Ça cause chiffons au bar : Stéphanie des Horts, quand la panthère s’habille

Ca cause chiffons au bar

08JAN. 2021

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Ca cause chiffons au bar

Ça cause chiffons au bar : Stéphanie des Horts, quand la panthère s’habille

08 JANVIER . 2021

Écrit par Elsa Cau

Photographies par Jérémy Garamond

L’écrivain Stéphanie des Horts est à l’image de ses héroïnes : féminine et fière de l’être, un poil provocatrice, un poil vieille France, pourtant réellement anticonformiste, toujours merveilleusement extravagante, de ces âmes rieuses et libres qui peuvent tout se permettre : une rareté de nos jours… On la retrouvera en mai pour sa dernière parution, une ode aux Années Folles. En attendant, on s’est offert un souffle de légèreté en discutant chiffons avec celle pour qui le vêtement en dit long sur la femme -de pouvoir. Celle qui décrit si bien les matières chatoyantes, le style et les accessoires aux bras des femmes qui ont fait la grande Histoire par la petite porte s’est prêtée au jeu des chiffons au bar.

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Stéphanie des Horts chez elle, à Paris, en décembre dernier.

Quel est ton rapport au vêtement ?

Important ! Le vêtement doit me mettre en valeur, je dois me sentir féminine. Je déteste les vêtements déstructurés d’aujourd’hui… Je suis une femme du passé. Ce que j’aime, c’est incarner la féminité, être sexy : les robes moulantes, les coupes cintrées. Comme mes héroïnes ! Les années 30, 50…

Pour être bien toute la journée, je dois me sentir mince, appréciée, regardée. Et ce n’est pas le vêtement qu’on doit regarder mais moi, parce que le vêtement fait partie de moi. J’ai besoin d’être toujours séduisante ! Mon rapport au vêtement est avant tout … sexy.

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Ta première pièce fétiche ?

Je fais toujours le lien entre un vêtement et son époque, et un moment précis de ma vie. Toute mon enfance, c’est le Cap d’Antibes. Ma grand-mère m’offrait toujours, à la fin des grandes vacances, un vêtement pour la rentrée. Nous quittions le cap pour Nice, nous allions chez Daniel Hechter, et mamie m’achetait quelque chose là-bas.

Je me souviens d’un petit kilt -je devais avoir huit ans- écossais, dans les tons verts avec deux bretelles qui se croisaient dans le dos. J’ai toujours adoré ça : le côté écossais, chic, traditionnel. Je ne suis pas une bête de mode, la mode d’aujourd’hui me choque un peu, cette recherche artistique trop créatrice… Moi ce que j’adore c’est cette idée de féminin, du vêtement au service du corps.

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Les anciennes poupées Barbie des Stéphanie, soigneusement conservées... Dans la cuisine !

Te souviens-tu de ton premier jean ?

C’est tous les jours le premier jean ! A mon âge je cherche toujours LE jean qui me fera des fesses d’enfer. Depuis que je porte des pantalons, je regarde mes fesses et je pense : « c’est celui-là ».

Je dois avoir cinquante jeans. Quand je regarde mes anciennes photos, je me dis que j’étais très bien faite, tous ces jeans m’allaient si bien ! Et pourtant je le cherche encore… Marilyn Monroe dans The Misfits. Au fond je veux ce jean-là et surtout … le corps qui va avec.

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Marilyn Monroe -et son jean- sur le tournage de The Misfits en 1960. DR

Ta tenue préférée, celle qui te caractérise le mieux, ta signature ?

La robe trois trous marine et mon trench Burberry blanc. Je l’adore, je le porte à chaque moment qui compte dans ma vie. Moi ce que j’aime, c’est le chic, pas forcément la fantaisie. Le côté robe marine bien coupée, c’est Ralph Lauren, le trench, c’est Burberry bien sûr… Et les chaussures, mes escarpins -toujours des talons- François Pinet évidemment. Ils sont un peu rétro, tu es très bien dedans, c’est merveilleux.

