Petite histoire du thé,

3/5 Après la Chine, l’expansion

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13AVR. 2022

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Petite histoire du thé

3/5 Après la Chine, l’expansion

13 AVRIL . 2022

Écrit par Esther Ghezzo

Il éthé temps ! Breuvage millénaire, aujourd’hui bien trop souvent galvaudé du fait de sa consommation de plus en plus croissante à travers la planète, le thé est une boisson à part qui touche au mystique. Un nectar qui nous transporte à la croisée des mondes. Il est tout à la fois un remède, un art et une « religion de l’art de vivre » comme le décrit Okakura Kakuzô. Aux Hardis, nous sommes partis à sa découverte, à travers son histoire, ses rituels, ses vertus et ses meilleurs représentants actuels. Après les origines du thé et les cérémonies du thé, on poursuit notre exploration avec son expansion.

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L’expansion du thé en Asie : la Corée et le Japon

Si la Chine est la civilisation mère du thé, son essor en tant qu’Empire dans toute la région par des biais commerciaux ou bien religieux contribua grandement à la propagation du précieux élixir de vie. Le thé fut importé au Tibet via les caravanes au VIIe siècle sous les Tang, puis échangé contre des chevaux nécessaires aux armées de la Chine impériale au XIe siècle sous les Song : c’est une véritable route du thé (et des chevaux) qui se dessine donc dès le Moyen Âge.

 

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Ceci dit, c’est la Corée qui joue dès cette période un rôle important dans les échanges et le développement de la culture du thé entre la Chine et le Japon. Sa situation géographique charnière l’explique aisément. Le thé y fut, selon les sources, introduit entre les VIIe et IXe siècles. Et devint là aussi une boisson royale. Les échanges culturels entre les érudits coréens, l’Empire Chinois et le développement du bouddhisme favorise le développement des plantations et de la consommation de thé. 

 

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Au IXe siècle, voilà que le thé est introduit au Japon par le biais de deux moines bouddhistes, qui apportent les premières graines ou pousses de théiers sur l’archipel nippon. Notons que plusieurs lettrés et ambassadeurs japonais envoyés en Chine avaient déjà initié le Japon à la consommation du thé via des récits et des peintures au siècle précédent. On vous en parlait à l’occasion de notre découverte de la cérémonie du thé, il y a beaucoup à dire sur la culture du thé au Japon… Qui la doit toutefois à la Chine, nation originelle du thé !

 

Caravanes et Route de la Soie

Via la Route de la soie, le thé est lui aussi transporté par les caravaniers, de l’Asie centrale en passant par l’Iran et le Caucase. Les populations turco-mongoles, les nomades de Sibérie consomment le thé sous forme de briques comme c’était le cas sous les Tang, et proche de la façon dont les Tibétains le boivent encore aujourd’hui. 

 

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L’Asie centrale voit donc se développer dans ces steppes une véritable consommation du thé. C’est par le biais des Tatars que les russes apprécieront cette fabuleuse boisson et l’introduiront petit à petit dans leur culture, dès le XVIIe siècle dans les grandes villes et progressivement dans le reste du pays au XIXe siècle. 

 

L’introduction du thé en Occident

Déjà « connu » des Occidentaux car évoqué par des érudits, comme le vénitien Giambattista Ramusio en 1529, le thé reste une mystérieuse plante aux vertus médicinales consommée par les Chinois. Ce sera par l’intermédiaire des Portugais qu’il sera introduit en Occident, au comptoir de Macao, faisant face à la ville de Canton, dès la fin du XVIe siècle. 

 

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Puis, la Dutch East Company hollandaise introduit le thé dans le pays dès 1606, avant que son réel usage en Hollande ne soit mentionné en 1637. Il est là aussi prescrit pour ses vertus médicinales, comme il le sera en France et en Angleterre. Bien sûr il reste une boisson réservée à l’élite que se targuent de boire des personnes en vue comme, en France, la Marquise de Sévigné ou le cardinal de Mazarin. 

 

Le thé, devenu une grande passion britannique

Impossible d’évoquer l’histoire du thé en Europe sans mentionner le rôle des Anglais dans sa popularité et le développement d’une réelle culture anglo-saxonne du tea-time. Dès le XVIIe siècle Thomas Garraway marque le coup d’envoi d’immenses success stories liées au développement florissant de ce nouveau commerce, en organisant notamment, dans sa maison de thé londonienne, des ventes aux enchères de thé. Rappelons au passage que c’est à nos chers Rosbifs que nous devons la mode des cafés, bien avant leurs homologues français. 

 

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Il y aurait aussi fort à dire sur les courses incroyables des tea clippers une fois que l’East India Company perdit son monopole sur le marché du thé ou encore la Boston Tea Party, mais tout ça, c’est une autre histoire… Alors on ne vous en citera qu’une : il serait aussi bien triste de ne pas mentionner, même brièvement, le rôle du fantastique Robert Fortune, botaniste et aventurier écossais au service de Sa Majesté qui …déroba des plants de théiers pour le compte de l’East India Company afin de développer et de rendre pérenne la production de thé indienne. Et à qui nous devons bien d’autres merveilles comme l’introduction en Europe du kumquat, de variétés florales comme les pivoines, ou encore la création de concours de fleurs organisés par les jardins botaniques.

 

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Lassés des conditions de leur commerce du thé avec les chinois, les Anglais domineront commercialement l’Empire du Milieu « grâce » aux ravages de l’opium. Et développerons plus tard un commerce florissant en implantant le commerce du thé en Inde au XIXe siècle (dans la région de l’Assam, où il existait par ailleurs des théiers sauvages, puis dans la région de Darjeeling) et enfin à Ceylan. Eh oui, de l’Empire céleste aux cottages anglais, des tables royales à celles de nos salons, l’histoire du thé est une passionnante et vaste épopée, dont la connaissance approfondie est sujette à des études interminables, où se mêlent les intrigues botaniques, commerciales, philosophiques et religieuses, et bien sûr géo-politiques. Stay calm and drink tea. Après tout, faudrait-il s’attendre à moins quand l’on évoque l’élixir de vie, tel que le nommait Lao Tseu ? 

E.G


Un livre ? Yu Lu, Le Cha Jing ou Classique du thé année
Une étude ? Arnaud Bachelin, L’heure de véri-thé – Une archéologie du thé  (2017)
Un thé ?

 

Retrouvez dans l’ordre tous les articles sur l’histoire du thé sur leshardis.com :

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