Culture
Le voyage en Italie d’Hubert Robert
25 MARS . 2016
Décidément, le XVIIIème siècle a le vent en poupe. Après Fragonard au Musée du Luxembourg, c’est au tour du Louvre de rendre hommage à l’un de ses contemporains : Hubert Robert. Né en 1733 et décédé en 1808, ce peintre a passé une décennie à Rome, à s’imprégner des ruines antiques – ce qui lui a valu le surnom de Robert des Ruines, avant de rentrer dans une capitale parisienne bientôt embrasée par la Révolution.
Fasciné par l’architecture, il peint des toiles grandioses, autant par leur taille que par la mise en scène. Ses ruines romaines happent littéralement le spectateur dans leur majestueuse perspective. Pourtant, si ces tableaux sont inspirés par la réalité, ils ne la reproduisent pas pour autant. Les temples en ruines et les palais gigantesques représentés n’ont jamais existé dans la ville aux Sept Collines. A partir de monuments réels, Hubert Robert déforme, exagère et sublime l’espace. Les œuvres deviennent ainsi des allégories où la mort et la chute de la civilisation ne sont jamais loin. Ce voyage en Italie s’achève sur les deux toiles intitulées L’incendie de Rome, où la maîtrise des couleurs et de la perspective atteint son apogée, dans le crépitement des flammes et la fumée à l’odeur de fin de règne.
De retour à Paris, Hubert Robert continue de peindre des ruines fantasmées, avant que la Révolution française ne lui en offre de nouvelles, contemporaines cette fois : sa Bastille dans les premiers jours de sa démolition est le vibrant témoignage pictural de la fin d’une époque. Emprisonné car soupçonné d’être favorable à la monarchie (il compte nombre d’aristocrates parmi ses clients, dont il décore les hôtels particuliers de magnifiques panneaux peints), il représente la vie dans sa prison.
La très complète exposition du Musée aborde également d’autres facettes de l’oeuvre du peintre, également paysagiste : pour le Château de Versailles et surtout pour le parc du domaine de Méréville dont il agence des massifs, roches artificielles, sculptures et plantations. Là encore, la main de l’homme prend le dessus sur la nature, redessinée pour en faire un véritable tableau vivant.
Témoin d’un siècle houleux, Hubert Robert termina sa carrière en tant que conservateur au musée du Louvre. Après les destructions de la Révolution, cet amoureux des ruines voyait dans l’art un moyen immuable de reconstruire une civilisation. On partage son avis.
Louise Bollecker
Hubert Robert au Musée du Louvre
Du 9 mars au 30 mai 2016
Hall Napoléon, sous la pyramide
15 € (billet unique donnant accès aux collections permanentes et expositions temporaires), gratuit pour les – 25 ans ressortissants de l’Union Européenne.
Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 9h à 18h. Nocturnes les mercredi et vendredi jusqu’à 21h45.