La Normandie, hors des routes toutes tracées

LA TERRE :  FORÊT, CRÊPES ET BAIN NORDIQUE

Première étape d’un week end en Normandie et d’un périple jalonné de découvertes : la Maison Villeneuve, installée à 35 minutes au sud de Caen, dans un bel écrin de verdure. C’est une nouvelle adresse qui redéfinit les codes de l’hôtellerie “nature”, ni hôtel, ni vraiment chambre d’hôtes. A l’origine du projet : Juliette et Richard, un couple de trentenaires fuyant la capitale après des années dans l’événementiel et la communication, pour retourner dans leur Normandie natale. On retrouve, au sein d’un domaine qui borde une immense forêt : d’un côté, le château pouvant accueillir jusqu’à 14 hôtes, et de l’autre deux lodges design (bientôt trois), pour une délicieuse mise au vert.   

Les lodges que nous avons eu la chance de tester ont été dessinés par le couple de passionnés dans un esprit résolument contemporain, puisant l’inspiration dans l’imaginaire scandinave. Pensés comme des cocons, ils offrent chacun deux chambres, literie hôtelière, une cuisine équipée, un grand salon qui fait face à une immense baie vitrée, la campagne pour seul écran.

Le must ? Le bain nordique chauffé au bois, ouvert sur les champs… bonheur de bouillonner à 40 degrés sous cette fine pluie normande. Mieux qu’une chambre d’hôtel avec jacuzzi privé, un paradis serein où l’on se sent bien et où, manifestement, il peut être bon de ne rien faire… Comme une envie de ralentir le pas. 

Le matin, le petit-déjeuner vous sera livré à l’heure de votre choix, sur le pas de porte. Et le soir, un généreux plateau cuisiné par vos hôtes épicuriens, faisant la part belle aux bons produits frais. Alternative pour (plus) grandes tribus, lieu de choix pour événements réussis en famille ou entre amis : le Château, décoré avec goût. Un ancien pavillon de chasse du XVIIème siècle agrandi au XIXème, devenant alors le Château de Villeneuve, propriété de la comtesse de l’époque. La comtesse ? Parlons-en ! Cette dernière fit bâtir une réplique de Notre Dame de Lourdes, une grotte surprenante nichée au fond des bois à une dizaine de minutes à pied de la propriété. A découvrir ! 

Séjourner au Château, c’est profiter de l’intimité et du confort d’une propriété privée, louée dans son intégralité. Plus de 450m2 : sept chambres, une cuisine familiale où l’on s’imagine volontiers mitonner un festin royal, un salon pour se prélasser autour du poêle à bois, une piscine pour profiter des soirées l’été…  C’est un peu la maison de campagne fantasmée, mais sans devoir assumer les galères parfois associées. 

En explorant la région, vous serez naturellement amené à arpenter la Suisse normande, région pittoresque et méconnue (car à s’y méprendre, il y a des montagnes en Normandie et des points de vue à couper le souffle – oui, oui !) À ne pas manquer : Clécy, perchée en surplomb de l’Orne avec son aqueduc, ses magnifiques paysages d’escarpements rocheux, ses guinguettes qui font bon ménage le long du fleuve et une flopée de récréations sportives : via ferrata, canoë, randonnées, parapente, VTT…

Chemin faisant, arrêt impromptu à “La Route des crêpes”.

Le nom de l’adresse ne nous trompera pas : on vient ici pour boulotter galettes salées et crêpes sucrées. Dans cette adresse nichée dans un petit bourg d’une soixantaine d’habitants, Vincent officie en salle, Carole en cuisine. Ode à la convivialité et au fait-maison. Un sans faute pour la galette complète. Un accueil adorable. Et une mention spéciale pour les cidres et les bières, de qualité. 

