Les bonnes adresses de La Nouvelle-Orléans

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24NOV. 2025

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Les bonnes adresses de La Nouvelle-Orléans

24 NOVEMBRE . 2025

Écrit par Alain Maurice

Nonchalante, festive, compulsive, la Nouvelle-Orléans est une cité haute en couleur. Coincée dans un méandre du fleuve Mississippi, la plus grande ville de Louisiane porte bien son surnom : The Big Easy. Plaisir et insouciance sont érigés en art de vivre, musique et cuisine indissociables. Fière de ses racines africaines, NOLA joue de ses mythes comme de ses charmes, sans retenue. 

Après le passage dévastateur de l’ouragan Katrina en 2005, NOLA (pour New Orleans, Louisiana) a retrouvé son éclat, sa sève. Héritière de cinq siècles d’histoire coloniale, cuisine créole et culte vaudou se conjuguent à tous les temps. La musique est à chaque coin de rue, une bande son jazzy née ici à l’aube du XXe siècle. Baptisée Nouvelle-Orléans en l’honneur du duc d’Orléans, Régent du royaume de France, vendue aux États-Unis par Napoléon Bonaparte avec le reste de la Louisiane, Acadiens chassés du Canada par les Anglais, esclaves noirs arrachés d’Afrique, Français, Espagnols et Caribéens ont composé une mosaïque baroque. The biggest small town in America n’est jamais en retard d’une fête. Til the great flood, let the good times ! clament des t-shirts. Jusqu’au grand déluge, profite des bons moments ! 

Une façade à la Nouvelle Orléans © Solal Karsenti

Une façade à la Nouvelle Orléans © Solal Karsenti

Une vieille coquette photogénique 

Un musicien © Solal Karsenti

Un musicien © Solal Karsenti

On dit que vivre à La Nouvelle-Orléans, c’est être entouré d’esprits, de fantômes. Héritage des esclaves à l’époque de la colonisation française, le culte vaudou est encore palpable. Depuis deux siècles on craint Marie Laveau, fille d’un riche planteur blanc et d’une esclave créole affranchie. On nous suggère un tour des maisons hantées ! Le sol est si humide qu’il est impossible d’y inhumer les morts, la ville est bâtie deux à trois mètres au-dessous du niveau de la mer. Avec leurs rangées de tombes en surface, les cimetières, surnommés The cities of the dead, sont des décors à dimension hollywoodienne. Canal Street sépare les immeubles de Central Business District (allures fièrement US et touches Art Déco) du Vieux Carré (son nom français lui reste), longtemps le cœur du monde créole. Le monde américain s’implanta à l’ouest, entre Charles St et Magazine St, dans ce qui est aujourd’hui le très chic Garden District. Banquiers et négociants y bâtirent antebellum (avant la guerre de Sécession), des demeures aux façades helléniques (Greek Revival), au milieu de parcs plantés de chênes et de magnolias. Benjamin Button – alias Brad Pitt dans L’Étrange Histoire de Benjamin Button – vivait ici. Brevard-Rice House (1239 First St) fut la maison d’Anne Rice, auteure à succès de romans vampiriques et décor de sa trilogie Lives of the Mayfair Witches. On lui voue un véritable culte ! Chanteurs populaires et joueurs de foot des Saints les ont remplacés. 

 

On pose les valises à la Maison Métier : style éclectique et vibe sophistiquée 

La Maison Métier © Solal Karsenti

La Maison Métier © Solal Karsenti

La Nouvelle-Orléans est une ville tout sauf ordinaire. Si belle que Maison Métier a voulu créer quelque chose qui la célèbre. Construite en 1906 dans un style italianisant caractéristique, l’ancienne annexe de l’Hôtel de ville (546 Carondelet St) est aujourd’hui un boutique-hôtel 5* de 67 chambres du groupe Hyatt. Historical Hotel of America et une clé Michelin. Une demeure excentrique, théâtrale, maximaliste, aux influences Art déco et Modernisme français. Un portique monumental marque l’entrée, deux escaliers d’époque, jumeaux, bordent le hall. Un grand salon fait office de réception. Des tapis à rayures tigrées, des lustres inspirés de baleines de corset, des peintures allégoriques soutiennent le récit, font références au mysticisme de la ville. Des plantes surdimensionnées évoquent, en trompe l’œil, l’histoire locale de l’indigo.

