Billie Zangewa,

Tisser l'intimité

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05OCT. 2021

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Billie Zangewa

Tisser l'intimité

05 OCTOBRE . 2021

Écrit par Laure Martin

Récemment exposé à Paris à la galerie Templon et au Musée d’Art Moderne au sein de l’exposition The Power of My hands, le travail de Billie Zangewa ne passe pas inaperçu. Dans ses compositions textiles, parfait mélange de scènes de vie contemporaines personnelles et universelles, l’artiste conjugue beauté des matières et questionnements féministe en lien avec la représentation du corps. Et quand la splendeur artistique et artisanale s’associe à une réflexion, forcément, nous chez les Hardis, cela nous interpelle… 

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Billie Zangewa, Am I Enough , 2020, DR.

Tout commence par un dessin

Billie Zangewa est née au Malawi et grandit entre le Zimbabwe et le Botswana avant de réaliser ses études à la Rhodes University et de s’installer à Johannesburg, en Afrique du Sud. Pour elle, la volonté de devenir artiste a toujours été une évidence, et ce dès sa plus tendre enfance, lorsqu’une camarade de l’école primaire lui a montré un de ses dessins et qu’elle a ressenti le besoin de dessiner elle aussi.

Pourtant, Billie Zangewa ne se lance pas tout de suite dans une carrière artistique. Elle laisse de côté sa passion pour la couture, les tissus et la broderie pour expérimenter d’abord le secteur de la mode et de la publicité… Et se dit même profondément influencée par le magazine Vogue.

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The Power Of My Hands, © Musée d’Art Moderne de la ville de Paris 2021

 

Le tissu comme histoire personnelle

Mais c’est lors d’un passage dans la maison de son père que Billie Zangewa a une révélation et qu’elle redécouvre des morceaux de tissus laissés ici et là dans l’habitation familiale. Chacun de ces bouts de textile lui évoque alors des moments de vies passés et, véritable reflet de son histoire personnelle, elle décide de se les réapproprier afin de les utiliser comme matériau d’expression de prédilection. La tapisserie comme exutoire.

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Billie Zangewa, Domestic Scene, 2016, DR.

Dès lors, la soie ne la quitte plus. Elle se met à récupérer des chutes de tissus, de morceaux de soie brillante et colorée, glanés ici et là pour composer ses créations. De ces bandes textiles multicolores qu’elle assemble entre elles, Zangewa commence par créer des compositions animalières avant de se concentrer sur des scènes du quotidien et des autoportraits. En s’inspirant de photographies d’elle, de son mari et de leur enfant, elle livre des compositions d’apparence inachevée où se mêlent nuances de couleurs et reflets des différentes épaisseurs de tissus superposées.

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Billie Zangewa, Morning Glory, 2017, DR.

 

Être soi(e)-même

 

« J’ai l’impression que dans l’art, on essaye plutôt de représenter des moments spectaculaires et moi j’ai tendance à m’engager au niveau personnel et politique et d’approfondir ce qui semble être le quotidien mais qui en réalité représente tant psychologiquement et symboliquement de manière universelle. »

 

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Billie Zangewa, Disarming Arms, 2010, DR.

Et si la dimension politique est évoquée dans son travail c’est avant tout à travers sa volonté de représenter son corps dans des moments tirés de sa vie de couple ou de son intimité personnelle… Dans son lit ou sous sa douche, elle s’attelle à retranscrire un corps dénudé, composé de variations chromatiques intenses.

Du rouge au rose en passant par le marron et le noir, les bouts de tissus qui composent la chair du corps féminin s’entremêlent et se complètent afin de souligner les courbes et les volumes… Caché, divulgué ou faussement dissimulé, le corps féminin de Billie Zangewa rayonne toujours par sa puissance.

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Billie Zangewa, Cold Shower, 2019, DR.

Pour chaque moment d’intimité représenté, le corps féminin prend place dans une composition hors de toute temporalité Pour exemple, dans l’œuvre de Morning glory, Billie Zangewa se représente, serviette sur la tête, à demi-habillée… Ou demi-nue ?

Sans aucun indice narratif, les œuvres de l’artiste nous plongent dans son intimité, laissant au spectateur la liberté de laisser parler son imaginaire. Sortie de douche, habillage, déshabillage, volonté de séduction ou simple geste quotidien… ? A vous d’y attribuer l’interprétation de votre choix.

L.M

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