Parcours de galeries : quelles expositions voir à Paris en ce moment ?

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19FÉV. 2021

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Parcours de galeries : quelles expositions voir à Paris en ce moment ?

19 FéVRIER . 2021

Écrit par Aymeric Mantoux

Les musées et lieux de culture sont fermés ? Enivrez-vous dans les galeries qui elles, font feu de tout bois. Jugez-en : L’art, l’odeur et le sacré chez Pauline Pavec, Claude Viallat chez Templon, Kreienbühl chez Loeve & Co, Orlan chez Ceysson et les peintres allemands chez Suzanne Tarasiève. Parcours parisien.

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Orlan, Corps-sculpture sas visage en mouvement dansant avec son ombre n°6, 1967. © Aurélien Mole, courtesy Ceysson & Bénétière

1. Odore, l’art, l’odeur et le sacré chez Pauline Pavec

Voilà un sujet bien peu exploré dans le monde de l’art. D’ailleurs c’est une proposition quasi-muséale que nous fait Pauline Pavec par le truchement du commissariat brillant de Sandra Barré, spécialiste de l’art olfactif. Oui, vous avez bien lu.

Et l’art olfactif, ça existe précisément depuis quand ? Surtout depuis qu’un certain Marcel Duchamp, en 1919, a l’idée d’encapsuler de l’Air de Paris et de l’offrir à son principal mécène.

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Courtoisie Galerie Pauline Pavec

Dans l’espace pourtant réduit de la galerie, Sandra Barré nous convie sur les traces laissées par Sarkiz, Orlan, Sarah Trouche, entre autres, et hissées au rang d’œuvres d’art. L’effluve immatérielle, que sent-elle, que rappelle-t-elle ? Quelle promesse mystique ou magique se cache derrière le sillage de Dieu dans le travail de Romain Moriceau ou les cartes sentant le bacon d’Antoine Renard ? Les questions et les correspondances que pose cette exposition mériteraient une prochaine halte dans un grand musée.

1866, Eau de Courbet, Duchamp version 1, 2020, 012

1866, Eau de Courbet, Duchamp version 1, 2020

 

2. Support/surface réhabilité chez Templon

On a coutume de dire qu’on ne présente plus ni Claude Viallat, ni Daniel Templon, tant le premier, né en 1936, a marqué l’histoire de l’art en tant que peintre et théoricien et le second, développé l’une des plus fameuses galeries parisiennes (de Kehinde Willey à Garouste). Et pourtant, on les présente !

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© Nicolas Brasseur

C’est dire si cette exposition des bâches de celui qui fût l’un des principaux animateurs du mouvement Supports / Surfaces au mitan des années 70, est importante et la répétition, l’âme de l’enseignement. Et de leur travail à tous les deux !

L’artiste, qui vit et travaille à Nîmes depuis des années, ne cesse de s’interroger sur le sens de l’art et des œuvres qui en découlent. Très tôt, il quitte le champ bien trop étroit à son goût de la toile et de son cadre pour s’en affranchir et laisser libre cours à ses répétitions d’osselets (ou de haricots, d’éponges, c’est selon !) sur des tissus de parasol, de vieilles tentes militaires, des tentures, des rideaux ou des couvre lits. Pour sa première exposition rue Beaubourg depuis 2016, vous y verrez des bâches de très belle facture. 

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Claude Viallat, Sans titre n°171, 2020. Acrylique sur montage de bâches militaires, suture de bande de tissu. Unique. © Courtoisie galerie Templon, Paris

 

3. La revanche de la banlieue chez Loeve&Co

Il y a peu de chance que vous connaissiez Jürg Kreienbühl. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles la galerie Loeve&Co ne désemplit pas. Tout Paris se précipite pour admirer les oeuvres réalistes de cet helvète qui a atterri à Argenteuil dans les années 50… Les intérieurs des bidonvilles, les constructions de la Défense ou de Puteaux, les ouvriers algériens et les paysages de chantiers avec palissades, ce boulimique a tout peint, tout vu de l’époque, surtout le plus sombre.

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© Fabrice Gousset

Pourtant ses peintures et dessins sont composés comme des tableaux flamands et les couleurs, les lieux, ne sont pas sans évoquer Caillebotte et les Impressionnistes dont la modernité passa également par le choix de leurs sujets, très proches de ceux de Kreinebühl.

