Léda et le cygne, des amours animales

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21MARS. 2019

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Léda et le cygne, des amours animales

21 MARS . 2019

Écrit par Elsa Cau

Venise, plaque tournante du commerce, capitale des étoffes brillantes et des courtisanes… À travers la mythologie ou la religion, peintres et sculpteurs rivalisent de sensualité. Au Palais Fesch, à Ajaccio, tout l’érotisme de l’époque surgit à travers Léda et le cygne, peints par Paul Véronèse (1528-1588)…

Par Elsa Cau

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Paul Véronèse, Léda et le cygne © Palais Fesch, Ajaccio

Léda, épouse du roi de Sparte Tyndare, se baignait un beau jour dans le fleuve Euratos. Le bouillant Zeus la vit : il la voulut. Pour s’en approcher, il se métamorphosa en cygne, tandis que sa complice Aphrodite se changeait en aigle pour faire semblant de le poursuivre. Léda sauva le beau cygne en le prenant dans ses bras ; Zeus, invétéré coquin, en profita pour s’unir à elle avec force. Mais Léda, nous rapporte le poète, avait aimé son époux le jour-même. De ces amours diverses, quatre jumeaux naquirent, chacun d’un oeuf : Castor et Pollux, et Hélène (de Troie, la fameuse) et Clytemnestre.

Le mythe sensuel de Léda et le cygne inspirera peintres et sculpteurs tout au long de l’Histoire de l’art. Paul Véronèse (1528-1588) nous en livre une version blonde et sensuelle… Véritable prétexte au triomphe érotique, l’anecdote mythologique n’a plus rien de contre-nature ou de monstrueux… Elle devient au contraire une scène d’amour sensuel.

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La lumière blonde, si typique de l’École Vénitienne du XVIe siècle, illumine l’action. A demi couchée, alanguie sur sa couche, la peau diaphane et les cheveux d’or, seulement vêtue de ses bijoux, Léda s’offre totalement à son Dieu et maître. Le grand coloriste qu’est Véronèse fait dialoguer les couleurs : le blanc de la couche aux draps de soie répond au plumage de l’oiseau, tandis que son oeil rubis rappelle l’épais rideau rouge qui compose le fond. Un arrière-plan qui n’est pas sans rappeler le lourd rideau de théâtre… Est-on simple spectateur ou voyeur ?leda5

Portraitiste hors-pair, Véronèse donne ici libre cours à son talent : du beau visage doux et soumis de Léda, notre regard s’attarde sur les traits fins avant de s’arrêter sur ses formes généreuses, son sein rond, sa peau si blanche, ses mains fines. Véronèse tient-il son exceptionnel modelé des chairs de son père, architecte et tailleur de pierres à Rome, auprès de qui il se fait une réputation, adolescent, d’habile modeleur de figures et d’ornements en relief ? Véritable idéal de beauté du temps, Léda pourrait aussi bien être une reine qu’une courtisane vénitienne

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Contrairement à la représentation choisie par Léonard de Vinci, Véronèse insiste ici sur la fusion des corps, à la manière d’un Michel-Ange ou d’un Corrège. Zeus, en cygne, ne perd rien de sa superbe : l’oiseau semble puissant, déployant ses ailes, ses larges pattes imposées sur le ventre et la jambe de Léda, pénétrant sa bouche violemment avec son bec. L’acte de force pourrait presque être visible si Léda n’était pas elle-même si offerte… L’attitude si masculine du cygne, pourtant généralement lié à la grâce féminine, humanise l’acte sexuel. Et éveille l’imagination… Plus tard, certains, comme le peintre François Boucher, iront même plus loin.

E.C.

On l’admire : au Palais Fesch, à Ajaccio
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