Escapade romantique en Drôme provençale

Impatients des premiers rayons d’un soleil printanier, ou simplement amateurs de quiétude à la recherche d’une escapade romantique hors-pistes, voilà de quoi ravir. Moins de 3h après avoir quitté la capitale par le rail, on arrive à Montélimar. Quelques nougats et une trentaine de minutes plus tard, et hop, on pose bagage dans un des six plus beaux villages de France que compte le département. 

C’est à Grignan, entre vignes et lavande, que le rendez-vous est pris. Derrière l’apaisant lavoir de la place du Mail, une maison au teint rose-orangé et à la verrière baignée de lumière maintient sa grille ouverte en permanence. Comme des bras réconfortants, le Clair de la Plume invite. Au prélassement et aux délices.

Mais avant de s’engouffrer dans une des chambres où l’âme de Marie de Rabutin-Chantal (aka Madame de Sévigné) reste en tous points palpable, place aux déambulations. La collégiale, le beffroi, les ruelles pentues menant à quelques points de vue sur les adorables toits de tuiles en pente douce pour se mettre dans l’ambiance : le cœur de ce village médiéval ravive les sens des amateurs d’un bout de sud que l’on ne se lasse pas de (re)découvrir, y compris en hiver. 

Grignan, la vie de château en Drôme provençale

Si le charme opère aussi aisément en cette agréable période où les locaux commencent (déjà) à profiter des terrasses, c’est notamment parce que Grignan n’est pas de ces villages qui redeviennent fantômes une fois l’afflux de visiteurs estivaux passé. Ici, on taquine l’anisette et on badine avec son voisin, même en plein février. 

Et on profite de cette période plus paisible pour se perdre dans les appartements du château de Grignan, où Madame de Sévigné a donc signé quelques-unes de ses célèbres lettres. Tombé doucettement en désuétude durant les deux siècles suivant la mort de la marquise, l’édifice est aujourd’hui ce qu’il est – c’est-à-dire une beauté – grâce à Marie Fontaine, une riche veuve qui racheta les murs en 1912, pour une somme de… 57 000 francs (!).

Mais revenons-en à l’autre bâtisse pour laquelle un séjour à Grignan vaut le détour. Ici, le Clair de la Plume a pignon(s) sur rue(s), avec pas moins de six adresses, parmi lesquelles une boutique où retrouver les pâtisseries de Cédric Perret, un jardin méditerranéen avec piscine naturelle, la Ferme Chapouton (une table en travaux lors de notre passage), ou encore quelques lits supplémentaires situées à 100m de la maison principale.

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C’est dans cette dernière que l’on incite à choisir une chambre (on a eu un petit faible pour la bien nommée « l’écritoire », au premier étage), histoire de profiter d’une petite vue sur la charmante cour arborée, dès le réveil. La suite ? Direction la fameuse verrière pour le petit-déjeuner puis, le soir venu, pour un dîner estampillé Julien Allano, le chef étoilé de la maison (dont on vous brossera le portrait dans nos colonnes d’ici quelques jours). 

Julien Allano, une étoile à Grignan

Un petit tour des 13 tables pour faire connaissance et montrer le bout de ses truffes, et l’Avignonnais de naissance s’en retourne magnifier les produits qu’il sélectionne. Frais, de saison, et issus de la région. Des primeurs de Frank-Olivier Trombetta aux diamants noirs du domaine de Bramarel en passant par les lapins de Louise et Pierre Ribot, 90% de ce qui atterrit dans les assiettes du Clair de la Plume n’a en effet pas parcouru plus de 70 km.

Et on comprend pourquoi dès la mise en bouche avec, le soir de notre visite, un cromesquis truffé qui affûte le palais de la plus belle des manières.  L’expérience, toute en énigme et en aveuglette, se poursuit comme un moment qu’on voudrait suspendu pour l’éternité. 

Céleri rave café truffe, betterave en croûte d’algues crémée-caviardée, formidable tarte en trompe-l’œil (qui n’est donc pas au chocolat mais au pressé d’épaule) etc. : c’est l’amour à la table !

Et que dire du Saint-Marcellin en création glacée et du pétillant dessert citron-coriandre signé Cédric Perret avec, pour accompagner ce florilège, un accord mets et vins plein de découvertes, comme ce salivant Coudée d’Or 2015 de Philippe Rivet (Viognier, Clairette, Roussanne et Marsanne). Et si vraiment vous ne jurez que par le ski, n’oubliez pas que le printemps arrive. La lavande et le chant des cigales ne seront peut-être pas encore au rendez-vous, mais l’escale en Drôme provençale n’en sera pas moins exquise…

Nos bonnes adresses à Grignan et aux alentours

Ouvert en 2020, le café des vignerons, au centre du village de Grignan, fait la part belle aux nectars de l’appellation locale Grignan-les-Adhémar. Tapas, là encore à base de produits frais, glaces maison et, bien entendu, de nombreuses quilles que l’on peut emporter aux prix des vignerons. Rencontre et dégustation possible avec ces derniers chaque jeudi à partir de 18h.

Le château de Grignan ne vous suffit pas ? Ceux de Suze-La-Rousse et de Montélimar, respectivement à 20 et 25 minutes d’asphalte du Clair de la Plume, finiront de combler vos velléités châtelaines.

Un peu de temps avant de grimper dans le train du retour ? Il y a certainement quelques nougats de la fabrique Arnaud Soubeyran (1837) qui vous aideront à prolonger le séjour.

Enfin, pour la parenthèse sportivo-digestive, les Gorges de l’Ardèche sont à 30 minutes de là. 

D.G.

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