Amedeo Modigliani, le nu féminin passionnel

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Amedeo Modigliani, le nu féminin passionnel

02 AVRIL . 2021

Écrit par Laure Martin

Drogue, alcool, liaisons dangereuses et infortune… Quelques mots qui pourraient à eux seuls résumer l’existence tumultueuse du célèbre peintre Amedeo Modigliani. Symbole de l’artiste bohème maudit du début du XXe siècle, sa vie mouvementée semble n’avoir eu d’égal que son talent pictural. Mort à seulement 35 ans, la vie de Modigliani fut brève. Mais sa vision si singulière du corps de la femme aura pourtant révolutionné l’entièreté de l’histoire du nu féminin…

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Amedeo Modigliani photographié en 1918. DR

Amedeo Modigliani : de Livourne à Paris, le nu comme fil directeur

Né en 1884 à Livourne, cité portuaire d’Italie, de parents issus de la bourgeoisie juive séfarade, Amedeo Modigliani est très vite confronté à la dureté de la vie. Enfant à la santé fragile, il est atteint d’une typhoïde et d’une pleurésie, à l’origine d’une tuberculose qui le poursuivit toute sa vie.

Toutefois, passionné dès son plus jeune âge par la peinture, Amedeo Modigliani s’inscrit très tôt aux Beaux-Arts de Livourne, dont il est le plus jeune élève à suivre les cours. Il y découvre notamment la peinture académique et développe peu à peu une culture et pratique artistique très classique.

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DR

Dès 1900, sa tuberculose le fait souffrir et il se voit sommé d’aller profiter de l’air de la montagne pour reprendre des forces. Mais loin de lui l’idée de se reposer. Il en profite alors pour réaliser un tour de l’Italie du Sud : De Rome à Capri, en passant par Naples, l’artiste nourrit son imagination au gré de ses pérégrinations. Mais c’est incontestablement lors de son année à Florence, où, encouragé par son entourage, il s’inscrit à l’Ecole libre de Nu que dirige Giovanni Fattori au sein de l’académie des Beaux-Arts de Florence, où qu’il développe sa créativité.

Plus encore, l’année suivante il intègre la prestigieuse École de Nu de l’Académie des Beaux-Arts de Venise. Véritable carrefour au sein de sa formation artistique, l’artiste passe trois années sur le sol vénitien, et découvre ainsi de nouvelles manières de représenter le nu féminin… avant de se sentir prêt à rejoindre la ville de toutes les libertés artistiques : Paris.

 

Paris, la liberté, la sculpture et la femme

À son arrivée à Paris en 1906, Amedeo Modigliani intègre directement la vie de bohème montmartroise tout en refusant de prendre part à l’avant-garde fauviste et cubiste de l’époque. Il établit ses quartiers au fameux Bateau-Lavoir, célèbre résidence d’artistes, au sein de laquelle il croise le chemin de nombreux cubistes tels que Georges Braque, Marie Laurencin ou Pablo Picasso.

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Tête de femme, réalisée entre 1911 et 1912. DR

Mais dès 1909, l’artiste change de Rive et s’installe à Montparnasse, deuxième haut-lieu de l’avant garde parisienne, où il fait la connaissance de Constantin Brancusi, qui deviendra l’un de ses plus proches amis. Profondément inspiré par la sensibilité de son camarade, Amedeo Modigliani opte lui aussi pour la pratique de la sculpture.

De 1911 à 1913, années consacrées à la création d’œuvres en trois dimensions, l’artiste, influencé par la vogue de l’art primitif, innove et mûrit sa réflexion sur la représentation de la femme. Cette dernière devient peu à peu singulière, indépendante, voire même symbolique comme en témoigne la Tête de femme réalisée entre 1911 et 1912. Mais Modigliani est très vite contraint d’abandonner la pratique de la sculpture à cause de ses nombreuses quintes de toux qui lui font parfois même perdre connaissance…

 

Des premiers portraits de Béatrice Hastings…

Pourtant, si l’artiste ne réalise que vingt-cinq sculptures en pierre, cette production apparaît comme un tournant primordial dans sa pensée. De cette pratique, il semble alors trouver sa singularité artistique. En 1914, il renonce définitivement à la sculpture et rencontre au même moment, la poétesse anglaise Béatrice Hastings avec qui il partagea sa vie pendant trois années.

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Beatrice Hastings, 1915.

Rapidement après leur coup de foudre, l’artiste propose à son amante de devenir son modèle. Et, grâce à l’usage singulier de la ligne et du traitement des couleurs, Amedeo Modigliani livre quatorze incroyables portraits de Béatrice Hastings dans lesquels il questionne toute la complexité des facettes physiques et psychologiques de sa muse. Véritable reflet de leur relation passionnelle, les toiles sont griffées de messages codés, vacillant entre l’amour et la haine…

 

…Aux nus scandaleux de l’amour de sa vie, Jeanne Hébuterne

Mais le grand amour de la vie d’Amedeo Modigliani n’est autre que la peintre Jeanne Hébuterne dont le nom restera à jamais associé au sien. « Le bonheur est un ange au visage grave » disait-il à son sujet.

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Jeanne Hébuterne. DR

De leur relation naîtront nombre de portraits réalisés par le maître mais aussi, et surtout, une série de nus qui fera la renommée de l’artiste. Commencée l’année de leur rencontre, en 1917, la série des grands nus se compose d’une vingtaine de toiles horizontales au sein desquelles l’artiste représente la beauté singulière de son amante, sans aucune équivoque. Tantôt allongé sur le canapé, tantôt couché sur un sofa, le corps féminin envahit l’entièreté de la toile… Si bien qu’il ne peut être représenté entièrement et qu’une partie des mains ou des pieds manque toujours à l’appel.

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Nu assis, 1917 © Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, Anvers

Alanguies, sensuelles et voluptueuses, les femmes de Modigliani, toutes inspirées de son amour pour Jeanne Hébuterne, défrayent la chronique lorsque la police décide de fermer l’exposition personnelle de l’artiste à la Galerie Berthe Weill pour atteinte aux bonnes mœurs. La raison du scandale ? La véracité de la représentation du galbe des seins, l’absence d’éléments narratifs et la présence de poils pubiens féminins.

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Le grand nu, 1919 © MOMA, New York

C’est le coup de grâce pour le peintre, dont la maladie s’aggrave alors que sa carrière est propulsée. En Janvier 1920, l’histoire se termine : Modigliani succombe à la maladie, laissant derrière lui Jeanne Hébuterne, l’amour de sa vie. Deux jours après sa disparition, Jeanne, enceinte de neuf mois de leur deuxième enfant, se défenestre de désespoir, incapable de survivre à la perte de son bien-aimé… Une relation devenue, avec le temps, un véritable symbole de l’amour passionnel.

L.M

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