Les extravagances de l’America’s cup,

La régate de tous les possibles

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16MARS. 2021

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Les extravagances de l’America’s cup

La régate de tous les possibles

16 MARS . 2021

Écrit par Patricia Colmant

Photographies par Gilles Martin-Raget

Après des mois de courses de présélection et des reports réguliers dus aux respect de règles sanitaires très strictes en Nouvelle-Zélande, la coupe de l’America a démarré. Les Italiens de Prada jouent leur va-tout. Chronique d’une régate aux moyens grandioses et au souci du détail avéré.

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Le pari : revenir aux origines de la coupe

Faire voler un bateau de vingt mètres de long pesant sept tonnes et demi plus ses onze équipiers, c’était le pari que les Néo-zélandais, victorieux de la coupe de l’America en 2017, s’étaient lancé. Ces marins exceptionnels des antipodes avaient la volonté de revenir aux racines de la régate de voiliers en optant pour un retour au grand monocoque, après plusieurs éditions en catamarans de soixante-douze pieds très légers et super rapides. Tout en repoussant les limites de l’innovation technologique dans cette compétition à voile qui a fasciné tant de milliardaires depuis 170 ans.

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Pari réussi grâce à l’élaboration de puissants foils, ces deux grands appendices en carbone qui sortent de chaque côté de la coque et lui permettent de se hisser au-dessus de l’eau dès que le vent souffle à 10 ou 12 nœuds. Cette technique déjà éprouvée sur d’autres bateaux dont les soixante pieds du Vendée Globe, a été poussée à l’extrême parce que dans la Coupe de l’America, rien n’est fait à moitié.

 

L’America’s cup, la régate de tous les possibles (au budget illimité)

Les budgets en jeu, 150 millions de dollars voire plus pour certains challengers sont rarement une contrainte. Sauf pour les marins français qui faute de partenaires financiers n’ont pas participé aux éliminatoires de la coupe Prada.

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Le principe de cette présélection de l’équipe qui aura l’honneur de disputer l’aiguière d’argent -symbole de la Coupe de l’America- face à son détenteur, a été officialisé en 1983 et parrainé par Louis Vuitton pendant trente-quatre ans. Mais le groupe de luxe français a renoncé à cette médiatisation internationale …pour le plus grand bonheur de Patrizio Bertelli, patron de Prada. L’homme est obnubilé par cette épreuve vélique depuis plus de vingt ans et ne rêve que d’une chose : gagner ce pichet un peu rococo qui est quand même le plus vieux trophée sportif de notre ère !

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Les Néo-zélandais, maîtres (jusqu’ici) incontestés de la coupe

En gagnant, dimanche 21 février contre les Britanniques d’Ineos la coupe Prada -car le groupe de luxe italien parraine les présélections, mais se matérialise aussi par un bateau- les hommes de Luna Rossa Prada Pirelli ont franchi pour la deuxième fois l’avant-dernière marche de cette quête du Graal.

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Déjà en 2000, à Auckland, ils avaient remporté la Coupe Louis Vuitton contre l’Américain America0ne. Une deuxième tentative donc et l’histoire se répète, car l’adversaire victorieux de l’époque était déjà Team New Zealand. Certes, les navigants ont changé, mais l’esprit, le talent, l’ingéniosité, la volonté de gagner n’a pas faibli aux Antipodes. C’est donc incontestablement pour les Italiens, skippés par l’Américain Jimmy Spithill et coachés par le Français Philippe Presti, la plus difficile marche à sauter.

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Cela fait vingt-cinq ans que les Kiwis sont les maîtres du jeu. Ils raflent la mise en 1995 puis défendent leur trophée en 2000 qui passe dans les mains des Suisses d’Alinghi en 2003. Et pour cause : le patron Ernesto Bertarelli s’était offert, avec un joli chèque, les leaders de l’équipe navigante de Team New-Zealand… Alinghi garde la coupe en 2007, à Valence, avant de la perdre en 2010. Sans foi ni patrie … les Kiwis avaient suivi les sirènes américaines du milliardaire de l’informatique, Larry Ellisson patron d’Oracle.

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En 2013, une jeune équipe néo-zélandaise tente à San Francisco de reprendre l’aiguière d’argent à ses aînés passés aux rivaux américains. Il faudra attendre 2017 pour qu’ils rapportent à Auckland le trophée. Et aujourd’hui, dans la baie d’Auraki, Team New-Zealand attend de pied ferme les Italiens.

 

Deux monocoques identiques, un seul vainqueur

Les armes en place ? Deux monocoques identiques de 20,60 mètres de long sur cinq de large, équipés de mât-aile de 26,5 mètres de haut, une grand-voile et un foc, le tout en carbone.

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Le plan de pont est libre. Deux cockpits bardés d’écrans pour surveiller les foils, les voiles, le plan d’eau dans lequel les onze équipiers se glissent comme des chats pour wincher ou piloter ce qui désormais s’apparente tout autant à un avion qu’à un voilier. Oui, la silhouette de ETNZ semble plus aérodynamique, l’étrave et la poupe du bateau sont plus profilés, directement inspirés de l’aéronautique…

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Le souci du détail fera la différence

Si les Italiens ont opté pour deux barreurs, Jimmy Spithill et Francesco Bruni qui ainsi ne se déplacent pas dans les virements de bord, Peter Burling est le seul à barrer chez les Kiwis.

Quant aux voiles, elles sont similaires mais leur réglage a fait l’objet d’intenses recherches et peut faire la différence dans la course aux dixièmes de seconde.

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La puissance de ces bêtes de course réside dans les deux foils qui pèsent chacun plus d’une tonne. C’est l’arme secrète des équipes qui avaient carte blanche sur les appendices.

Des foils en T pour Te Rehutai et en aile d’oiseau pour Luna Rossa qui sont en outre plus grands. Ce surcroît de surface leur assure de décoller plus rapidement. En revanche, le defender est mieux équipé pour aller vite en ligne droite.

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Les Italiens ont l’avantage d’avoir déjà fait vingt-trois régates tandis que les Néo-zélandais n’en n’ont pas fait depuis décembre dans le cadre des AC World series qu’ils ont d’ailleurs remporté (cinq victoires, une défaite).

Mais l’équipe détentrice de l’aiguière d’argent à l’immense avantage de naviguer dans ses eaux avec tout le pays derrière elle. A ce niveau d’intensité, c’est un solide atout pour être le premier à remporter les 7 régates qui consacreront le vainqueur.

P.M-C

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