Gastronomie

Willette, la belle petite terrasse « frenchie » du coin de la rue

01 JUILLET . 2019

Le débat ne sera jamais tranché et c’est tant mieux. Entre fanatiques des repas en terrasse sous le cagnard et reclus de la fraîcheur des intérieurs estivaux, il faut choisir son camp. Willette, petit troquet de quartier éclos sur les trottoirs de la martyrisée rue de Trévise, offre les deux, et c’est tant mieux. D’autant plus que l’assiette y est fort agréable.

Par Thierry Richard
(Texte et photographies)

C’est un petit bistrot aux allures champêtres qui a fait du vert sa couleur et de Willette (surnom du chef William Neff, ancien du Frenchie de Grégory Marchand) son emblème en lettres anglaises. Quelques tables posées dans la rue de Trévise lui donnent un air de banquet communal. Sa décoration à l’ancienne, mêlant attirail bistrotier, fleurs des champs et posters vintage dans une petite salle lumineuse vous éloigne encore un peu plus de Paris. S’assoir chez Willette, c’est un peu prendre le train.

Il règne dans cette adresse de quartier une atmosphère bon enfant, au service en salle jovial, la bride sur le coup et un peu foutraque qui repose.

Dans l’assiette, un très court menu déjeuner égraine l’éloge de la simplicité, des produits basiques de saison et des accords bienvenus. C’est la fraîcheur et la clarté revendiquées. Autant dire que ce jour-là nous avons tout goûté, de la vibrante “Soupe de petits pois et féta” au rafraîchissant “Concombre au sel, crème montée et aneth” en passant par un délicieux “Carpaccio de boeuf, champignons de Paris, parmesan, mayonnaise à l’estragon” échevelé et parfumé.

En résistance, un joli, tendre et juvénile “Quasi de veau rosé, carottes, sucrine, sauce moutarde” bien balancé et en version veggie (ou presque) de très gourmandes “Aubergines, oeuf mi-cuit, pain frit et parmesan”, avec ce qu’il faut de gras pour ravir le palais des amateurs et ce mélange de textures soyeuses et croquantes qui nous ravit.

Dessert simplissime sans fioritures inutiles, de “Fraises Gariguette, crème fouettée et speculoos”. R.A.S. Côté vins, une carte réduite, aux détours étonnants de l’Auvergne au Vaucluse, où nous avons pioché un excellent blanc italien du Latium Piana di Castelli, “Out” de 2015, aux subtils reflets dorés.

Voilà donc le type d’adresse que l’on aimerait voir fleurir à tous les coins de rue, un bistro modeste et gai, sans prétention excessive mais avec le sérieux qu’il faut pour nourrir des appétits parisiens en mal de sincérité.

Bravo Willette !

T.R.