Jacques Doucet – Yves Saint Laurent : Vivre pour l’art.

Culture

29JAN. 2016

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Jacques Doucet – Yves Saint Laurent : Vivre pour l’art.

29 JANVIER . 2016

Écrit par Louise Bollecker

La Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent présente une exposition mettant en parallèle les intérieurs des couturiers Jacques Doucet (1853-1929) et Yves Saint Laurent (1936-2008). Grands collectionneurs, les deux artistes vivaient entourés de toiles et sculptures d’exception.

« Pour le bibliophile que je suis, Jacques Doucet est une référence. Pour les collectionneurs et amateurs d’art que nous étions, Yves Saint Laurent et moi, un exemple. Depuis longtemps, je souhaitais montrer l’effet miroir qui existe entre ces deux artistes. Comment, en effet, ne pas faire la comparaison qui s’impose entre Doucet et Saint Laurent, couturiers et collectionneurs l’un et l’autre ? C’est chose faite aujourd’hui. »

Cette introduction, c’est Pierre Bergé lui-même qui en est l’auteur. Le président de la fondation éponyme a souhaité intituler cette exposition « Vivre pour l’art ». Bien lui en a pris, puisque dans leur travail comme dans leur appartement, les deux couturiers n’ont eu de cesse d’admirer et de créer de l’art.

Des collections impressionnantes

Jacques Doucet résida au 33, rue Saint-James, à Neuilly ; Yves Saint Laurent au 55, rue de Babylone, à Paris, dès 1970. Ces ateliers de création de style art déco (adopté par Doucet puis remis au goût du jour par YSL) ont abrité bien des chefs-d’oeuvre. La recherche du beau menée par les deux hommes les a conduits à aménager de parfaits espaces de création. L’exposition regroupe certaines des œuvres qui ont habité chez l’un et chez l’autre, parfois même chez l’un puis chez l’autre. Les collections sont impressionnantes : La charmeuse de serpents du Douanier Rousseau, Les Demoiselles d’Avignon de Picasso ou La Blouse rose de Modigliano chez Doucet, Composition avec bleu, rouge, jaune et noir de Piet Mondrian ou Portrait de Don Luis María de Cistué y Martinez de Goya chez YSL. Le second a d’ailleurs reproduit à l’identique certains espaces du 33, rue Saint-James, admiratif du goût novateur de son prédécesseur.

Une exposition dense

La scénographie de l’exposition invite à la rêverie. L’espace de la fondation se prête à la reconstitution de ces appartements ; on s’imagine déambuler rue de Babylone ou dans l’hôtel particulier de Jacques Doucet. On saisit parfaitement l’ambiance folle et la créativité qui émanent de tels intérieurs. Nos esthètes ne se sont d’ailleurs pas arrêtés aux « simples » tableaux et sculptures : chaque meuble est en lui-même une oeuvre d’art. Fauteuils audacieux, bar sur-mesure, la décoration un brin chargée des lieux est exceptionnelle. De véritables intérieurs de (super-)Grands Ducs dans lesquels on se promène et que l’on quitte – malheureusement trop rapidement, l’exposition étant brève – à regret.

 

 Louise Bollecker

 

Jacques Doucet – Yves Saint Laurent. Vivre pour l’art.
Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent
3 rue Léonce Reynaud, 75116 Paris
Exposition du 15 octobre 2015 au 14 février 2016
Du mardi au dimanche de 11h à 18h (dernière entrée à 17h30)
Nocturne tous les jeudis jusqu’à 21h (dernière entrée à 20h30).

 

    Jacques Doucet     

Jacques DoucetNé en 1853 sur l’île d’Oléron, Jacques Doucet, fils de marchand de lingerie, est issu de la nouvelle bourgeoisie considérablement enrichie en cette fin de XIXème siècle. Couturier installé rue de la Paix et cité par Proust comme le comble du raffinement, il se décrit pourtant avant tout comme un collectionneur. En 1912, il vend l’intégralité de sa collection classique (mobilier et tableaux du XVIIIème siècle) à la suite de l’annulation de son mariage. « La vente du siècle » lui rapporte 15 millions de francs or et passionne les journaux.

Complexé par son manque de culture (« j’ai été élevé avec les cochons »), il se révèle pourtant être un collectionneur visionnaire. Après 1912, il achète des écrits d’avant-garde et des oeuvres d’art moderne, conseillé par André Suarès puis André Breton. Installé dans son hôtel particulier de Neuilly, il y conçoit un studio art déco qui accueille le meilleur de ses collections, de Picasso aux porcelaines chinoises en passant par les arts africains.

Le couturier meurt en 1929 des suites d’une maladie cardiaque. Peu de temps après sa mort, sa maison est démolie. A Avignon, ses héritiers ont créé une fondation peu connue où l’on peut admirer des Van Gogh, Cézanne, Degas, Picasso, Modigliani…
    Yves Saint Laurent     

Yves Saint LaurentNé en 1936 à Oran, en Algérie, il commence sa carrière comme assistant de Christian Dior. A la mort de ce dernier, en 1957, il prend la direction artistique de la maison. Il présente sa première collection, dite « Trapèze », en janvier 1958, qui connaît un immense succès. La même année, il rencontre Pierre Bergé, qui devient son compagnon. Il est licencié par la maison Christian Dior en 1960.

En association avec Pierre Bergé, il crée alors sa propre maison de couture, dont la première collection est présentée en 1962. En se servant des codes masculins (smoking, saharienne, tailleur-pantalon…), il révolutionne la mode féminine. Sa boutique Saint Laurent rive gauche, créée en 1966 à Paris, est la première boutique de prêt-à-porter portant le nom d’un couturier. En 1974, les deux hommes installent leur maison de couture au 5, avenue Marceau, à Paris, où se situe aujourd’hui la fondation. Yves Saint Laurent affirmera son style et rend hommage à des artistes dans ses collections haute couture, comme avec ses robes Mondrian.

Le 7 janvier 2002, il met fin à sa carrière. Yves Saint Laurent se consacre désormais aux activités de sa fondation, reconnue d’utilité publique la même année. Le 1er juin 2008, Yves Saint Laurent décède à son domicile parisien, à 71 ans.

 

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