Une chambre de la Maison Métier © Solal Karsenti

Une chambre de la Maison Métier © Solal Karsenti

Les chambres sont plus calmes, presque minimalistes : tissus bleu foncé, touches d’orange brûlé, pièces de mobilier uniques. Les salles de bains sont en marbre, les baignoires romaines, les porte-savons en coquilles d’huîtres. Sur les portes des douches, serpentent des serpents… Au Salon Salon, bar à cocktails et à vins, rouges écarlates et curiosités ont été soigneusement démêlées par le cabinet parisien Quixotic Projects, « fabricant de lieux inspirés » et de spots clandestins. Accessible aux clients extérieurs par une entrée indépendante, une porte secrète, cachée dans une bibliothèque, dissimule un salon réservé aux seuls clients de la Maison. À l’époque de la prohibition, les speakeasys florissaient à New Orleans. 

 

Quand la musique est bonne …   

Nous sommes dans la ville d’Un tramway nommé désir ! Avenue Saint-Charles, on grimpe dans un tram rouge aux cliquetis rétro, fidèle à l’univers de Tennessee Williams. On descend à Congo Square dans le quartier de Tremé, rendu célèbre par une série télé éponyme où des musiciens tentent de reconstruire leurs vies dans la Nouvelle-Orléans post Katrina. Le lieu est mythique dans la culture afro-américaine, le seul endroit où les Noirs affranchis pouvaient se retrouver, le dimanche. On dit que c’est le berceau du jazz, le trad jazz, dérivé du rag time et du blues. Le parc Louis Armstrong est l’incarnation de cet héritage. Une statue de « Satchmo » et un buste de Sidney Bechet accueillent toute l’année des concerts. 

Des musiciens © Solal Karsenti

Des musiciens © Solal Karsenti

French touch 

Le Quartier français est le périmètre historico-touristique. Entre le couvent des Ursulines, Jackson Square et la cathédrale Saint-Louis, on arpente les rues à la cadence de brass bands. Un sax improvise un air de be-bop, une big mama fait pleurer un blues. Des maisons coloniales arborent des façades colorées, des balustrades en fer forgé garnies de fleurs. Des lampadaires au gaz et des poteaux d’attelage à tête de cheval bordent les trottoirs. Des cours mystérieuses se devinent au hasard de portes cochères entrebâillées. Le style architectural est plus hispanique que français. Après les incendies qui détruisirent des quartiers entiers à la fin du XVIIIe, beaucoup de maisons furent reconstruites par les Espagnols. C’est le nom des rues qui témoigne de l’influence française : Toulouse, Chartres, Dauphine, Saint-Charles, Marigny… Amalgame de classique chic et de chaos contemporain, La Nouvelle Orléans n’est pas à un paradoxe près. La ville a vu naître le poker dans ses tripots. On s’essaye à la night life sur Bourbon Street. La dynastie, pas le whiskey ! Les excès y sont tolérés, voire encouragés.

Le Carousel Bar de l’Hôtel Monteleone © Solal Karsenti

Le Carousel Bar de l’Hôtel Monteleone © Solal Karsenti

La fête bat son plein, foule éclectique et fluo, folie permanente. Bourbon Street est un exutoire. Au coin de la rue Bienville, l’Old Absinthe House était si emblématique qu’au début de la prohibition il était prévu de la détruire. Elle fut démantelée et mise à l’abri. Aujourd’hui, la vieille maison étale les mêmes fontaines d’absinthe. William Faulkner, Ernest Hemingway, Truman Capote avaient l’habitude de sombrer, au Carousel Bar de l’Hôtel Monteleone, luxueux repère sur la rue Royale, dans de brumeux Sazerac, une mixtion de whisky du Maryland, de bitter et d’absinthe… Le Lafitte’s (941 Bourbon St), jadis propriété du corsaire Jean Lafitte, est célèbre pour son voodoo daiquiri. 

 

Riffs et sauces piquantes : la cuisine se mêle au Sound… 

Si la musique est la soul de NOLA, la cuisine l’est autant. Relevée, épicée, elle met en relief des plats créoles aux influences cajun, espagnoles, africaines, françaises. Les cartes des tavernes annoncent des coutumiers gombo à l’andouille, biscuit au boudin et aux collard greens, jumbalaya aux allures de paella, banana foster… Les critiques du NY Times adorent ! La Nouvelle-Orléans a décroché en 2024 la première place du top 20 des villes où l’on mange le mieux (classement annuel des meilleures destinations gastronomiques de « Time Out »).

