante qu’il synthétise dans des images qui ont atteint une popularité universelle.

« David Hockney décrit une réalité mouvante qu’il synthétise dans des images qui ont atteint une popularité universelle »

Portrait of an Artist (Pool with Two Figures), 1972, acrylique sur toile, © Lewis Collection

Formé au London Royal College of Art, David Hockney produit des oeuvres de jeunesse affichant un réalisme social marqué par le passé industriel du pays, et notamment de Bradford, sa ville natale. Rapidement porté par le Swinging London, sans pour autant faire parti du mouvement Pop Art, admirable observateur, il est conscient du rôle que la peinture doit jouer dans la société.

En 1962, David Hockney voyage à New York. Deux ans plus tard, il y rencontre Andy Warhol et Edward Hopper avec qui il partage le même sens de la lumière. En 1964 toujours, il découvre Los Angeles et sa liberté d’attitude. Fasciné par l’immensité de la ville, l’artiste conçoit des toiles toujours plus vastes, comme le symbole d’une infinité éternelle. Sa série de piscines est une métaphore de la peinture même. Elle est prétexte à la mise au point d’une technique remarquable où la transparence de l’eau n’est pas sans rappeler les color fields de Mark Rothko.

Si l’image semble aseptisée elle n’est cependant pas vide d’affect. Toute la composition est reconstruction mentale. Ses portraits-double sont campés dans des décors dignes du théâtre de l’absurde.

David Hockney self-portrait, 1954, collage sur papier journal © Richard Schmidt

L’oeuvre de David Hockney oscille entre ultra réalisme et tentation abstraite. L’utilisation de l’appareil photographique manifeste cette obsession. A travers de savants collages, des milliers de perspectives forment une nouvelle image. Outre l’appareil photo, David Hockney est attaché aux différents moyens de reproduction.

Les oeuvres de l’artiste synthétisent cette force vitale de la nature, prétexte à interroger la nature-même des images. Grâce à la perspective inversée, le spectateur est partie prenante de cette expérience. Le rapport à l’espace et au temps vibre grâce à l’intensité de la composition.

David Hockney s’est essayé à différentes techniques. Mais la peinture persiste comme étant le moyen le plus riche et sophistiqué pour rendre compte de notre présence au monde.

Pauline Da Costa Sampieri

Image à la une : Gregory Swimming Los Angeles March 31st 1982. Collage de polaroïds. Collection de l’artiste. © Centre Pompidou

David Hockney à Paris
Exposition au Centre Pompidou
Jusqu’au 23 octobre
Place Georges Pompidou
Paris, 75004
A lire : le catalogue de l’exposition, sous la direction de Didier Ottinger, édition du centre Pompidou, 320 p., 49,90 €
A écouter : le son du Centre, à propos de l’exposition
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