Boris Bracq, Mercedes en héritage

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31OCT. 2019

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Boris Bracq, Mercedes en héritage

31 OCTOBRE . 2019

Écrit par Laurène Bigeau

Installé à quelques encablures de la Cité du Vin à Bordeaux, Boris Bracq redonne vie aux modèles emblématiques des années 1960 de la marque à l’étoile, comble de l’élégance, elles sont le fruit du coup de crayon mondialement célèbre d’un certain Paul Bracq, son père. Portrait d’un chef d’entreprise dynamique, bien dans ses pompes et son époque. 

Par Laurène Bigeau (texte et photographies)

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Boris Bracq (à g.) avec Laurent Fortin (Château Dauzac)

Bacalan, au cœur du quartier Bordelais où les constructions n’en finissent pas de sortir de terre. Une petite rue discrète laisse entrevoir des portes de garages bleues. Turbo, le chien de la maison, veille nonchalamment sur la demie douzaine de belles endormies en cours de restauration. 

Boris Bracq n’a pas choisi Mercedes par hasard. Fils de l’illustre maître carrossier Paul Bracq, passé 10 années entre 1957 et 1967 à la direction du design chez la firme à l’étoile, avant de rejoindre BMW dans les années 70 puis Peugeot, Boris a passé sa petite enfance au pays de la langue de Goethe. Du coup de crayon inspiré de son père, un dessin qu’il poursuit encore pour le plaisir à 86 ans, on connait quelques silhouettes emblématiques : le superlatif de la Mercedes 600, l’élégance racée de la Pagode, la gamme des séries BMW (3,5,6,7)  et le concept car BMW Turbo Studie qui inspirera par la suite la M1 et la Z1, entre autres ; il participa même à la création du prototype du TGV001, éclectique donc… 

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Le jeune Boris a grandi au milieu des dessins et des autos de caractère, si la passion s’empare de lui naturellement au berceau, c’est le design qui l’attire comme un aimant au gré de ses études, celui des objets. Une fois diplômé, il fonde son agence de design avant d’être rattrapé par le virus familial. Dans son atelier, Boris bichonne les 280SE, 300SEL ou autres Pagodes, dessinées également par son papa, et dont il s’est fait une spécialité lui valant même une reconnaissance établie de la maison mère. Des documents d’archives, livres et magazines d’époque à la gloire du dessin paternel trônent dans le bureau,  pendant que des croquis d’époque ornent les murs.  

« Un bon carrossier doit travailler avec une douceur infinie, comme quand on caresse une femme… » – Boris Bracq

Spontané, rieur, Boris Bracq transpire l’envie et les projets. Ce jeune quinqua aux bras tatoués déborde d’une énergie contagieuse. « Ici on restaure la mécanique et la carrosserie, c’est important la carrosserie, on ne le considère pas assez, un bon carrossier doit travailler avec une douceur infinie, comme quand on caresse une femme… » et de s’excuser de sa métaphore avec un sourire gêné. 

Au-delà de la restauration classique, qui lui vaut de recueillir de grandes fatiguées de la France entière, Boris souhaite désormais créer un département à part entière de personnalisation de véhicule « il arrive que des clients ayant récemment fait l’acquisition d’une auto des années 60 découvrent non seulement leur charme, mais le fait de posséder une auto marquée par son époque ; habitués à rouler en moderne, ils déplorent le manque de certains atouts sécuritaires ou liés tout simplement au confort. Sans dénaturer l’esprit de l’auto, on cherche à améliorer quelques points, après tout le progrès sert aussi à ça. » Plus loin, l’âme Californienne de Singer, le préparateur de Porsche 911, l’inspire : « Singer c’est une vraie signature, et un modèle » .

Toujours à l’affut d’une idée, il planche sur un projet fou qui devrait voir le jour en 2020 et dont il confie ce jour-là les tenants et aboutissants à Laurent Fortin, un autre passionné qui dirige avec la même excitation son cru classé de Margaux. Pour Laurent « la personnalisation est une tendance que nous retrouvons également chez les clients de Château Dauzac, il faut proposer du sur-mesure, comme Boris le fait dans ses ateliers ! » bracq1

Sérieux, Boris l’est aussi quand il évoque la pénurie de jeunes dans le métier : « si l’on continue comme ça, la transmission va se perdre, c’est un savoir-faire qui doit se perpétuer, on doit pouvoir encourager ces filières et donner envie aux jeunes de nous rejoindre. » Ce ne sont pas ses équipes qui le contrediront. Leur récompense ? Au-delà du plaisir de redonner vie à ces belles anciennes, celle de voir le sourire de leurs propriétaires. Devant nous, un jeune retraité venu récupérer sa 280SE pour regagner la région toulousaine, qui s’excuserait presque de soustraire à nos yeux l’objet de tous ses désirs, et pour être honnête, un peu des nôtres également…

L.B

Les Ateliers Paul Bracq,
16 rue Jacques Cartier
33 000, Bordeaux
Sur instagram @les_ateliers_paul_bracq
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