Bar du restaurant © Napoleon House

Bar du restaurant © Napoleon House

Les Crawfish, gigantesques fricassées d’écrevisses, ont été célébrées par Elvis Presley dans King Creole. Sweet meat, look, Fresh and ready to be cook … Le po’boy (pauvre garçon) est un sandwich garni de crevettes frites, de mayonnaise, de tomates, d’épices cajun. Inventé il y a un siècle, il était donné aux ouvriers en grève. On se régale au Napoleon House (500 Charles St).   

 

Dîner sous le soleil d’August 

Inauguré en 2001 dans le quartier des affaires (301 Tchoupitoulas St) par le chef John Besh, connu pour ses nombreux prix et ses émissions de télé, August est un pilier de la scène gastro néo-orléanaise. Créativité contemporaine, voire avant-gardiste, techniques et raffinement français, ingrédients louisianais ont fait son succès. Comme le décor : hautes fenêtres parisiennes du XIXème, murs en bois sombre, panneaux en acajou, parquets luisants, damassés.

La salle du restaurant August © Solal Karsenti

La salle du restaurant August © Solal Karsenti

On est dans une grande maison ! Les fruits de mer du Golfe occupent le devant de la scène : tartelette de crabe bleu, crème anglaise aux crustacés grillés, huître blonde sauvage « Rockefeller ». Un steak de bœuf Wagyu, exemplaire, est agrémenté de salsifis et d’ail noir ; un pithiviers de canard, de topinambours et de truffes d’été. Le magret est maturé à sec, le porc ibérique rôti au charbon. Un mérou jaune, poché au dashi, illustre le talent du chef. Un vivaneau Pontchartrain, garni de crabe, de champignons sauvages et d’une sauce béarnaise, double la mise. Les températures, les textures, les assaisonnements sont parfaitement maîtrisés. Alors que le foie gras a presque disparu des tables américaines, il est ici invariablement proposé. Un exemplaire au torchon, pêches du comté de Chilton, basilic et thé noir remporte la palme ! Pour finir, douceur urbaine et ludique avec un chou à la crème de coco, chocolat et purée de tabasco, glace au beurre de noix de pécan. Une cave, à l’étage, offre un éventail de vins français et américains pour souligner intelligemment les plats. Un Menu Dégustation est proposé en 7 services. 185 $ par personne, 110 $ pour les accords mets-vins, 175 $ pour des vins de réserve. Sans oublier les tips ! 

 

Mais aussi : 

R'evolution © Solal Karsenti

R’evolution © Solal Karsenti

R’evolution est loin de l’agitation de Bourbon Street où pourtant il s’est établi, à l’intérieur du Royal Sonesta Hotel (777 Bienville St). Ses nappes immaculées et ses fresques murales annoncent une table de Chef. Célèbre animateur télé, John Folse honore le patrimoine de sa Louisiane natale : Death By Gumbo (bouillon versé sur une caille entière), huîtres rôties escortées de tomates béarnaises, lapin sauce créole, jambon affiné à la cassonade… La cave à vins est une attraction : 10 000 bouteilles soigneusement sélectionnées par une équipe de sommeliers au fait. 

King Brasserie & Bar © Solal Karsenti

King Brasserie & Bar © Solal Karsenti

King Brasserie & Bar, à la frontière entre le Quartier français et celui des affaires (521 Tchoupitoulas St), affiche sur ses murs des portraits de Kings (et de Queens) célèbres : Elvis, Martin Luther … Brigitte Bardot. On sirote un BB (gin, byrrh, bitter infusé à la fraise, riff de negroni) au Peacock Room, dans un décor théâtral qui s’inspire de Mardi Gras. Une cuisse de canard est garnie de doliques à œil noir ; une bouillabaisse de coquilles Saint-Jacques, écrevisses et poissons du Golfe. Un King Burger figure évidemment, un Paris-Brest met en vedette des noix de pécan, très prisées en Louisiane. 

