Billy Besson vole au vent,

Rencontre avec le skipper en F50

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22JUIN. 2021

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Billy Besson vole au vent

Rencontre avec le skipper en F50

22 JUIN . 2021

Écrit par Patricia Colmant

On est partis découvrir les F50, ces catamarans hyper puissants qui volent sur l’eau. Oui, vous avez bien lu, qui volent. On a rencontré celui qui les domine : un Hardi, un vrai ! Passionné par la voile en multicoque, multi médaillés en compétitions internationales, le Tahitien Billy Besson est  l’un des 8 skippers à participer au circuit SailGP à bord des F50. Portrait.

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Début juin, à Tarento (Italie), l’équipe de France SailGP © Eloi Stichelbaut pour SailGP

Ce prénom, il le porte à merveille. Cet homme talentueux a un air si souriant, heureux de vivre intensément, dopé à l’adrénaline de la vitesse, à la pression des départs de régates réussis. Ses yeux sont malicieux. Enfant, il ne devait pas être le dernier à faire des sottises ! Pour autant, l’intelligence de Billy Besson, c’est d’avoir compris que le talent se cultivait, qu’il fallait sans cesse travailler pour améliorer ses performances.

 

Figurer parmi les meilleurs régatiers mondiaux

Tombé à sa naissance dans la voile, il n’a cessé d’œuvrer pour se hisser parmi les meilleurs régatiers mondiaux. Une quête couronnée en 2017 par un coup de fil d’un autre génie de la barre, le néozélandais Russell Coutts. Cinq fois vainqueur de la Coupe de l’America, le graal de la voile de compétition (dont on vous parlait par ici), le marin devenu organisateur avec la complicité financière du milliardaire américain Larry Elisson, a créé de toute pièce SailGP, un circuit international de grands prix spectaculaires à l’image de ceux de Formule 1 ou de moto.

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© Simon Bruty pour SailGP.

A l’époque, pour lancer la compétition qui se dispute dans huit grandes villes portuaires sur des catamarans volants très rapides, les F50 (15 m de long), Russel avait sélectionné des médaillés olympiques et des champions du monde, la crème mondiale de la voile sportive légère. « Un jour j’ai reçu un coup de fil : c’est Russell Coutts. J’ai répondu : Ah très drôle ! Je croyais à une blague de copain. Et puis non c’était bien lui » se souvient Billy Besson, le visage encore émerveillé par cette consécration. Pour son circuit, l’immense figure de la voile avait repéré ce grand spécialiste français du catamaran sportif : 8 titres de champion du monde à son actif dont le premier à 16 ans en Hobbie 16.

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© SailGP

 

Du trimaran à Tahiti au catamaran olympique

Billy Besson est tahitien. Né à Papeete il y a 40 ans, il vécut sur le trimaran familial jusqu’à ses 18 ans. Son père était parti à 17 ans en Californie, à l’époque ou d’autres partaient pour le Larzac ou Katmandou. Entre deux boulots, il construit un trimaran sur la plage de Santa Barbara et un jour, le met à l’eau et trace plein Est, sur le Pacifique jusqu’à jeter l’ancre en Polynésie. Il y rencontre sous les cocotiers une jeune tahitienne qui accepte de vivre sur le trimaran et qui est devenue la mère de Billy et de Jessy. « Un jour à l’école, on nous a demandé de dessiner notre maison et bien sûr j’ai dessiné le bateau de mon père. Interloquée, la maîtresse a convoqué mes parents… » raconte Billy Besson dont le terrain de jeu était l’eau turquoise du lagon.

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Billy boy, tiré des archives familiales.

Il fera ses classes en Optimist, la petite « caisse à savon » qui a initié tous les grands champions de voile dans le monde. Puis il découvre le catamaran et c’est le coup de foudre. Il va vite briller en Hobbie 16, devenir un habitué des compétitions internationales et s’envoler en métropole pour suivre ses études. Parallèlement, il poursuit sa carrière sportive et intègre l’Armée des champions (ex Bataillon de Joinville).

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En 2014, avec sa complice Marie Riou. © Franck Socha

A l’époque, il fait partie des espoirs olympiques en Tornado, un catamaran puissant. Il y reste 8 ans jusqu’à ce que cette série soit exclue de l’olympisme. Des années moins prospères en médaille jusqu’à l’avènement du Nacra 17 ( 5,10 m de long), catamaran élu série olympique mixte. Avec la championne de voile Marie Riou, il vont tout gagner pendant quatre ans.

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Tous deux intègrent l’Armée des champions en 2014. Pour Billy Besson c’est un retour dans un cadre qu’il affectionne. « Il y a une émulation positive, une bonne ambiance, que des sportifs de haut niveau dans différentes disciplines, c’est très enrichissant » déclarait-il à l’époque. Sélectionnés aux jeux de Rio Janeiro en 2016, le couple manquera la consécration olympique, Billy Besson s’étant cassé un disque. « Il souffrait le martyr mais voulait quand même courir les épreuves » raconte un ami. L’équipage français termina 6e, dans la douleur, illustrant la détermination de ce régatier qui resta deux mois immobilisé après son opération suite à l’accident.

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Le F50 de l’équipe de France  au SailGP, en Italie, début juin. © Ricardo Pinto pour SailGP.

 

Le F50, un bateau volant qui reste à maîtriser

Le retour sur l’eau en compétition à bord du F50 ? « Un changement radical » admet notre champion, habitué de la navigation à deux. Rien à voir avec la gestion de 4 équipiers sur un bateau hyper puissant et volant. Certes, l’écurie compte tout un staff. Néanmoins, « il a fallu s’y mettre très vite. Le bateau est très technique, tout est électronique. La moindre erreur est sanctionnée » et de nous dire avec humilité « ne pas être dans la maîtrise totale du bateau ».

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Le catamaran F50 de l’équipe de France du SailGP en préparation, en avril dernier. © Marin Le Roux pour SailGP

La plupart de ses concurrents ont déjà une solide pratique du F50. Cela n’a pas empêché le Tahitien de gagner une manche et de s’offrir des deuxièmes places. « C’est un vrai challenge. On doit monter en gamme tous les cinq. On n‘est pas là pour jouer les figurants ! » A l’issue d’une manche ratée, il s’injurie, s’invective mais se remotive dès que la manche suivante s’annonce. « L’homme n’est pas du genre à regarder en arrière ou à gamberger » se félicite Bruno Dubois, coach de Team France.

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Le F50 de l’équipe de France en avril dernier. © Simon Bruty pour SailGP.

Adaptable, Billy Besson l’est sûrement : lui qui a toujours vécu au raz de l’eau a épousé Marion, une montagnarde attachée à sa Haute-Savoie au point d’avoir convaincu Billy de poser son sac sur les hauteurs et de se mettre au ski à l’approche de la quarantaine ! Quand il n’est pas sur l’eau ou derrière les fourneaux car il adore cuisiner, Billy Besson crapahute sur les sentiers de randonnée et se laisse guider avec ses deux enfants par Marion. « C’est ça, le pouvoir des femmes » lance-t-il dans un éclat de rire. Rendez-vous au SailGP France les 11 et 12 septembre à Saint-Tropez.

P-M.C


Pour en savoir plus sur la prochaine course du circuit SailGP, Great Britain Sail Grand Prix, les 17 et 18 juillet à Plymouth, rendez-vous sur le site SailGP, par ici.

 

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