Ça c’est Palace : Le Crillon est-il hipster ?

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29NOV. 2017

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Ça c’est Palace : Le Crillon est-il hipster ?

29 NOVEMBRE . 2017

Écrit par Etienne Raynaud

La mode se démodant, le phénomène hipster est devenu galvaudé mais perdure à travers certaines tendances fortes, qu’on retrouve au Crillon, qui signe un retour magistral avec un style contemporain, affirmé et sophistiqué. On s’engouffre au 10, Place de la Concorde pour explorer ce Palace nouvelle génération…

La mode se démodant, le phénomène hipster est devenu galvaudé mais perdure à travers certaines tendances fortes, qu’on retrouve au Crillon, qui signe un retour magistral avec un style contemporain, affirmé et sophistiqué. On s’engouffre au 10, Place de la Concorde pour explorer ce Palace nouvelle génération…

« Le Crillon hipster » ? Derrière cette question un rien iconoclaste se cache une réalité : celle de l’émergence d’un nouveau luxe qui s’affranchit de codes trop marketés ou standardisés, réhabilitant notamment le travail manuel. Loin des clichés de barbus hirsutes vêtus comme des amish, déambulant dans le Marais en quête d’un avocado toast, il faut revenir aux sources-mêmes du phénomène hipster pour comprendre une tendance qui s’est durablement ancrée dans le paysage gastronomique, artisanal et urbain. Celle du refus de la consommation de masse et de la réhabilitation du produit singulier, du fait-main, du micro, du local.

Côté gastronomie : le culte de l’origine

On retrouve les tendances du mouvement hipster, celle de la valorisation du produit en insistant sur sa provenance ou une production locale, de la mise en avant de jeunes maisons de niche ultra-spécialisées – le propre de l’économie hipster – et de la réhabilitation du travail manuel.

Le café ? Il vient de chez Coutume Café, une maison parisienne récente, née avec la vague des cafés de spécialité ou coffee shops qui ont déclaré la guerre aux mauvais robusta de comptoir ou aux cafés ternes et sans saveur.

© Thierry Richard pour Les Grands Ducs

La bière ? on la retrouve jusque dans les accords mets et vins du menu dégustation du restaurant gastronomique l’Ecrin. Elle est signée Deck & Donohue du nom de la brasserie de Montreuil adepte de séries limitées selon les saisons ou de l’houblon utilisé. D&D réhabilite -comme la plupart des nouvelles micro-brasseries- l’IPA ou Indian Pale Ale. Cette bière, à l’amertume revendiquée, servie en Inde à l’époque coloniale, avait totalement disparu du paysage avant de revenir sur le devant de la scène hipster.

Le champagne ? Peu de grandes maisons mais pléthore d’indépendantes pratiquant une viticulture raisonnable, mettant en avant leurs parcelles là où le champagne est plus connu pour ses assemblages.

© Thierry Richard pour Les Grands Ducs

Les cocktails ? La mixologie, désormais assez largement répandue, se retrouve logiquement au Crillon avec une attention particulière sur des alcools anciens ou de jeunes maisons locales de qualité comme la Distillerie de Paris.

L’art de la table ? couteaux Perceval, verres de la cristallerie de Montbronn, orfèvrerie poinçonnée dans le Marais à Paris par les ateliers Rouge-Pullon, assiettes réalisées par une artiste céramiste… Tout est fait pour célébrer l’artisanat, l’art de la main, le singulier.

Le chef Christopher Hache, au terme de son tour du monde, a souhaité développer des pratiques encore peu répandues : réhabilitation du travail de boucherie, développement du ‘farm to table’ en s’approvisionnant à la source jusqu’à créer les viviers d’huîtres du Crillon en Bretagne, en bref, véritable mise en avant des artisans…

Il est ainsi  le tout premier chef à s’être associé au boucher roi des viandes longuement maturées, Yves-Marie le Bourdonnec en achetant non pas comme le font les palaces les seules pièces de viande nobles, mais la bête entière – un croisement entre vache de Salers et Angus – qui sera maturée puis découpée sur place et travaillée en intégralité.

© Thierry Richard pour Les Grands Ducs

Démarche certes révolutionnaire pour un Palace mais tout droit inspirée de celle des jeunes bouchers du mouvement hipster, qui achètent directement auprès des éleveurs des bêtes nourries exclusivement à l’herbe. Culte de l’origine, valorisation de l’élevage en payant le juste prix, réhabilitation du travail de découpe…  Cette démarche, le chef nous a confié vouloir la prolonger sur le poisson à travers  l’ikejime, cette technique japonaise d’abattage du poisson vivant dans les viviers installés dans les cuisines.

Tout pour l’Homme

On sera surpris de découvrir au Crillon un superbe espace pour l’homme décrit comme men’s grooming au plus près des salons. Dessiné par l’architecte d’intérieur -et Grand Duc- Tristan Auer, cet espace à la fois ultra sophistiqué et contemporain comprend un vrai barber shop signé La Barbière de Paris avec son fauteuil qui semble tout droit sorti de Brooklyn, pourtant traité en vert profond Aston Martin

© Thierry Richard pour Les Grands Ducs

Dans la boutique de l’hôtel, c’est un véritable cabinet de curiosités imaginé par Thomas Erber – loin de l’habituelle accumulation de produits grand luxe. Sans surprise, ce sont les jeunes maisons et les artisans locaux qui sont mis en avant ici : montres March Lab, chaussons de cuir Masters of Casuals, jeunes ateliers parisiens… On retrouve une fois de plus tous les codes de ce luxe contemporain : exclusif, singulier, centré sur le savoir-faire et les matières plus que sur les logos…

Les chambres : cocktail signature et beauté à la française

Quant aux chambres, elles signent leur différence à travers quelques attentions, dont certaines tout droit sorties des codes hipster : le mini-bar comprend ainsi une série de cocktails maison en prémix dont le cocktail signature spécialement créé pour le Palace. Un concept déjà découvert à Paris au Grand Pigalle Hotel, lancé par le trio de l’Experimental Cocktail Group, précurseurs des cocktail bars parisiens.

Quant aux savons et produits de beauté, ils sont tous confectionnés par Officine Buly, jeune maison indépendante -les propriétaires avaient déjà réveillé la vénérable maison Cire Trudon– de la rue Bonaparte, au décor d’apothicaire à l’ancienne et bien sûr… 100% Made in France.

Enfin, ne passez pas à côté de la voiture officielle du Crillon… une DS, la vraie, d’époque, dont l’intérieur a été revisité avec talent par Tristan Auer et qui intègre notamment un miroir-poudrier signé Fauré Le Page. Là encore, du jamais vu…

La réhabilitation de l’artisanat, du local, de l’esprit vintage ? Bienvenue au Crillon, le Palace qui a su concilier excellence, modernité et savoir-faire… Bref, le meilleur de ce que la tendance hipster nous a légué.

Etienne Raynaud

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