LA MER : CABOURG, CIDRE ET BISTRONOMIE

Quelle belle idée de prolonger sur la côte notre exploration normande. Incontournable, Cabourg invite aux vacances : plages à perte de vue, panorama baigné de lumière, brise marine… 

Au programme ce matin-là : passage au marché aux poissons de Dives-sur-Mer, flânerie balnéaire le long de la côte, errance portuaire et doux bruits des haubans, char à voile parmi mouettes en pagaille. Pour ne pas rester sur sa faim, dimanche midi oblige : indispensable poulet rôti / pommes de terre (courez pour cela chez le rôtisseur des Halles de Cabourg, et pas trop tard si vous voulez avoir votre chance de harponner l’un des derniers gallinacés dont la peau croustillante, la chair ultra-tendre et le jus dément vous donneront, une fois à table, des envies de reviens-y). Pour le dessert, ne pas manquer Dupont, institution locale pour rafler quelques madeleines, les meilleures de la ville, hommage à Proust, qui avait fait de Cabourg l’une de ses villégiatures privilégiées. 

Après une sieste (plus ou moins) méritée, à une vingtaine de minutes au sud de Cabourg, direction le pays d’Auge, là où les vergers champignonnent, le cidre pétille et les fermes à colombages défilent. On apprécie sans fourvoiement s’enfoncer (voire se perdre) dans une jolie campagne, sillonnant le bocage normand où le pommier semble roi. Toute l’âme d’un territoire.

Et parmi les exploitations qui jonchent la (localement) bien connue “Route de Cidres”, l’une d’elles s’est taillée une jolie réputation auprès des locaux ou touristes de passage : la ferme cidricole familiale Desvoye, située à Saint-Aubin-Lebizay, tout près de la coquette bourgade de Beuvron-En-Auge. Cidres et calvas sont produits dans les règles de l’art, selon la recette transmise de génération en génération. Coups de cœur successifs pour le pommeau (cet apéritif local obtenu de l’acoquinage de jus de pommes non fermenté et de calvados) et le cidre extra-brut. On repart le coffre plein et la tête bien faite, après la visite pédagogique. 

De retour à Cabourg, détour par sa voisine Houlgatte pour le dîner. Nous irons donc gobichonner aux Passantes, où l’on nous promet une cuisine bistronomique de marché et des produits de saison. Aux fourneaux, Maxime Lehoucq, chef passé par plusieurs jolies tables parisiennes. 

Pour déclencher les hostilités, en entrée, choix difficile: le ceviche de daurade, leche del tigre, pickles d’oignons et herbes fraîches, affronte en duel un œuf parfait blotti dans un velouté de champignons, croûtons aillés.  S’ensuit un pavé de thon snacké au poivre flanqué d’un houmous épicé, pesto de roquette et tomates cerises confites. Bouquet final : tatin de pommes bien fondantes, abouchées sur un palet au sarrasin croustillant, crème crue. C’est très, très bon. Et avec un menu à 30€, le rapport qualité-prix est excellent. La carte resserrée laisse supposer un renouvellement permanent.

Bref, bon nombre de cases sont cochées et l’on comprend que l’adresse ouverte en 2020 ait rapidement remporté les suffrages. 

Voilà l’ultime chapitre de notre virée normande. Loin des routes toutes tracées, où se sont succédées pauses gourmandes et haltes dépaysantes. Libre à vous pour la suite de rentrer au bercail ou bien de prolonger le moment : à l’ouest sur la côte bretonne, ou en remontant vers la côte d’Albâtre. 

Maison Villeneuve
14220 Donnay
Lodge à partir de 220€ la nuit, Château à partir de 4900€ la semaine.  

La Route des Crêpes
14690 La Pommeraye

Ferme cidricole Desvoye
D146, 14340 Saint Aubin Lebizay

Dupont avec un thé
6 Avenue de la Mer, 14390 Cabourg

Les Passantes
41 Rue des Bains, 14510 Houlgate
Menu à 30€ (entrée-plat-dessert)