De sacs, j’en ai des mille et des cents, mais mon préféré, c’est mon sac-écrin Cartier. A une époque, j’avais les sacs Courrèges et puis  je les ai trop portés (accrochés dans la salle de bains, notre image à la une ndlr), mais je les conserve comme des objets… J’adore tous les petits sacs. Mais mon écrin Cartier, c’est mon fétiche.

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Les escarpins François Pinet et le sac-écrin Cartier, deux accessoires fétiches de Stéphanie des Horts.

Une pièce ringarde que tu adores dans ton dressing ?

Je ne peux pas me passer de mes nuisettes. Elles sont de toutes les couleurs, transparentes, et je les assortis toujours au déshabillé à froufrous, des longs, des courts… Il ne me manque que des mules à pompons. Et puis à Noël, ma fille m’a offert la tiare de Diana et celle de Daisy Buchanan !

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Nuisettes et froufrous, la charmante ringardise.

Pour ou contre le tailleur au bureau ?

La petite veste très cintrée comme dans les séries à la Mad Men ! Bien sûr. POUR le tailleur et pour la cravate chez l’homme !

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Le bureau de l'écrivain, chez elle.

Porter des sneakers après 40 ans, c’est concevable ?

Inconcevable, même avant quarante ans ! Déjà, je ne savais même pas qu’on parlait de sneakers et plus de baskets… Pour courir, c’est judicieux. Et puis c’est tout. Je trouve cette tendance dramatique. J’aime les souliers, pour les hommes comme pour les femmes.

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Plutôt blazer ou cuir ?

Les deux ! J’adore le cuir, j’ai un manteau en cuir vert anglais que j’avais trouvé dans une friperie avec ma fille Joy (qui est l’une de nos contributrices, ndlr) mais bien sûr le blazer chic Ralph Lauren…Tu sais, je suis épouvantable, la bourgeoise dans toute sa splendeur : je suis une fille du passé !

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Si tu ne devais garder qu’une pièce de ton dressing ?

Mon trench Burberry blanc. Nue sous mon trench. D’ailleurs, je l’ai déjà fait !

Une référence style ?

Jackie Kennedy bien sûr. Tout ce qu’elle portait. Elle a inventé la robe trois trous, ces petits tailleurs que j’adore, et puis ce petit chapeau, le pillbox. C’est une icône.

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La tenue idéale pour aller taper un casse-croûte au comptoir ?

Mes talons hauts, très hauts, mes grandes jambes et mon trench.

E.C


L’actualité de Stéphanie

« Mon nouveau livre sort en mai chez Albin Michel : Les Heureux du monde. Un indice, on y porte des robes courtes et frangées, des perles qui descendent jusqu’aux genoux et des fume-cigarettes téléscopiques ! »

Relisez aussi ses derniers livres, tous consacrés à des femmes qui ont fait, d’une manière ou d’une autre, l’Histoire du XXe siècle :

Jackie et Lee, Éditions Albin Michel, 2020 : une plongée dans la rivalité entre les deux sœurs Bouvier, dont l’une deviendra Mrs. Kennedy, la seconde princesse de Radziwill…

Les sœurs Livanos, Éditions Albin Michel, 2018 : l’une épouse Niarchos, l’autre Onassis. Ils écraseront les sœurs de leur pouvoir, dans une tourbillon de mondanités et de trahisons dans l’Amérique et l’Europe des années 50.

Pamela, Paris, Éditions Albin Michel, 2017 : que sait-on de l’excentrique Pamela Harriman, ex-Churchill, si ce n’est qu’elle fut retrouvée morte dans la piscine du Ritz ? Stéphanie des Horts nous livre le portrait haut en couleurs d’une femme incroyable et incorrigible !

Sans oublier les autres : La Panthère. Le Fabuleux Roman de Jeanne Toussaint, joaillière des rois, Le Diable de Radcliffe Hall, Le Bal du Siècle

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