Gustav Klimt, de l’or et des femmes

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06JAN. 2021

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Gustav Klimt, de l’or et des femmes

06 JANVIER . 2021

Écrit par Laure Martin

Figure incontournable du symbolisme et créateur de la Sécession viennoise, le peintre Gustav Klimt se démarque de ses contemporains par ses compositions précieuses teintées de poésie et de sensualité. Bercé par l’Art Nouveau et les théories Freudiennes du tournant de siècle, il n’a eu de cesse de s’en inspirer afin de livrer des œuvres de plus en plus audacieuses… en plaçant la figure de la femme en tant que principale source d’inspiration. On dénombre pas moins d’une centaine de représentations féminines dans l’ensemble du travail de Klimt. À la fois sensuelle et dominatrice, la figure féminine apparait comme un élément clé dans la construction d’une mythologie onirique singulière…

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Gustav Klimt, Serpents d’eau, 1904-1907, DR

Pour l’art moderne

Fils d’un orfèvre et d’une chanteuse lyrique, Gustav Klimt suit d’abord des études artistiques à l’École des arts et métiers de Vienne avant de faire ses débuts dans la décoration, en participant notamment au décor de la cour d’un des plus célèbres musées autrichiens : le Kunsthistorisches Museum de Vienne.

Dès 1883, il crée un atelier avec son frère, orfèvre ciseleur, et s’adonne à de nombreux chantiers de décoration prestigieux qui lui permettent de se construire une solide reconnaissance officielle — qui trouve son apogée en 1888, par la remise de la croix d’or du Mérite artistique.

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Gustav Klimt, Le poisson rouge, 1901-02 © Musée d’art de Soleure, Suisse

Personnalité originale et singulière, il s’éloigne cependant rapidement de tout académisme décoratif afin d’explorer un style plus personnel et résolument moderne. Le portrait de Sonja Knips réalisé en 1898 marque les prémices de sa conception artistique : le modèle féminin — traité avec une attention toute particulière au niveau du visage et des mains — semble se dissocier du fond de la toile qui, presque uni, présente une nature symbolique et sacralisée.

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Gustav Klimt, Judith, 1901 © Musée du Belvédère, Vienne

 

Emilie Louise Flöge, la muse de sa vie 

Au début des années 1890, Gustav Klimt rencontre Emilie Louise Flöge, la sœur de la femme de son frère, Ernest. Marqué par son goût pour la mode et son élégance naturelle, l’artiste s’éprend de sa beauté singulière et s’en inspire pour créer ses plus beaux chefs-d’œuvres.

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Gustav Klimt, Mademoiselle Emilie Flöge, 1902 © Vienna Museum

Si l’artiste n’officialise pas leur relation publiquement, peut-être par peur de choquer la société viennoise du fait de son statut familial ambigu, la figure d’Emilie Louise Flöge est omniprésente dans son travail artistique. On la retrouve au sein de séries de photographies, portraits classiques comme Mademoiselle Emilie Flöge de 1902, en passant par des allégories mythologiques, comme Danaé de 1907-1908 (image à la une, ndlr).

Source d’inspiration infinie pour Gustav Klimt, il immortalise sa muse favorite sous tous les angles. Les séries de photographies illustrant Emilie Louise Flöge permettent, entre autres, de comprendre la complexité de son processus créatif.

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« Demi-nu allongé sur le dos, la main gauche à l’épaule », 1905, 1906 © Franz Schachinger pour le musée Maillol, Paris

Profondément inspiré par l’art décoratif, il transpose les attitudes modernes de son époque présentes dans ses photographies au sein de compositions picturales complexes qui se composent en deux temps.

L’artiste représente tout d’abord le motif brut, soit le plus souvent des corps nus très provocants, qu’il vient ensuite dissimuler sous de nombreux motifs décoratifs… Un procédé de dissimulation comparable au plus célèbre d’entre eux…

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DR

« Klimt peignait tout d’abord des nus très provocants, des sortes d’Origine du monde sur lesquelles il organisait des frises magnifiques, comme des abstractions, des sortes de Mondrian dorés et symbolistes, qui venaient recouvrir l’Origine du monde. En fait, il y a dans les tableaux de Klimt à la fois le tableau de Courbet mais aussi le cache de Masson que Jacques Lacan avait mis devant afin de dissimuler au visiteur la crudité du tableau originel. » – Jean Daive et Didier Semin

 

Le cycle d’or de Klimt : quand la femme et la nature ne font qu’un

Après avoir visité Venise, Ravenne et Florence, Gustav Klimt puise son inspiration dans les mosaïques byzantines de la basilique de Saint-Vital (VI e siècle) qu’il vient tout juste de découvrir, et commence dès 1903 le Cycle d’or en intégrant peu à peu la feuille d’or -qui deviendra sa signature- au sein de ses compositions.

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Gustav Klimt, Portrait d’Adèle Bloch-Bauer, 1907, Neue Galerie, New York

C’est une réelle évolution stylistique : sa peinture aux allures d’icône religieuse est de moins en moins figurative et la nature, désormais mouvante et omniprésente, ne fait plus qu’un avec la figure féminine. Dans des œuvres telles que L’Attente de 1907 ou Le Portrait d’Adele Bloch-Bauer de la même année, il devient même difficile de distinguer la flore de la femme et la femme de la dorure.

L’Attente (1905-1909, détail), © Vienne, musée des arts appliqués

Grâce à ces nouvelles associations symboliques, Klimt traduit son désir de fusion : « Je ne m’intéresse pas à ma propre personne comme “objet de représentation”, mais aux autres êtres, surtout féminins, et plus encore aux autres apparitions » expliquait-il.

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Gustav Klimt, Le Baiser, 1906-1908 © Vienne, Österreichische Galerie Belvedere.

Cette volonté de symbiose est poussée à son paroxysme dans l’œuvre la plus célèbre de l’artiste : Le Baiser de 1909, dans laquelle on retrouve un couple enlacé passionnément qui ne semble former plus qu’une seule et même personne. Image d’une étreinte éternelle avec sa bien aimée Emilie Louise Flöge, qui semble n’avoir aucune limite…

L.M 


Et si vous aviez envie d’admirer la beauté des œuvres de Klimt en vrai – quand cela sera possible – les toiles sont pour la majorité visibles à Vienne. (Profitez-en pour relire notre City Break à Vienne ici.)

Le portrait de Sonja Knips et Le Baiser sont de véritables symboles de la galerie du Belvédère, quant au portrait de Mademoiselle Emilie Flöge, il orne les murs du Wien Museum alors que Danaé trône à la Galerie Würthle et que L’attente attend sagement les spectateurs du Museum of Applied Arts — The MAK.

Pour ce qui est du Portrait d’Adele Bloch-Bauer, si il a été conservé jusqu’en 2006 à la galerie du Belvédère, il est désormais conservé de l’autre coté de l’Atlantique à la Neue Galerie de New York… Une passionnante histoire de biens spoliés pendant la seconde guerre mondiale, résumée en 1h47 dans le film La Femme au tableau de Simon Curtis.

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