Les 5 metteuses en scène qui révolutionnent le théâtre français

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27MARS. 2024

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Les 5 metteuses en scène qui révolutionnent le théâtre français

27 MARS . 2024

Écrit par Stephane Durand

Longtemps invisibilisées, les metteuses en scène prennent désormais les rênes du spectacle vivant. À l’heure où Virginie Despentes s’exerce pour la première fois à cet exercice de haute voltige, lever de rideau sur cinq talents à suivre de près, à Paris comme en tournée.

©Christophe Raynaud de Lage

Pauline Susini, l’art engagée 

Un tramway nommé désir. Il en faut du cran pour se lancer à la conquête de ce légendaire mélodrame écrit par Tennessee Williams. Un défi relevé haut la main par Pauline Susini qui signe une mise en scène radicale, reflétant les engagements de celle qui a fondé sa compagnie de théâtre Les Vingtièmes rugissants en 2008. À l’affiche à Paris depuis le 31 janvier dernier, la pièce offre à Cristiana Reali un rôle à la hauteur de son talent. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les deux artistes collaborent ensemble puisque la comédienne doit à Pauline Susini un autre rôle iconique, celui de Simone Weil qu’elle a interprété durant trois saisons au théâtre Antoine en 2021. 

Pauline Susini © Audoin Desforges

La metteuse en scène présente, depuis janvier dernier, un autre projet ambitieux : celui des Consolantes, une pièce qui revient sur la tragédie du Bataclan et pour laquelle Pauline Susini a assisté au procès des attentats. Paroles de rescapés et de victimes irriguent ce spectacle, construisant un peu plus l’œuvre de Pauline Susini qui n’a de cesse de se servir du passé afin de réparer notre présent.


 Un tramway nommé désir, jusqu’au 28 Avril théâtre des bouffes parisiens (75002).
 Les consolantes, le 16 mars 2024, l’ECAM, Kremlin-Bicêtre

 

Léna Bréban : showgirl

Dans la plus pure tradition de l’entertainment, Léna Bréban maîtrise aussi bien la mise en scène que le jeu. Rien d’étonnant lorsqu’on regarde le parcours de celle qui est partie vivre aux USA afin d’étudier à la High School For Performing and Visual Arts. Passionnée de spectacle vivant, sous toutes ses formes, elle remporte en 2022 le Molière du metteur en scène pour sa pièce Comme il vous plaira (de William Shakespeare excusez du peu).

Lena Breban

On la retrouve cette année aux commandes d’une nouvelle création inspirée de la vie de Colette, femme dont la metteuse en scène admire la liberté, avant de se plonger dans son nouveau projet : l’adaptation du roman, graphique Peau d’homme, dans lequel une jeune femme a le pouvoir de revêtir une peau masculine et découvre un autre pan de la société, ainsi que différents amours et sexualités. Un ambitieux projet qui n’empêche pas Léna Bréban de plancher, au même moment, sur l’adaptation du Mariage de Figaro avec Philippe Torreton. Quand on vous dit que les femmes savent tout faire!


 Music-hall Colette, jusqu’au 27 avril au théâtre Tristan Bernard (75008)

 

Rebecca Chaillon, la voix de l’afroféminisme

Née à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, Rebecca Chaillon devient vite une figure incontournable d’un théâtre se déjouant des normes, n’ayant pas peur de bousculer son public. Militante queer assumée et figure de l’afroféminisme, elle évoque, dans son spectacle Carte noir nommée désir (joué à l’Odéon fin 2023), le désir féminin dans l’imaginaire colonial ainsi que les systèmes de domination et d’invisibilisation des femmes noires. Sur scène, huit comédiennes noires et afrodescendantes ; Dans la salle, les spectatrices noires sont invitées à se placer dans un espace qui leur est imparti, mettant en lumière sur et en dehors de la scène le racisme dont souffre les femmes racisées.

