Au Paris-Dakar 1981, la Rolls-Royce des sables

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12JAN. 2021

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Au Paris-Dakar 1981, la Rolls-Royce des sables

12 JANVIER . 2021

Écrit par Antoine Minard

Tandis que nos pilotes entament la dernier ligne droite (ou plutôt sinueuse) du Dakar, on revient sur le Paris-Dakar 1981. Il y a quarante ans, la vedette du 3e Paris-Dakar est incontestablement la Rolls-Royce d’un dandy parisien, Thierry de Montcorgé. Petite histoire de l’un des plus beaux coups de pub jamais réalisés au Dakar.

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Thierry de Montcorgé en 1981 © Dakar d’Antan

Été 1980. Lors d’un dîner copieusement arrosé, vient à trois amis un pari fou : faire courir une Rolls au Paris Dakar. Le rallye-raid – 10 00 km sur les pistes d’Algérie, du Niger, du Mali, de la Haute-volta et du Sénégal – était né trois ans auparavant, sur une idée du jeune Thierry Sabine. Rapidement plus de 200 concurrents auto, moto et camion allaient s’affronter dans cette Transat’ des sables.

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L’itinaire de l’édition 1981, 10 000 km de sables et d’aventure ! © Archives Le Républicain Lorrain

Pilote et mécanicien de talent, dandy parisien et roi du polyester, Thierry de Montcorgé, plasturgiste de métier, n’est pas un inconnu puisqu’il courait déjà, avec succès, en championnat de France tout-terrain sur des buggys de sa conception. Il avait construit sa première auto à 14 ans.

Quant à la Rolls, à l’origine il s’agissait de la Corniche Coupé accidentée d’un (riche) concurrent moto du Dakar, ensuite co-organisateur du Rallye de Tunisie, Jean-Christophe Pelletier, qui sera son co-équipier pendant l’aventure.

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Thierry de Montcorgé et son buggy, en 1973 © Écurie des Cimes

 

Un mécano géant

De Montcorgé a l’idée d’en faire un moule et donc un contre-moule pour obtenir une silhouette de Rolls en polyester. « Pendant un mois environ, de Montcorgé réalise ce moule en 15 morceaux qu’il reconstitue autour d’un treillis métallique noyé dans le polyester » lit-on dans Auto Verte.

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Thierry de Montcorgé et son coéquipier Jean-Christophe Pelletier © Dakar d’Antan

Sous l’élégante robe britannique se cache donc un impressionnant puzzle : châssis poutre de Toyota BJ 45 avec lame de ressorts plus souples et amortisseurs doubles sur chaque roue, treillis tubulaire maison sur lequel vient se poser la carrosserie, moteur V8 5.7 de Corvette accouplé à la boîte Toyota avec une cloche d’embrayage de Corvette ’57. La direction assistée Rolls est conservée et un réservoir de 332 litres (!) prend place à l’arrière. Un fantastique mécano réalisé avec l’aide de Michel Mokrycki… qui finit le faisceau électrique le jour du départ, place du Trocadéro !

 

Christian Dior comme sponsor

En à peine quatre mois, la voiture sera prête. De Montcorgé propose le tout à un luxueux sponsor, les parfums Christian Dior, en plein lancement du parfum Jules. Évidemment, la vénérable maison Rolls-Royce n’était pas au parfum…

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DR

 

Sur l’épreuve la Rolls maison connaît ses premiers soucis dès la deuxième spéciale. À cause des trous, les lames avant se fragilisent. Elles sont changées une première fois à Sète. En Algérie, un autre trou explosera le carter d’huile. Un nouveau carter sera soudé directement sur la piste par Michel !

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© Dakar d’Antan

À Gao, au Mali, l’équipage se classe 25e au général. Coûte que coûte il faut arriver à Dakar où Dior a prévu une belle réception. À Bobo, Burkina-Faso, survient un nouveau choc et la lame maîtresse droite se brise. Surtout, la boîte de transfert Toyota est fendue. Une nouvelle boîte de transfert est mise en place, celle d’un Toyota concurrent ayant fait des tonneaux à l’endroit-même où la Rolls a tapé. L’équipage repart pour 140 km avant de subir une nouvelle casse.

À force de réparations de fortune, l’équipe s’épuise et se retrouve hors course. Mais comme prévu, le 20 janvier, la Rolls est à l’arrivée sur la plage de Dakar qu’elle a rejoint via le chemin de fer Bamako-Kayes. Blessée mais roulante !

 

Une médiatisation hors du commun 

Ce véritable engin de course, fabriqué pour affronter les pires conditions, ressemblait avant tout à une vraie Rolls. À l’intérieur on a même conservé les boiseries !

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DR

Du Trocadéro jusqu’à la plage, la Rolls Jules fut la coqueluche des médias. Plus de 1600 articles dans les magazines du monde entier, 140 passages télé et radio : elle était LA star du Dakar 1981. Il se dit que la maison Dior avait récupéré sa mise avant même le départ de l’équipage !

Maintenant que le Dakar Classic rend hommage aux plus belles autos des Dakar d’antan, on espère grandement revoir la folle Rolls-Royce dans les dunes et patauger dans la gadoue…

A.M

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