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Découverte de la cité portuaire de Valparaiso au Chili
04 MAI . 2023
Son nom a la saveur d'un songe et l'odeur franche des embruns du Pacifique : el valle del paraíso, la vallée du paradis... Découverte d’une des villes les plus mythiques d’Amérique du Sud, sur la côte Pacifique du Chili.
Indéniablement, la cité est vallonnée. Ici, les quarante-et-quelques buttes couvertes d’habitations chamarrées regardant la baie forment un amphithéâtre naturel au centre duquel se déploie la plaine côtière. C’est là qu’on trouve le centre-ville de Valparaiso. Là que l’activité a lieu. Les collines, elles, sont faites pour flâner, pour contempler, pour offrir un peu d’altitude à ses rêves. Nous vous emmenons aujourd’hui au centre du Chili, pour un itinéraire hardi dans la « Petite San Francisco » !
Un passé flamboyant
L’histoire de Valparaiso est celle du Chili. Avant l’arrivée des conquistadors au XVIe siècle, le site était habité par les Changos – peuple de pêcheurs aujourd’hui disparu qui nommait le site Quintil, « baie profonde » – et par les Mapuches. Ce peuple guerrier est le seul du continent que le puissant empire Inca ne parvint pas à soumettre et qui maintint en respect la royauté espagnole pendant trois siècles.
Ces derniers se réfèrent à l’endroit comme Alima Pu : « terres brûlées ». Juan de Saavedra, qui découvre la rade en mai 1536, la baptise quant à lui d’après sa ville natale : Valparaiso de Arriba. Une trentaine d’années plus tard, la cité prend forme et attire les convoitises des corsaires, Francis Drake en tête, qui attaquent les galions espagnols aux cales pleines de l’or péruvien faisant halte ici. A la fin du siècle, un fort militaire est bâti à l’entrée de la baie et l’activité portuaire, sécurisée, prend de l’ampleur.
Ce n’est toutefois qu’à partir de la moitié du XIXème siècle que Valparaiso entame l’épisode le plus glorieux de son histoire. 1848 marque le lancement de la fameuse ruée vers l’or dans le Grand Ouest américain. Et les Européens cherchant à faire fortune sont nombreux !
Certes, le trajet en bateau de l’Ancien au Nouveau Monde est plutôt aisé. Mais une fois à New York, la seconde partie du voyage – la traversée du continent, par la terre, jusqu’en Californie – est très périlleuse : bandits de grand chemins et Indiens belliqueux essaiment alors le territoire. Tant et si bien que de nombreux prétendants à l’aventure optent pour le contournement du Cap Horn et la remontée de la côte ouest par voie maritime.
Mais voilà : quantité de navires se perdent et échouent dans ces mers australes, et ce depuis et malgré la découverte du détroit de Magellan (dont on célèbre les 500 ans cette année). On estime en effet à 3 000 le nombre d’embarcations disparues dans le labyrinthe glacé de la Patagonie chilienne. Les autres arrivent à bon port : celui de Valparaiso.
C’est ainsi que d’aventureux Italiens, Britanniques, Allemands, Français ou Croates posent leurs valises ici, développent la ville et font peu à peu du port une escale de choix entre les deux océans. Valparaiso grandit et devient l’une des villes les plus prospères d’Amérique Latine. 1914 et l’ouverture du canal de Panama marque la fin de cet âge d’or au profit de celui de la capitale, Santiago du Chili, à un peu plus de 100 km dans les terres.
Un funiculaire pour prendre de l’altitude
Cette lente décadence dans laquelle a peu à peu glissé Valparaiso n’a toutefois rien enlevé à sa dynamique vie culturelle, bien au contraire. Et son magnétisme est intact. Son atmosphère intemporelle fascine toujours.
En 2003, l’UNESCO classe le quartier historique de la ville. Valparaiso, grâce à son spectaculaire patrimoine de l’ère industrielle, renaît alors ses cendres et attire à nouveau les voyageurs du monde entier.