Rebecca @Su Cassiano

Un parti pris radical qui vaut à la metteuse en scène d’origine Martiniquaise et qui a passé son enfance en Picardie de nombreuses critiques, tandis que d’autres salueront son bagout. Celle qui confie vouloir « décoloniser son art » a fondé, dès 2006, sa compagnie Dans le ventre, et ne cesse, depuis, d’interroger notre perception des identités, comme dans son spectacle Plutôt vomir que faillir. Côté public, il n’a jamais été aussi bon d’être bousculé tout en restant assis.


Carte noire nommée désir, les 25 et 26 avril au théâtre Malakoff scène nationale
Plutôt vomir que faillir, en tournée jusqu’en mai 2024 (26 avril au théâtre au fil de l’eau à Pantin)

 

Johanna Boyé : protéiforme

Il n’est jamais trop tôt pour transmettre sa passion. Le père de Johanna Broyé l’a bien compris en emmenant sa fille âgée de 9 ans assister à une représentation de la pièce phare de Koltès, Dans la solitude des champs de coton, mise en scène par Patrice Chéreau. Depuis, Johanna Boyé vit pleinement son amour du théâtre, et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. En 2023, trois de ses créations sont nommées aux Molière dont Je ne cours pas, je vole qui enchante le public en abordant un sujet que l’on voit peu dans le spectacle vivant : le sport. Élodie Menant y interprète Julie, une athlète qui s’apprête à disputer la demi-finale du 800 mètres des Jeux Olympiques, mais dont la course sera semée d’obstacles.

Johanna Boye © Nathalie Mazeas

La vie des ouvrières en 1917, une adaptation personnelle de la reine des neiges ou une mise en lumière de Magda, l’épouse de Joseph Goebbels : aucun sujet n’effraie Johanna Boyé. Preuve en est, elle s’essaie même à la comédie en mettant en scène, en 2020, les spectacles de Virginie Hocq et d’Éric-Emmanuel Schmitt. Celle qui décrit son style scénique comme un travail « dynamique et corporel » n’est pas avare en référence, avouant volontiers puiser son inspiration dans les œuvres d’Ariane Mnouchkine ou de Lilo Bauer. Ce dont on est certain, c’est que l’œuvre singulière de Johanna Boyé ne mérite aucune comparaison.


Je ne cours pas je vole en tournée dans toute la France jusqu’au 4 juin 2024 

 

Justine Heynemann, passeuse d’histoire

« J’ai découverte Cookie Müller à un moment où justement, j’étais totalement fatiguée des a priori, des choses qui étaient courues d’avance. » confie Justine Heynemann au micro de France Inter. Elle met en scène la vie de cette artiste inclassable, à la fois muse de John Waters et amie de Nan Goldin,icône de la contre-culture américaine et jouée avec brio par la comédienne Éléonore Arnaud. Tout comme son héroïne, Justine Heynemann ne s’interdit rien, elle adapte aussi bien des romans jeunesses que des bandes dessinées, et ne cesse d’écrire afin de partager avec le public le destin de ses personnages extraordinaires.

Justine Heynemann

Passée par le cours Florent, elle se dirige vite vers la mise en scène, préférant rester dans l’ombre afin de mettre en lumière des destins exceptionnels, comme dans Culottées, d’après la bande-dessinée de Pénélope Bagieu dans laquelle l’autrice dresse le portrait de personnalités féminines atypiques, de Joséphine Baker à Clémentine Delait. Dirigeant la compagnie de théâtre Soy Création, Justine Heynemann prépare actuellement un projet autour d’une autre figure féminine qui mérite toute notre attention, celle d’Olympe de Gouges, pionnière du féminisme, injustement guillotinée en 1793. Nul doute que la metteuse en scène nous prouvera encore une fois qu’il n’est jamais trop tard afin de réhabiliter les grandes figures de l’histoire.


Cookie, jusqu’au 20 avril au théâtre de la Huchette (75005)

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