Les secrets de la maison de Gainsbourg

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16OCT. 2023

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Les secrets de la maison de Gainsbourg

16 OCTOBRE . 2023

Écrit par Christine Robalo

Il y a 32 ans, le légendaire interprète de La Javanaise s'éteignait dans son appartement du 5 bis de la rue de Verneuil. Sous la houlette de Charlotte Gainsbourg, et en partenariat avec la maison Saint-Laurent, le sanctuaire parisien du chanteur est aujourd’hui ouvert au public

 

Si comme Claude François, Serge Gainsbourg, était un artiste adulé et poursuivit par des millions de fans, contrairement au chanteur de Yé-yé, il fit le choix de rester vivre à Paris, la ville qui l’a vue naître. Lucien Ginsburg (de son vrai nom), fils de Joseph et Olga, naît à la maternité de l’Hôtel-dieu, le 2 avril 1928, en plein cœur de la capitale.

Il grandira dans le populaire 20e avant de rejoindre le 16e arrondissement où il passera -brièvement- par le lycée Condorcet. D’une école d’art à Montmartre au Cabaret de Madame Arthur, Paris a transformé le jeune Lucien en Serge le chanteur provocateur. L’artiste iconique, entretenait un lien indéfectible avec la ville lumière, qui a été le témoin privilégié de sa vie et le cadre de l’enregistrement de certains de ses albums les plus mémorables.

 

De nid d’amour à endroit culte 

C’est au cœur du prestigieux quartier de Saint-Germain-des-Prés, dans le 7e arrondissement de Paris, qu’à la fin des années 60, Serge Gainsbourg acquiert une petite maison de ville de 130 m2 datant du 18e siècle. Derrière ses hauts murs de béton et sa grille noire, l’artiste avait imaginé abriter son histoire d’amour avec Brigitte Bardot.

Mais BB qui trouvait l’endroit « trop sombre et sinistre » ne dormira pas une seule nuit rue de Verneuil. Seul témoin son passage au 5 bis, un immense portrait de la starlette en tenue d’Eve, réalisé par Sam Levin trône au sol au milieu du salon de style empire.

En 69, après deux ans de travaux, il y installera sa nouvelle compagne, une anglaise, initiale Jane B. Ils y ont vécu jusqu’à leur séparation, avec Charlotte, Kate (la première fille de Jane) et leur bull-terrier Nana.

 

Un sanctuaire où presque rien n’a bougé

Préservé par Charlotte, le 5bis est resté, comme figé. Chaque coin et recoin de la maison racontent une histoire, une époque révolue, mais pourtant toujours présente.

En pénétrant dans le grand salon au sol au dallage vénitien et aux murs tendus de feutre noir (« parce que le blanc c’est pour les maisons de fous » !), on est instantanément transporté dans le temps. Les reliques du père de Charlotte et Lulu n’ont pas bougé depuis sa disparition. Les cendriers, autrefois témoins des longues séances de réflexion et de création, débordent encore de mégots de Gitanes.

Les bouteilles de vin rouge, à moitié vides, semblent attendre une prochaine dégustation, évoquant les soirées animées qui se tenaient ici. Le piano Steinway, ouvert paraît encore résonner des accords de l’artiste.

Coté déco, c’est comme un bordel parfaitement organisé ! Les murs et le sol croulent sous les photographies, les affiches de concerts et les souvenirs de tournées qui se sont entassés année après année. Les étagères regorgent de livres, de vinyles et de disques d’or, attestant d’un héritage musical exceptionnel.

Mais c’est une fois monté à l’étage, dans l’intimité de la chambre obscurcie et feutrée qu’on a le plus l’impression de plonger dans l’intimité de l’artiste. Ici, une paire de Repetto blanches, les célèbres « Zizi »portées sans chaussette, sont soigneusement posées au pied du lit, attendant d’être enfilée par son propriétaire. Frissons assurés !

 

Parcours fléché

À l’intérieur, on ne déambule pas à loisirs. Casque géo localisé sur les oreilles, la voix de Charlotte Gainsbourg nous guide à travers un parcours dessiné, qui nous fait découvrir, sur deux étages, plus de 25 000 trésors, témoins du passé du chanteur.

25 euros (les 30 minutes) et beaucoup de patience, c’est le prix à payer pour avoir la chance d’entrer dans l’antre du chanteur fumeur de gitanes.

Les 10 000 créneaux ouverts pour les visites de la maison ont été pris d’assaut, il faudra donc attendre 2024 pour retenter sa chance !

 

Un musée et un bar que Serge aurait validé

Lot de consolation, en face, dans un ancien centre d’aquabike, au 14 rue de Verneuil, Charlotte a ouvert un musée dédié à des collections permanentes et temporaires. La première exposition temporaire revient, entre autres, sur l’histoire sulfureuse du tube « Je t’aime… moi non plus », écrite au beau milieu d’une nuit de 69, pour Brigitte Bardot, et qui a marqué à jamais l’histoire de la musique.

Petit passage -obligé- par la boutique/bibliothèque, où on se perd dans la riche sélection de livres, dont certains classiques sont tirés de la bibliothèque personnelle de Serge. On peut même s’offrir sa mythique veste à rayures tennis achetée à Londres, rééditée pour l’occasion par Saint-Laurent.

On prend le temps de faire une pause au, bien nommé Gainsbarre, un bar au décor calqué sur le 5bis rue de Verneuil avec sa moquette sombre aux motifs de pavots et de nénuphars et son piano. On y déguste un café ou des plats légers élaborés par Paris Society, et le soir venu, on y prend un verre au son de l’instrument à queue.

Comme le témoin d’une histoire qui se termine, la célèbre sculpture de Claude Lalanne « l’Homme à tête de chou » (qui inspira au chanteur un album éponyme sorti en 76), nous montre la sortie.


La maison Gainsbourg , 5bis et 14 rue de Verneuil, 75007. Paris.

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