Petite histoire du thé,

1/5 : aux origines, la Chine

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16MARS. 2022

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Petite histoire du thé

1/5 : aux origines, la Chine

16 MARS . 2022

Écrit par Esther Ghezzo

Il éthé temps ! Breuvage millénaire, aujourd’hui bien trop souvent galvaudé du fait de sa consommation de plus en plus croissante à travers la planète, le thé est une boisson à part qui touche au mystique. Un nectar qui nous transporte à la croisée des mondes. Il est tout à la fois un remède, un art et une « religion de l’art de vivre » comme le décrit Okakura Kakuzô. Aux Hardis, nous sommes partis à sa découverte, à travers son histoire, ses rituels, ses vertus et ses meilleurs représentants actuels. Première partie de notre opus : une petite histoire du thé.

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L’histoire du thé, d’abord un mythe

C’est une légende qui fait remonter la découverte du thé à 2737 avant J.C en Chine. L’empereur Shennong, l’auait découvert. Il est l’un des trois augustes, héros mythique de la civilisation chinoise, un dieu au corps d’homme et à la tête de bœuf. Considéré comme étant l’inventeur de l’agriculture, il serait aussi celui de la médecine traditionnelle chinoise et aurait prescrit à ses sujets de faire bouillir l’eau avant de la consommer. Bref, la légende voudrait que, se reposant à l’ombre d’un arbrisseau, il aurait fait bouillir de l’eau selon ses recommandations et la brise se levant, des feuilles se seraient détachées de l’arbre et tombèrent dans son bol. Ainsi débuta l’histoire du thé… D’autres récits, indiens ou chinois, ponctuent sa légende.

Pour autant, les premiers restes de thés identifiés à ce jour (dans une étude chinoise datant de 2021) ont été découverts dans une tombe dans la province du Shandong et nous ramènent à l’Antiquité chinoise aux alentours de 400 ans av. J.C, ce qui nous conduit environ 2400 ans avant le XXIe siècle ! C’est ensuite au Tibet, en Corée puis au Japon que la fabuleuse plante poursuivra sa conquête des corps et des âmes avant de faire chavirer les palais occidentaux, toujours avides de nouvelles modes comme de nouveaux marchés.

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Aux origines du thé, la Chine

Au Ve siècle avant notre ère, un disciple de Lao-Tseu servait déjà du thé à ses hôtes. Sous Confucius, au VIe siècle avant J.C., le thé est déjà mentionné, non sous le caractère actuel Cha (thé), mais Tu qui peut correspondre à plusieurs herbes. Ce même caractère était déjà employé au XIIe siècle avant J.C. dans le Er’ya, un ancien dictionnaire chinois, mentionnant son usage en infusion dès la dynastie Zhou (1046 av. J.C). Les origines du thé dans la pharmacopée comme dans l’art de recevoir sont donc bien ancestrales, mais il est en réalité assez difficile de dater définitivement les premières consommations de thé, car les légendes, les récits historiques et les fouilles archéologiques ne nous conduisent pas aux mêmes conclusions.

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En revanche, s’il y a une chose dont on est sûrs, c’est que le thé était consommé en Chine plusieurs siècles avant notre ère, par la noblesse, et qu’il devint au fil des siècles un moteur d’expansion économique pour l’Empire Céleste tout autant qu’une boisson dont la dégustation était médicinale, spirituelle et sociale. C’est sous la dynastie des Jin (265-420 ap. J.C) que les moines bouddhistes boivent du thé comme aidant à la méditation et à maintenir l’éveil, et les taoïstes comme un élixir d’éternité.

Il existe ceci dit trois écoles chinoises du thé qui codifient la façon dont il doit être consommé et font prendre forme à cette incroyable culture du thé. La première, rattachée à la dynastie des Tang (618-907), la seconde rattachée à la dynastie des Song (960-1279) et la troisième rattachée à la dynastie des Ming (1368-1644). Okakura Kakuzô dans son Livre du thé (1906) les définit comme classique, romantique et décadente.

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Le thé compressé, le thé fouetté et le thé infusé

Sous les Tang (du VIIe siècle au Xe siècle), il s’agit d’une forme de thé bien éloignée de la façon dont nous le consommons la plupart du temps aujourd’hui. Le thé est façonné sous forme de boulette, de brique ou de gâteau (comme on le consomme aujourd’hui encore au Tibet avec un petit supplément de beurre). Rôti devant le feu, il s’attendrit et il est alors pulvérisé. Aux premiers frémissements de l’eau, du sel y est ajouté, puis aux premiers bouillons le thé. Pour finir un peu d’eau froide. On y ajoute parfois du gingembre, des oignons, des zestes d’oranges, des aromates -une pratique qui peut encore être d’usage de nos jours.

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Sous les Song (du Xe siècle au XIIIe siècle) le thé n’est plus solide mais consommé sous la forme d’une poudre que l’on bat afin de la rendre mousseuse. Cette forme et cette méthode sont celles qui sont aujourd’hui encore célébrées dans la cérémonie japonaise du Cha no yu et la préparation du thé matcha. Par ailleurs, l’Empereur Song Hui Zong, « l’empereur du thé », grand amateur d’art et de poésie, écrira lui-même un essai sur les espèces de thé et élèvera le thé blanc au rand de plus rare et de plus précieux. La consommation sous forme de feuilles commence aussi à se populariser.

Enfin sous les Ming (du XIVe siècle au XVIIe siècle) le thé est consommé d’une façon très proche de celle que nous connaissons aujourd’hui (ce qui s’explique tout simplement par le fait que c’est à cette époque-là qu’il est introduit en Occident), c’est-à-dire en infusion des feuilles suite à un décret impérial mettant fin à la compression du thé.

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Une distinction sociale et un commerce de thé florissant

C’est sous la dynastie des Tang que l’art chinois du thé s’élabora, de la culture du Camellia sinensis, à la transformation de ses feuilles et enfin à sa préparation.

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« Il fallut tout le génie de la dynastie Tang pour affranchir le thé de sa condition frustre et le mener à son idéalisation définitive. » – Okakura Kakuzô

 

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Le thé fait par ailleurs partie des produits taxés par l’état comme le sel et l’alcool et devient donc un véritable enjeu économique. Il fait l’objet d’un tribut dont doivent s’acquitter les paysans -il est alors consommé par le peuple comme par la Cour. Bien sûr, c’est notamment dans ses variétés et qualités, son mode de préparation et de consommation que les classes sociales marquent leurs différences. Au travers de l’expansion géographique de la dynastie des Tang et de par le développement des échanges commerciaux, la précieuse boisson sera ensuite disséminée aux peuples nomades tibétains, aux Mongols, aux Tartares et même aux Turcs. Mais ça, c’est un autre chapitre, dont on vous parlera dans notre prochain article consacré à l’histoire du thé…

E.G


Un livre ? Okakura Kakuzô –  Livre du thé (1906)

Un thé ?  Un Pu Erh cuit à La Maison des Trois Thés de Maître Tseng (il s’agit de la plus grande cave à thés du monde, vous y trouverez de très grands crus de thés. Fondée par Yu Hui Tseng, dîte Maître Tseng, le lieu est absolument magique, hors du temps.)

 

Retrouvez dans l’ordre tous les articles sur l’histoire du thé sur leshardis.com :

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