Rencontre : Jean-Michel Othoniel, un français à New York

Culture

16MARS. 2018

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Rencontre : Jean-Michel Othoniel, un français à New York

16 MARS . 2018

Écrit par Aymeric Mantoux

L’artiste, auquel on doit entre autres la station de métro de la place Colette à Paris ou un bosquet dans le parc du Château de Versailles, célèbre cette année trente ans de création avec un solo show à New York. Et inaugure la nouvelle galerie Perrotin au cœur de la Mecque du marché de l’art.

Pour cette exposition intitulée Dark matters, Othoniel a créé des œuvres qui résonnent avec l’espace nouveau et grandiose de la dernière-née des galeries Perrotin. Elles viennent tirer du côté de la poésie, comme Grotte bleue, composée de milliers de briques de verre fixées sur une superstructure invisible.

Obsédé par le verre, il l’est depuis toujours, celui de Murano mais pas seulement. C’est surtout le travail ancestral des verriers qui l’aura fasciné toutes ces années ; l’artiste allie ce savoir-faire à la modernité des techniques et aux avancées scientifiques pour mener à bien ses gigantesques projets. Othoniel explore à sa manière une nouvelle forme de radicalisme dans cette série de sculptures ou d’installations monochromatiques inspirées par la nature (vagues, montagnes), et ses recherches très poussées sur l’opacité du verre, de l’opale, ou encore de l’obsidienne.

D’ici à quelques mois, il se verra également honoré par sa troisième exposition au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Etienne, ainsi que par une exposition majeure au Canada. Il a reçu les Grands Ducs dans son studio, à un jet de pierres de la gare de Lyon, où son œuvre la plus grande à ce jour, La Vague, était en cours de montage, occupant un pan entier du hangar.

Vue de l’exposition Dark Matters © Guillaume Ziccarelli

« J’ai découvert le verre par accident dans les années 1990. J’effectuais des recherches sur l’alchimie qui permet de transformer de la poussière en obsidienne, un verre noir, totalement opaque. Il n’est pas séduisant, comme un verre transparent. Quand j’ai vu les maîtres-verriers à l’œuvre, j’ai été fasciné par leurs méthodes. Et j’ai voulu travailler avec eux. C’est ce qui m’a permis de sortir de mon studio. »

 

Vue de l’exposition Dark Matters © Guillaume Ziccarelli

« Pour moi, la qualité d’un travail n’est en rien lié à sa taille. Mais j’ai bien dû faire un choix à un moment. Mes œuvres sont si complexes, que j’ai été contraint de me poser à Paris, de disposer d’un grand atelier. Mon équipe a grandi, ainsi que la sophistication de mes recherches. C’est ce qui m’a conduit à établir un véritable studio. Depuis je me suis posé, il n’y a pas un jour sans que je sois au travail avec mon équipe. »

La Vague, vue de l’exposition Géométries amoureuses au CRAC Occitanie à Sète en 2017

« La Vague est une architecture de verre, un volume qui occupe l’espace, qui vous englobe. On ne fait pas face à un objet mais à quelque chose qui vous dévore. En même temps, on a le sentiment qu’on pourrait presque se réfugier à l’intérieur. La vague a ce côté « agora ». Comme le monde dans lequel nous vivons, la vague est paradoxale. Elle est géante, mais prévue pour rester à l’intérieur, impressionnante, mais fragile. C’est du verre, certes, mais il est noir. Cette vague est le lieu de tous les contraires. Chaque brique de verre est soufflée à la bouche. Sur chacune d’entre-elles, les mouvements du verre varient. On pourrait presque sentir les vagues du verre soufflé. J’aime beaucoup dans ces œuvres les va et vient entre les détails de la production et le dessin final de l’ensemble. »

« Mon rôle est celui d’un guide, d’un accoucheur. Je peux déléguer l’acte de création. » – Jean-Michel Othoniel

Vue de l’exposition Dark Matters © Guillaume Ziccarelli

« Mon processus de création est assez simple. Je dessine, je fais des aquarelles. Après, au studio, j’ai une équipe de 12 personnes, des architectes, des ingénieurs, des dessinateurs 3D avec lesquels je phase tous les aspects de la production des œuvres. Ensemble, nous élaborons les moyens d’arriver à nos fins, les solutions pour assembler et démonter les œuvres qui vont voyager. J’aime ce travail d’équipe et de studio, l’idée de concevoir des choses ensemble. Nous sommes très proches. Je connais les techniques du verre, du métal, ce qu’on peut ou ne peut pas faire. Mon rôle est celui d’un guide, d’un accoucheur. Je peux déléguer l’acte de création. »

Aymeric Mantoux

L’actualité
Dark Matters, solo show Jean-Michel Othoniel
Jusqu’au 15 avril 2018
Galerie Perrotin, 130 Orchard Street
New York
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