Beau livre : Saint-Pétersbourg avec Kelly Beeman

Sans doute les études en sociologie à New York ont elles influencé les travaux de l’artiste Kelly Beeman (née en 1983). « L’art et la sociologie n’ont-ils par en commun l’observation du réel et de ce qui nous entoure ? » sourit-elle.

L’œuvre de l’artiste -dont le trait caractéristique se reconnaît dans les illustrations de mode pour de grandes maisons comme pour la presse féminine internationale- s’articule ainsi principalement autour de scènes de la vie quotidienne.

On y reconnaît, quasi-systématiquement, une figure féminine, construite avec le temps -et qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Beeman- silhouette diaphane, brune et longiligne, mutique. Elle est identifiée, car habillée : l’artiste s’inspire volontiers de l’univers de la mode pour « donner une identité ». Mais elle est aussi lointaine et énigmatique, isolée.

S’inspirant des maîtres comme Hokusaï ou, à l’opposé, d’un Warhol, Kelly Beeman a arpenté et croqué Saint-Pétersbourg pendant trois semaines à l’automne. « Artistiquement, l’exécution des paysages et des scènes de ville représentait un véritable défi. Il pleuvait souvent. En fin d’après-midi, une lumière dorée se répandait. Aussi romantique que trafique, la ville semblait habitée, presque hantée. »

S’imprégnant de la ville, de son patrimoine à sa jeunesse branchée, Kelly Beeman reconstruit des images d’après les souvenirs qu’elle a de son voyage à Saint-Pétersbourg, qu’elle mêle à ses références culturelles. La vision de la ville par l’artiste est donc toute personnelle, presque intime.

On y croise le couple mère-fille, l’une de ses thématiques favorites, qui représente parfois, selon l’artiste, une même personne à des époques et des âges différents.

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