Dans les coulisses de la vente des vins des Hospices de Beaune

La vente des vins des Hospices de Beaune, orchestrée sur place, de concert avec Christie’s, attire chaque année amateurs, professionnels et passionnés du monde entier.

Camille de Foresta, l’une des trois commissaires-priseurs qui officiera au marteau lors de la 160^ème vente des Hospices de Beaune, ne boude pas son plaisir. Cet évènement pour elle « est bien au-delà d’une simple vente, taper y est un véritable honneur ». Lorsque la célèbre maison d’enchères s’est associée à la vente en 2005, elle a souhaité non seulement lui faire bénéficier de son expertise en matière de vente, mais également lui apporter une visibilité forte à l’international, ouvrant ainsi de nouveaux marchés.

Camille de Foresta, commissaire-priseur chez Christie’s, se réjouit chaque année de participer à cette vente aux enchères mythique.

La Vente des Hospices ? « C’est bien au-delà d’une simple vente, taper y est un véritable honneur » – Camille de Foresta

Pablo Huarte est quant à lui arrivé cette année au sein de Christie’s en tant que directeur du département Vins. Il a découvert le milieu du vin enfant, chez les parents d’un de ses amis qui avaient un joli domaine en Uruguay et depuis, il ne l’a plus quitté. Œnologue de formation, il s’apprête à vivre avec émotion sa première édition des Hospices de Beaune  « il y a plus facile comme contexte pour démarrer, mais je suis très excité de me rendre à cet évènement hors norme qui mobilise le monde entier le temps d’une journée ».

Pablo Huarte, expert en vins de la maison Christie’s, se réjouit, malgré le contexte, de participer à la célèbre vente aux enchères.

Hors norme, l’expression est on ne peut plus juste. Comme Camille et Pablo, ils seront une cinquantaine à opérer une véritable transhumance de l’avenue Matignon pour prendre leurs quartiers d’automne dans la ville beaunoise. Si la vente ne se déroule que sur un laps de temps réduit de quelques heures, il faut néanmoins prévoir chaque détail de son déroulement avec une rigueur millimétrique : de l’installation de la technologie rendant possible la retransmission online de la vente sur toute la planète, du câblage des téléphones permettant aux acquéreurs d’enchérir en ligne, en passant par la pose du tapis rouge qui vient transformer la halle – qui héberge le marché de la ville – en salle des ventes raffinée…

 

« Il y a plus facile comme contexte pour démarrer, mais je suis très excité par cet évènement hors norme qui mobilise le monde entier le temps d’une journée » – Pablo Huarte

 

Camille aime le résumer ainsi : « il y a un fort attachement de la Maison Christie’s pour cette vente et pour la ville de Beaune plus généralement, nous nous déplaçons sur la base du volontariat et tout le monde souhaite s’y rendre pour prêter main forte, le temps de cette vente, les notions de hiérarchie ou encore d’âge sont bannies, nous dormons tous dans le même hôtel et nous portons avec fierté les mêmes valeurs avec le même engagement. Dehors, les gens sont des centaines à vibrer en même temps que nous, c’est ça la magie de Beaune ! » Les équipes se partagent pour assister aux évènements locaux, le dîner du samedi au Clos Vougeot étant toujours un enchantement.

Toute cette mécanique commence bien en amont du jour J et de son installation. Une des forces de Christie’s, c’est sa connaissance pointue des marchés et son contact régulier avec les collectionneurs du globe ; en temps normal, la maison organise régulièrement des dégustations sur les grandes places du vin d’Europe d’US et d’Asie pour convaincre les acheteurs potentiels et garder les clients fidèles.

Covid oblige, cette année il a fallu repenser le modèle pour offrir des options en format digital avec envoi d’échantillons à Hong Kong, Taïwan, New-York ou encore Londres et Genève, toute une logistique, là encore, rendue possible par le réseau Christie’s.  Pour Pablo Huarte, ces dégustations sont indispensables car elles permettent de construire et d’affirmer les liens avec les collectionneurs existants ou de demain « les marchés sont évolutifs, à côté des traditionnels (Asie, UK, US) on voit des tendances qui confirment leur intérêt sur les vins de Bourgogne comme les pays scandinaves ou l’Allemagne, mais depuis peu on observe une montée significative des demandes des marchés slaves mais également du Brésil », il faut donc toujours être à l’écoute de ces nouveaux consommateurs et savoir être proactifs.

L’occasion de redécouvrir les paysages bourguignons à l’automne…

Quant au contexte incertain, l’homme se veut rassurant « la demande est constante sur les 1ers et grands crus des grandes appellations bourguignonnes qui ont plus que jamais le vent en poupe, et cette vente continue de faire rêver, l’envie est bien là ! »

Camille, quant à elle, compte les jours avant de venir mettre son dynamisme au service de la noble cause des Hospices « la salle est magnifique, je ne me lasse pas de voir année après année cette ambiance, c’est un vrai marathon mais tout le monde joue le jeu, à force nous connaissons chaque négociant et chaque acheteur, et puis nous avons pour responsabilité de faire vivre la salle, cela tombe bien elle est immense et j’adore gesticuler ! » confie-t-elle en riant. La vente est une réelle prouesse d’endurance, et il en faut de l’énergie pour se relayer au marteau toutes les heures parfois plus de 7 heures durant « même si par moment la fatigue nous gagne, nous savons aller puiser dans nos ressources, au final quel bonheur ! » Un métier somme toute…

Lors de cette nouvelle édition, tous les regards seront une nouvelle fois braqués sur la tribune du commissaire-priseur au moment clef de la vente, la mise en aux enchères de la « Pièce des présidents », une pièce de charité offerte conjointement cette année par le Domaine Civil des Hospices de Beaune et le Château de Chambord, afin de venir en aide au personnel soignant, chacun retiendra son souffle jusqu’au dernier coup de marteau. Pour reprendre les mots de Camille « c’est ça, la magie de Beaune ! »

L.B