L’exposition formidable, enthousiasmante que présente la galerie Loeve&Co, l’une des meilleures depuis son ouverture, a également pour mérite de réhabiliter cet artiste tombé dans l’oubli, alors que ses clients, les plus grandes entreprises suisses de l’époque, achetaient ses grands tableaux de la banlieue parisienne pour montrer, par contraste, combien la vie en suisse était plus belle et plus riante ! Ce n’est pas le moindre des enseignements de ces « années bidonvilles ».

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Jürg Kreïenbühl, Le vieux Toussi, 1966, courtoisie Galerie Loeve&Co

4. Autant en emporte l’Orlan chez Ceysson & Bénétière

Voilà plus d’un demi-siècle qu’Orlan provoque des mises au point, des prises de conscience. Importante artiste, accueillie il y a trois ans chez Ceysson & Bénétière qui lui ont consacré une rétrospective dans leur galerie de New York, elle avait suscité des controverses.

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© Gregory Copitet, courtesy Ceysson & Bénétière

Notamment en 1964 avec sa photographie Orlan accouche d’elle-m’aime, qui avait défrayé la chronique. Manifeste d’indépendance de la femme, cette œuvre renvoie autant à la statuaire religieuse qu’à l’iconographie pop et interroge en tout cas sur l’utilisation du corps de la femme et sa diabolisation. C’est dire si l’artiste avait un sens inné de l’anticipation, quand on voit la prégnance de ses thèmes de prédilection dans les médias d’aujourd’hui.

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Orlan, « Orlan accouche d’elle-m’aime », 1964 © Aurélien Mole, courtesy Ceysson & Bénétière

Cette nouvelle exposition consacrée à Orlan et à l’acte de naissance de l’artiste, la manière dont elle s’est révélée, revient sur plus d’un demi-siècle de performances, de concepts politiques et artistiques qui ont porté toute l’avant-garde féministe …et plus encore.

 

5. Tout peintre se peint lui-même chez Suzanne Tarasiève

Penck, Baselitz, Höckelmann, Immendorff, Katz, Kirkeby, Lüpertz, Polke… excusez du peu. C’est à un véritable évènement que convie la galeriste Suzanne Tarasiève en réunissant les plus grands artistes contemporains allemands.

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Courtesy Galerie Suzanne Tarasieve, Paris

Un écho à une exposition vue à Berlin en 1991 au Martin Gropius Bau, Metropolis. Une révélation pour la galeriste comme pour beaucoup de visiteurs de l’époque qui découvrent l’importance capitale de ces peintres et de leurs technique autant que de leur sujet.

Alors que le minimalisme connait un intérêt croissant dans les musées et les collections, les Allemands revendiquent le médium peinture et son rapport à l’histoire de l’art qu’ils revisitent goulument en se l’appropriant.

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Georg Baselitz, Jäger (Remix), 2008 | Courtesy Galerie Suzanne Tarasieve, Paris

Dans cette exposition-hommage qui rend honneur à la profession de galeriste, les chefs -d’œuvre se répondent, les dessins dialoguent avec les photos et de l’ensemble chaotique de l’Allemagne post-89, sort comme une harmonie, une onde de liberté. Un instant de grâce libre, pas de refus par ces temps troublés.

A.M


Le tour des galeries parisiennes 

 

Odore, l’art, l’odeur et le sacré
Jusqu’au 20 février,

Galerie Pauline Pavec,
45 rue Meslay, Paris 3

Claude Viallat, Sutures et Varia,
Jusqu’au 20 mars,

Galerie Templon,
28 rue du Grenier Saint-Lazare, Paris

Jürg Kreienbühl, Les années bidonvilles
Jusqu’au 27 février,
Galerie Loeve & co,
15 rue des Beaux-Arts, Paris 6

Orlan, Strip-tease historique,
Jusqu’au 21 mars,
Galerie Ceysson & Bénétière,
23, rue du Renard, Paris 4

Ogni pittore dipinge sé / Tout peintre se peint lui-même,
Jusqu’au 13 mars,

Galerie Suzanne Tarasiève,
7 rue Pastourelle, Paris 3. 

 

Encore envie d’un peu de lecture ? Profitez-en pour relire notre portrait de Claude Viallat et nos articles consacrés à la galerie Loeve&Co

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