Ran : un Japon sombre et scintillant se met en scène rue d’Anjou

Gastronomie

22AVR. 2019

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Ran : un Japon sombre et scintillant se met en scène rue d’Anjou

22 AVRIL . 2019

Écrit par Thierry Richard

L’ancien 1728 s’est refait une beauté asiatique. Sous la houlette du décorateur en vogue Tristan Auer et du groupe Black Code (déjà aux commandes des Orient-Extrême, Cod House et autres Kinugawa), les salons XVIIIème de ce superbe hôtel particulier où vécu le Marquis de La Fayette ont fait place à un élégant assemblage qui promet de devenir un des lieux emblématiques du Paris des cartes platines. Visite nocturne.

Par Thierry Richard
(Texte et photographies)

 

Ran Restaurant Paris 1

Passé le porche du 8 de la rue d’Anjou, dans ces beaux quartiers où l’on aime venir à la nuit tombée en chauffeur privé et veste bien coupée, Ran vous accueille derrière son vestibule boisé en demi-cercle, réminiscence d’une belle porte Grand Siècle. Une fois les premiers pas déployés, la forte identité des lieux vous saute au yeux. Un néon multicolore dessine au mur en version XXL les contours d’une célèbre photographie érotique d’Araki, l’artiste japonais féru de bondage.

Aucun doute, si Ran manie l’hommage à Kurosawa et ses films de samouraï épiques et profonds, le Japon qui ici parfume les pièces a des accents contemporains et, parfois, sur le fil d’un sulfureux très “comme il faut”. Cette impression de pénétrer tout de go dans un décor profondément ancré dans l’époque est confortée par la succession de salons aux tons bruns et ocres où, sous de très belles appliques géométriques et des miroirs reconstitués de grande facture, s’ordonnent des tables laquées de noir, à l’ombre de plantes vertes volumineuses. En bout de couloir, la lumière vive de la cuisine ouverte fait comme un brasier.

Ran Restaurant Paris 3

On trouve cependant chez Ran ce qu’il faut de résurgence du passé glorieux qui teinte encore les murs avec de belles boiseries sculptées, des volets de bois sablé, des plafonds peints et de belles corniches. C’est sans doute ce balancement entre passé et futur qui crée ici une forme d’harmonie particulière. A table, on croise cette clientèle des quartiers chics en dîners d’affaire, des familles aisées dissertant d’exotisme et de prochains voyages et des touristes du haut du panier aiguillés là par des concierges bien informés.

Toute cette belle faune appliquée est choyée par des serveurs en uniforme d’un rouge écarlate bien vu. Ils servent aux convives une cuisine dont on ne saurait dire si elle est japonaise revue à la sauce française ou française aux forts accents japonais. Disons donc, pour faire simple, qu’elle mêle non sans talent des influences exotiques, des produits de belle fraîcheur et quelques aménagements à la gastronomie française.

Ran Paris Restaurant 5

C’est globalement très bon, et, si vos moyens et votre bonus vous le permettent, on vous conseille de piocher dans la carte (profonde) de nombreux plats et de les partager. Pour nous, la soirée passa agréablement au fil d’ “Asperges blanches, saumon confit, sauce creamy yuzu” de saison, d’un “Tataki de boeuf, truffe noire et daikon, sauce nori” où la truffe n’était finalement pas indispensable, de “Bouchées de Black Cod au miso et sucrine” très-trop légèrement sucré, d’un vibrant “Riz croustillant et tartare de thon spicy” et de très belles et goûteuses “Aubergines gratinées au miso”.

Ran Restaurant Paris 2

Mixant plats et accompagnements où le miso semble décidément omniprésent, on a pu réellement apprécier les “Gambas poêlées spicy, lait de coco, miso coréen” bien épicées, un “Tempura légumes et crevettes” un peu chiche, de belles et croquantes “Asperges vertes au miso” (encore lui) et deux “Brochettes de Shiitake et cébette”.

Ran Restaurant Paris 4

Et pour faire un détour avant le retour vers des saveurs plus suaves en conclusion, une “Tarte citron-yuzu” présentée en majesté sur plateau d’argent (made in Fauchon) et un très rafraichissant cocktail d’“Aloe Vera, fruits frais et sorbet noix de coco”.

Que cela soit pour y prendre un verre dans une atmosphère “Tokyo décadence” ou s’y sustenter en rêvant d’autres horizons, ce Ran vaut bien le coup d’oeil et de dents. Mais ne nous y trompons pas, c’est une nouvelle place dans le grand carrousel des adresses à la mode qui, ici, est née.

T.R.

 

Ran
8 rue d’Anjou
75008 Paris
Téléphone : 01 40 17 04 77
Ouvert tous les jours
Menu déjeuner du lundi au vendredi : 36 €
A la carte compter entre 60 € et 70 €
Métro : Concorde

 

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