Les temps forts des Rencontres de la Photographie à Arles

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17JUIL. 2025

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Les temps forts des Rencontres de la Photographie à Arles

17 JUILLET . 2025

Écrit par Maïa Morgensztern

Festival majeur de la photographie d’art, Les Rencontres d'Arles fêtent leur 56e édition. Voici notre sélection des meilleures expositions !

En faisant la lumière sur des « Images indociles qui résistent et questionnent les discours dominants », le festival ouvre la voie aux paroles dissidentes. Jusqu’au 5 octobre, les rues d’Arles regorgent d’expositions – 47 en tout ! – dédiées aux peuples premiers, aux personnages à la marge ou encore à la vie quotidienne dans des régions sous tension. 

Partenaire de l’Archevêché by Fisheye, la marque Canon lançait également un concours photo sur le thème « Mouvements et Énergies » dont elle présentait les lauréats aux côtés de clichés d’Aline Deschamps, ambassadrice de la marque. On en a profité pour se faufiler sur le stand et tester les derniers modèles d’appareils, avant de partir en reportage dans les rues de la ville avec un Powershot V1, une caméra compacte conçue spécialement pour les créateurs de contenu. 

 

Diana Markosian, Père

Née à Moscou et émigrée aux États-Unis après la chute de l’empire soviétique alors qu’elle était enfant, l’artiste Markosian confronte son histoire familiale complexe à travers son œuvre photographique. Marquée par l’absence d’un père dont l’image fut délibérément effacée par sa mère, la lauréate du Prix découverte de la fondation Louis Roederer a d’abord exploré ce vécu dans une monographie intitulée Santa Barbara, parue en 2020. Son nouveau projet, Père, est un témoignage poignant de sa quête pour retrouver cet étranger après quinze ans de séparation. Utilisant un mélange de photographies documentaires, d’archives personnelles et d’images vernaculaires, Markosian façonne un portrait intime de leur réconciliation en Arménie. L’œuvre sonde l’absence paternelle, le sentiment du temps perdu et le vide émotionnel, offrant une réflexion profonde sur la mémoire, l’identité et la reconstruction des liens familiaux. Une démarche artistique singulière et émouvante dont on ne sort pas indemne. Une exposition à voir lors de cette édition 2025 des Rencontres d’Arles.

Espace Monoprix , Boulevard Emile Combes, Pl. Lamartine, 13200 Arles

© Diana Markosian.Le Découpage, série Père, 2014-2024. Avec l’aimable autorisation de l’artiste

© Diana Markosian.
Le Découpage, série Père, 2014-2024.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste

 

Patrick Wack, Azov Horizons 

Patrick Wack, photographe lauréat du Photo Folio Review 2024, explore les rives ukrainiennes et russes depuis 2019, en sillonnant les pourtours de la mer d’Azov. Ses images saisissent la lumière particulière de la région, créant une dissonance visuelle avec le contexte de tension et de conflit qui y règne. Influencé par la « road photography », Wack privilégie l’errance pour documenter les singularités du territoire, révélant la douceur en surface et la fureur sous-jacente. Son œuvre est une chronique poignante d’un monde en mutation rapide, une réflexion sur l’horreur de la guerre et la fragilité de la paix, invitant le spectateur à prendre conscience des cicatrices invisibles. Son exposition prend place à l’abbaye de Montmajour, fondée au Xe siècle et devenue la nécropole des comtes de Provence

Abbaye de Montmajour, Route de Fontvieille, 13280 Arles

© Patrick Wack.Été 2021. Ukraine. Anatoli de Kharkiv et son aigle sur le front de mer de Berdiansk. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

© Patrick Wack.
Été 2021. Ukraine. Anatoli de Kharkiv et son aigle sur le front de mer de Berdiansk.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

 