Voici à présent un carnet de route pour découvrir Valpo, comme la surnomme les Porteños.
Faites d’abord connaissance avec la Plaza Sotomayor, l’une des places principales de la ville, que surveille l’édifice bleu pastel de l’Armada (corps de marine chilien) à l’architecture directement
inspirée de… la Mairie de Paris ! Juste derrière, l’esplanade du Muelle Prat concentre l’activité portuaire de Valparaiso depuis 1850. Dans ce décor dominé par de titanesques grues, le ballet des porte-conteneurs, des barques colorés et des otaries rythme le quotidien des habitants. Ensuite, cap sur les Cerros, zone exclusivement résidentielle.
Sur les 45 collines qui forment la topographie de Valparaiso, deux retiennent l’attention des visiteurs : le Cerro Alegre, que l’on rejoint via l’ascensor El Peral – l’un des sept funiculaires (sur 31 d’origine) qui escaladent vaillamment les flancs de la ville depuis plus d’un siècle – et le Cerro Concepcion.
On se perd alors avec délice dans les ruelles pavées et inclinées du quartier, voguant de sensationnelles belvédères en villas victoriennes rénovées et clochers antiques. Partout la couleur frappe l’œil, égaille la balade. Le street art aussi, marque distinctive de Valparaiso : des fresques époustouflantes, véritables pièces d’art éphémère, couvrent toutes les surfaces du tissu urbain !
A la pause déjeuner, optez pour la terrasse panoramique du CircularValpo, spécialiste de la grillade gourmette, à moins que vous ne choisissiez le très côté La Concepcion et ses incroyables ravioles de centollas(King Crab) ! L’après-midi sera consacré à la flânerie entre boutiques de mode et artisanat, galeries d’art et cafétérias de charme installées dans d’anciennes demeures européennes décaties.
Cap sur l’horizon et au-delà
Pour dormir, deux options : le tout nouveau boutique-hôtel CasaBlu, installé dans une superbe demeure à l’indéniable bon goût ; ou l’hôtel Casa Higueras, un grand classique dont le standing ne faiblit pas. Dans l’un comme dans l’autre, on jouit, depuis les intérieurs au mobilier nostalgique et chic, de vues inoubliables à la fois sur l’océan mais aussi sur le ciel et sur les collines s’éclairant progressivement de milliers de lueurs quand le crépuscule enrobe la baie.
Le lendemain, empruntez à pied l’Avenida Alemania, qui a le bon goût d’être plate et surtout de relier plusieurs cerrosen offrant au marcheur un panorama dégagé et changeant à mesure que l’on progresse.
Vous tomberez alors sur la Sebastiana, l’une des maisons qui appartenait un poète chilien nobélisé Pablo Neruda. On pénètre un peu dans l’intimité de l’homme de lettre, on apprécie la collection d’objets hétéroclites qui ornent les espaces chatoyants de cet édifice farfelu.
Cap ensuite sur les bords de mer : la Playa Caleta Portales à midi est un concentré pur jus de Valparaiso ! Sur la jetée, au milieu des étals à poisson, participent à la criée mouettes et lions de mer. Dégustez ici un ceviche sur le pouce : vous ne trouverez pas plus frais à des kilomètres à la ronde !
Si le cœur vous en dit, poursuivez votre découverte du littoral jusqu’à Viña del Mar, station balnéaire moderne riveraine de Valparaiso. Vous y ferez notamment connaissance avec un authentique Moai de l’île de Pâques. Peut-être décèleriez-vous dans son air mystérieux une invitation à un autre voyage ? Au beau milieu de l’océan celui-là…
Carnet de voyage
CircularValpo Une bonne table typique www.instagram.com/circularvalpo
Restaurant La Concepción l’une des meilleures adresses en ville www.restaurantlaconcepcion.cl
CasaBlu , un joli hôtel avec vue sur la baie casablu.cl
Hotel Casa Higueras, un établissement élégant et joliment décoré https://casahigueras.cl/fra