Commander's Palace © Solal Karsenti

Commander’s Palace © Solal Karsenti

Commander’s Palace est abrité dans un manoir turquoise, en face du Cimetière Lafayette (1403 Washington Ave). Nappes blanches et chemises pour les hommes, Garden District tout autour. La carte explore les saveurs du bayou : soupe de tortue au sherry, poisson du golfe en croûte de noix de pécan, gombo du Commandant. Des œufs Sardou, dans un maïs croustillant, nappés d’une sauce hollandaise, côtoient des queues d’écrevisses flambées au Cognac. Des joues de porc sont glacées au potlikker, le bouillon laissé après la cuisson de choux verts. Un must : les brunchs jazz du dimanche matin. 

Le P'tit Chef © Solal Karsenti

Le P’tit Chef © Solal Karsenti

Le Petit Chef réside dans le restaurant Criollo de l’hôtel Monteleone (214 Royal St). Chaque soir il orchestre un dîner-spectacle, un show à même les tables. Et il ne ménage pas ses efforts : capture de créatures marines depuis un jet-ski pour une bouillabaisse, d’un homard trois fois plus gros que lui, culture des radis qui vont accompagner une burrata… Cette narration gourmande, en 3D, est à porter au crédit d’un collectif belge. 

 

Bourbon vs Frenchmen 

On prolonge jusqu’au quartier de Marigny, à l’Est du Vieux Carré. Sur Frenchmen Street sont regroupés les clubs les plus réputés : le Spotted Cat (au n°623), le Snug Harbor (au 626), The Maison (au 508)… Le public est en surchauffe. Preservation Hall (726 Saint Peter St) est le temple du jazz. Salle minuscule, bancs en bois, murs de briques ; pas d’amplis, des sets de 45 minutes atmosphériques. Lorsque Little Richard débarqua un soir au Dew Drop Inn (2836 Lasalle St), il fut tellement saisi qu’il enregistra une chanson en hommage au club. Duke Ellington, Ella Fitzgerald, Lionel Hampton venaient souvent, des jam sessions duraient jusqu’au lever du jour. Haut lieu de la scène musicale noire, il a marqué l’histoire des droits civiques. Détruit par l’ouragan Katrina, le Dew Drop vient tout juste de renaitre, dans son look de 1953. 

Dew Drop © Solal Karsenti

Dew Drop © Solal Karsenti

Extravagance à tous les étages 

Café Beignet © Solal Karsenti

Café Beignet © Solal Karsenti

NOLA émerge des vapeurs d’une nuit bacchanale. La météo promet 30°. On prend un beignet cuit à la minute au Café Beignet (334 Royal St), avec un café au lait. On flâne sur Magazine Street. Six miles de boutiques. Des antiquaires vendent des poignées de porte Art déco, des partitions de musique rares, des perles de Mardi Gras vintage… Luca Falcone est un vrai tailleur italien, vêtements et chaussures handmade. Meyer the Hatter étale ses chapeaux : Biltmore, Dobbs, Stetson… Sazerac House nous propose des dégustations de son cocktail. C’est au 632 Champs Élysées que Marlon Brando crie STELLAAAAA !!! à Vivien Leigh, dans A Streetcar named Desir.

Sazerac House © Solal Karsenti

Sazerac House © Solal Karsenti

A quelques pas, au 624 Pirates Alley, Faulkner écrivit Mosquitoes. C’est aujourd’hui la plus belle librairie de la ville, la Faulkner House. On pousse jusqu’à Moon Walk, en bordure du fleuve Mississippi, image d’Épinal de la Louisiane avec ses embarcadères et ses bateaux à aubes. Face à Jackson Square, à côté de la cathédrale St Louis, Le Presbytère, Musée d’État de Louisiane, nous présente Sa Majesté Carnaval. La fête est à l’échelle américaine : 4 500 participants, plus d’1,5 million de visiteurs, parades et défilés quotidiens du 6 janvier au mercredi des Cendres. On jette des perles des balcons, les personnes qui les attrapent auront de la chance toute l’année… Un autre musée, Mardi Gras World (1380 Port of New Orleans), nous entraîne dans ses coulisses. Les Kern sont les rois des chars depuis 1947, de père en fils. On découvre l’histoire de leur fabrication, des figurines multicolores, la folie du Carnaval, de la ville… Il ne reste maintenant qu’à laisser le bon temps rouler, comme on dit là-bas. 

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