Sade au Musée d’Orsay : un feu vite éteint

Donatien Alphonse François de Sade, ou plus simplement le Marquis de Sade, est passé à la postérité comme l’auteur sulfureux et athée de romans dramatiques et érotiques. Longtemps voué à l’anathème par l’Eglise en raison de l’athéisme, de la cruauté et de la sexualité souvent malsaine qui courent au fil de ses œuvres, il est devenu au fil du temps le symbole ultime de la transgression.

A l’occasion du bicentenaire de sa mort, le Musée d’Orsay lui consacre une exposition intitulée « Attaquer le soleil », citation tirée des 120 journées de Sodome. Ambitieux, cet hommage se construit comme une présentation globale du XIXème siècle français vu par le prisme de l’œuvre de Sade : partant de sa thèse que le désir est à l’origine de toute action humaine, la commissaire Annie Le Brun propose de redécouvrir les productions artistiques de l’époque. Ainsi apprenons-nous que Scène de guerre au Moyen-Age, de Degas, n’est pas une simple représentation d’un sac historique mais plutôt une chasse aux femmes qui, une fois de plus, renvoie au grand thème de l’affleurement du désir au XIXème siècle.

Utilisant différents supports (peintures, sculptures, objets, photographies), l’exposition se ponctue de citations du « divin Marquis ». Pourtant, face à ces œuvres si variées, il est parfois difficile de faire un lien avec Sade que l’on n’apprend pas vraiment à (re)découvrir. L’odeur de souffre et de scandale promise s’estompe également très vite: quelques bouts de seins ou de sexes sans commune mesure avec les écrits du Marquis.

Une belle réalisation donc, mais surtout décevante. Autant vous contenter de la vidéo de présentation de l’exposition qui se révèle pour le coup… surprenante !

Louise Bollecker – Edgar Levison