5 films sur le voyeurisme à mater en douce

Cinéma & Séries

07MAI. 2020

newsletter

Cinéma & Séries

5 films sur le voyeurisme à mater en douce

07 MAI . 2020

Écrit par Frédéric Brun

Cela devait bien arriver. A force de tourner en rond, confiné. A force de passer sans cesse devant la fenêtre. D’abord un coup d’œil. Puis, se prenant au jeu, regarder devient une habitude. De fil en aiguille, un désir. Bientôt un plaisir. Observer mais sans être vu. Parfois, cela devient une obsession. Un petit jeu sans conséquences ? Jusqu’au moment où l’on finit par voir ce que l’on n’aurait pas dû voir. Cela finit toujours par arriver. Souvent (mal)traité par les cinéaste, le thème du voyeurisme a donné de multiples interprétations. Voici notre sélection de 5 films à voir, sans se faire voir...

 

Body Double

Body Double, D.R

Les plus recommandables détournent la tête d’un érotisme toujours trop facile. Ne pas se fier aux apparences devrait être la règle. Ces jours-ci, les excuses ne manquent pas pour reluquer son étrange lucarne. Tout cinéphile n’est-il pas par nature un peu scotophile ? (vous avez 2 heures).

1. Fenêtre sur Cour (Alfred Hitchcock, 1954)

Gardons le meilleur pour le début. Tout le monde connaît la conclusion. Non ? Alors, lâchons tout de suite le morceau : à la fin Grace Kelly troque son roman sur l’Himalaya pour replonger dans Bazaar. Chacun ses obsessions. Celle de LB Jeffries (James Stewart), confiné chez lui avec la jambe dans le plâtre, c’est de faire coincer Lars Thorwald.

Rear Window 1954 1

D.R

Le voisin d’en face a sans doute tué sa femme. Greenwich Village suffoque, le spectateur, devenu voyeur des voyeurs, est tenu en haleine. Le huis clos caniculaire fait froid dans le dos. 

 

2. Monsieur Hire (Patrice Leconte, 1989)

Monsieur Hire est tailleur. Mais son esprit est ailleurs. En face, chez sa voisine. Elle a les traits de Sandrine Bonnaire. Le misanthrope en tombe amoureux et la reluque sans cesse. Ce voyeur est louche. C’est aussi l’avis du policier tandis qu’il enquête sur un meurtre. Michel Blanc est d’un mutisme glacial. L’étrange semble une habitude. Les appartements ne sont pas trop grands. La grande ville n’a pas vraiment de nom. Les voitures sont anachroniques, les polaroïds uchroniques.

Monsieur Hire 1989

D.R

Patrice Lecomte régale doublement ses partisans car, non seulement le film est une mécanique de précision, écrite par Simenon, mais en plus il est un hommage subtil à la version précédente, c’est-à-dire Panique, de Julien Duvivier (1947) avec Michel Simon. De quoi jouer les m’as-tu vu. 

 

3. Blow-Up (Michelangelo Antonioni, 1966)

David Hemmings (Thomas) est dégingandé et photographe de mode. Est-ce une bonne excuse pour promener son regard partout ? Même sa Rolls noire a des yeux de chat siamois. C’est injuste : ses pantalons sont toujours blancs et il ne les tâche pas, même quand il saute par-dessus la portière pour partir en virées dans un Londres désert.

Blow Up 1966

D.R

Les swinging sixties semblent confinées. Nul ne se plaindra que Jane Birkin garde enfin le silence. Au lieu de rester focus sur le charme de Vanessa Redgrave, le Nadar en herbe flâne dans les jardins publics et reluque des tourtereaux. S’il prend en photo un crime, ce n’est que par inadvertance. Aujourd’hui, le parc serait estampillé « scène de crime ». Le négatif va parler. A condition d’échapper au pire. 

 

4. Le Voyeur (de Michael Powell, 1960)

Le film avait l’aspect d’un documentaire. C’est en tous cas ce que voudrait faire croire Mark Lewis. Opérateur dans un studio de cinéma, il fait des extras clandestins comme photographe de charme dans une boutique de journaux. L’apprenti-cinéaste est voué aux séries.

Le Voyeur

D.R

La peur s’empare du spectateur et défigure les victimes. Pourtant Karlheinz Böhm a gardé la houpette qu’il arbore dans les Sissi. La mèche dégage ses yeux pervers, c’est pire. Avec 50 ans d’avance, Michael Powell et Emeric Pressburger ont deviné l’invention future des abjects Snuff movies, ces vidéos de crimes réels. Vous pensiez avoir tout vu avec les films d’aujourd’hui ? Mon œil !

 

5. Body Double (Brian De Palma, 1984)

Il n’y a que Jack (Craig Wasson) pour croire au hasard. Il aurait dû éviter de se retourner sur cette jolie fille dans la rue. Jouer avec un télescope braqué sur la fenêtre de la voisine d’en face, quand bien même il s’agit comme par hasard de la même Gloria (Deborah Shelton), n’était peut-être pas une bonne idée non plus.

Body Double 1984

D.R

Surtout qu’il n’est peut-être pas le seul à se rincer l’œil. Au lieu de l’épier, il ferait mieux de prendre ses jambes à son cou. L’appartement panoramique flotte comme une soucoupe volante. Mélanie Griffith cache forcément quelque chose. La manipulation est sournoise. Plus dure sera la chute. 

F.B


Vous en voulez encore ? Jetez donc un œil à…

Fedora (Billy Wilder, 1978) : pour revoir le passé (et pour Marthe Keller, bien entendu)

Dans la maison (François Ozon, 2012) : l’intrusion par les mots

Belle de jour (Luis Buñuel, 1967) : pour le plaisir de voir Catherine Deneuve se faire fouetter

Vidéodrome (David Cronenberg, 1983) : pour se faire peur avec un visionnaire

La vie des autres (Florian Henckel von Donnersmarck, 2006) : pour écouter qu’il n’y a rien à voir

Le prix du danger (Yves Boisset, 1983) : pour éteindre définitivement la télé

The Truman Show (Peter Wear, 1998) : pour passer de l’autre côté du miroir. Souriez, vous êtes filmé

Photo obsession (Mark Romanek, 2002) : photo, matons 

Ajouter à mes favoris Supprimer de mes favoris
Alcools du placard et flacons oubliés, 5 cocktails pour ressusciter les damnés de l’apéritif

Alcools du placard et flacons oubliés, 5 cocktails pour ressusciter les damnés de l’apéritif

Ajouter à mes favoris Supprimer de mes favoris
Rencontre : Charlotte Cadé, Selency et la chine 2.0

Rencontre : Charlotte Cadé, Selency et la chine 2.0