Letizia Battaglia, J’ai toujours cherché la vie

En bordure du Rhône, la chapelle Saint-Martin du Méjan retrace l’œuvre de Letizia Battaglia, une figure emblématique de la photographie italienne. Dès la fin des années 1960, Battaglia documente l’évolution des mœurs pour des magazines, avant de devenir, à Palerme dans les années 1970, la chroniqueuse visuelle des tragédies mafieuses, produisant des clichés célèbres. Son regard embrasse aussi la vie quotidienne sicilienne, sa misère et sa beauté, incluant des scènes de joie et des témoignages sociaux. Récompensée par le prix W. Eugene Smith en 1985, Battaglia étend son travail au-delà de l’Italie tout en approfondissant sa poétique où la photographie se fond avec la vie. Cette exposition, à voir absolument aux Rencontres d’Arles 2025, met en lumière son engagement politique et civil parallèle, soulignant la continuité de son parcours artistique et militant à travers plus d’une centaine d’œuvres. Battaglia documente la Cosa nostra sans fard, jusqu’aux assassinats des juges anti-mafia Falcone et Borsellino en 1992. Profondément choquée, elle interrompt son travail sur les scènes de crime et dira vingt ans plus tard : « Ces photos, que je n’ai jamais prises, m’ont fait plus de mal que celles que j’ai faites ». 

Chapelle Saint-Martin du Méjan, Place Nina Berberova, 13200 Arles

© Letizia Battaglia. Avec l’aimable autorisation de l’Archivio Letizia Battaglia, Palerme

© Letizia Battaglia. Avec l’aimable autorisation de l’Archivio Letizia Battaglia, Palerme

 

Construction Déconstruction Reconstruction, Photographie Moderniste Brésilienne (1939-1964)

Centre névralgique des Rencontres de la Photographie, LUMA propose un éclairage approfondi sur la photographie moderniste brésilienne, en se concentrant sur le rôle pivot du Foto Cine Clube Bandeirante (FCCB) de São Paulo. Fondé en 1939, le groupe est marqué par l’émergence de mouvements d’envergure internationale comme l’art concret et néo-concret, le Cinema Novo ou la Bossa Nova. Les « Bandeirantes » se sont distingués par leur engagement dans des expérimentations audacieuses, renouvelant la perception et l’expérience visuelle d’une ville en constante mutation. L’exposition rassemble les œuvres de trente-trois photographes aux parcours variés, dont des figures clés du FCCB comme Geraldo de Barros, German Lorca et Thomaz Farkas, et les artistes emblématiques de l’art néo-concret brésilien tels que Lygia Clark, Lygia Pape et Hélio Oiticica. Les thèmes de « Construction, déconstruction, reconstruction », inspirés de la poésie concrète de l’époque, servent de fil conducteur pour explorer les paradoxes de l’expérience moderniste. 

Luma Arles, La Mécanique Générale 35 Avenue Victor Hugo, 13200 Arles

© José Yalenti.Paralelas e Diagonais, 1950. Avec l’aimable autorisation de la famille Yalenti.

© José Yalenti.
Paralelas e Diagonais, 1950.
Avec l’aimable autorisation de la famille Yalenti.

 

Le Monde de Louis Stettner

L’exposition de l’Espace Van Gogh rend hommage à Louis Stettner, photographe dont l’œuvre jette un pont entre la street photography américaine et l’humanisme français. Né à Brooklyn en 1922, Stettner s’est passionné pour les luttes sociales et politiques, explorant diverses formes d’expression au-delà de la photographie. L’exposition présente près de 150 clichés, dont des inédits et des documents originaux, révélant la complexité de son parcours. Après s’être formé à la Photo League et avoir capturé les ruines d’Hiroshima, il développe ses célèbres séries sur le métro new-yorkais. Son installation à Paris, ses voyages et son engagement politique des années 1970, marqué par ses images de travailleurs, ouvre la porte sur un monde en ébullition. Sa dernière série, réalisée à plus de 90 ans sur les arbres des Alpilles, symbolise une vie guidée par l’émerveillement, achevant un parcours accompli des deux côtés de l’Atlantique.

Espace Van Gogh, Place Félix Rey, 13200 Arles  

© Louis Stettner.Manifestation pour United Farm Workers, New York, vers 1975. Avec l’aimable autorisation des Archives Stettner, Saint-Ouen

© Louis Stettner.
Manifestation pour United Farm Workers, New York, vers 1975.
Avec l’aimable autorisation des Archives Stettner, Saint-Ouen

 

Arles, Les Rencontres de la Photographie, jusqu’au 5 octobre 2025.

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