Hôtels & Chambres d'hôtes
Où dormir et que visiter dans la vallée de la Loire ?
06 MAI . 2025
Tour d’horizon de cinq domaines et châteaux historiques incontournables de la vallée de la Loire dans lesquels on peut dormir. Départ imminent pour un road trip royal !
Le Château de Chambord, portrait de pierre de François 1er
Le road trip commence à Chambord, bijou architectural de la Renaissance. Né en 1519 de la volonté de François 1er pour asseoir un règne naissant, et complété par son fils Henri II avant qu’il ne passe la main à Louis XIV, le château mêle le langage architectural défensif de l’époque médiévale et influences stylistiques de la Renaissance italienne. Les tours massives, les loggias et autres coquillages de Vénus se fondent ainsi avec les entrelacs de F et de salamandres sculptées. Si la thèse de Léonard de Vinci architecte est aujourd’hui écartée, le plan du château n’en reste pas moins un coup de génie théosophique.
© Château de Chambord
Au cœur du projet, les transepts de la croix grecque se télescopent en un escalier à double révolution, centre de toutes les attentions qui permet de garder un œil sur le ballet des courtisans, tout en les invitant à grimper plus près du divin. Un conseil: réservez une visite avec un guide : les salles, spartiates pour la plupart (le roi se déplaçait avec ses meubles) prennent vie sous leurs explications d’experts… avec en bonus un accès aux combles et autres pièces secrètes inaccessibles en visite solo. Des expositions régulières portent également le site classé Patrimoine mondial de l’Unesco dans le monde contemporain, à l’image du moine vitrailliste Kim en Joong, qui célèbre la lumière dans une installation éphémère ouverte jusqu’au 31 août.
Château de Chambord
41250 Chambord
Traitement royal au Relais de Chambord
Face au château, l’ancien relais de poste, qui tenait les chevaux prêts à partir avec les précieuses missives, est transformé en hôtel en 1850. Classé Monument historique, Le Relais de Chambord est posé dans la plus vaste réserve naturelle close d’Europe, étendue sur 5 440 hectares – la même superficie que Paris intramuros ! En journée, la promenade autour de l’établissement est jalonnée de nombreuses plateformes d’observation, parfaites pour admirer la faune et la flore locales. Partez à pied ou en vélo électrique le long du Cosson jusqu’à l’observatoire de la Canardière, qui offre une vue magique digne de la Belle et la Bête…
© Relais de Chambord
Le site a d’ailleurs inspiré le fameux Disney. Le soir venu, alors que le public a quitté les lieux, on suit – prudemment – la trace des sangliers, cerfs et autres gibiers qui abondent dans les environs. À l’heure du dîner, le restaurant Le Grand Saint-Michel accueille les invités de marque et les grands romantiques qui veulent prolonger le séjour enchanté. On déguste des plats de saison dans un décor raffiné de nappes blanches, ou al fresco en terrasse les journées ensoleillées. Refait à neuf par l’architecte Jean-Michel Wilmotte il y a quelques années, l’hôtel est pensé comme un luxueux nid douillet, qui dégage une atmosphère de cocon chaleureux. On opte pour une chambre qui donne directement sur le château, dont la vue imprenable devrait offrir de doux rêves d’épopées royales.
Le Relais de Chambord
Place Saint-Louis, 41250 Chambord
Chaumont-sur-Loire, entre art et jardins
À 35 km à l’ouest de Chambord, le domaine de Chaumont-sur-Loire surplombe la Loire dans un majestueux écrin paysager. Construit au XVe siècle sur les ruines de la forteresse de la famille d’Amboise, rasée par Louis XI, le château est acheté par le reine Catherine de Médicis en 1550. À la mort d’Henri II, cette dernière l’échange à Diane de Poitiers (favorite du roi défunt) contre le château de Chenonceau. Dernière propriétaire privée, au XIXe siècle, la princesse de Broglie dédie les lieux aux arts et à la fête. Passé dans le domaine public, Chaumont accueille désormais les férus de jardins venus profiter d’un festival réputé à l’international, à partir du mois d’avril. La Saison d’Art fait également la part belle aux artistes contemporains, avec des œuvres disséminées sur tout le site, et dont certaines sont devenues permanentes au fil des années.
© Domaine de Chaumont sur Loire
On fait une pause dans la forêt de cloches de Jannis Kounellis, la grotte de Miquel Barceló ou encore l’arbre aux échelles de François Méchain, clin d’œil aux revendications proto-syndicalistes du bouffon du roi dans le roman d’Italo Calvino, Le baron perché. L’édition 2025 accueille des propositions tout aussi oniriques, comme les « mémoires visuelles accumulées » du peintre Yann Lacroix, qui offre une exploration archéologique de la surface picturale aussi belle que troublante. Les plumes d’oiseaux conteuses d’histoires, d‘Olivier Leroi, et les collages flottants de Claire Trotignon valent également le coup d’œil. Dans la grange aux abeilles, les jeux d’ombre portés par l’ange de bois de Nicolas Alquin plongent le spectateur dans une mythologie revisitée.
Domaine de Chaumont-sur-Loire
Le Château, 41150 Chaumont sur Loire
Le Belle au Bois des Chambres
En contrebas du domaine, le Bois des Chambres propose des habitations lovées en pleine nature. Les rangées de cabanons disposent d’une lumière traversante, tamisée par les enfilades de drapés qui mènent jusqu’au lit XXL… pensé pour être confortable des quatre côtés ! Par la fenêtre, les plans de tomates rythment les saisons sur le jardin intérieur, tandis qu’à l’opposée, le ballet des tournesols scande les heures du jour en plein été. Les repas se prennent dans Le Grand Chaume, sous le chapiteau céleste transpercé de flèches de Cupidon dorées.
© Le Bois des chambres
Dans l’assiette, les mets sont élaborés avec un amour visible des ingrédients et de la nature, dans un équilibre subtil de saveurs saisonnières. La truite de Bretagne et les moules sont un vrai régal ! Au petit matin, on s’installe sur la terrasse, les yeux portés par le va et vient des carpes japonaises qui bullent tranquillement dans le petit étang. On s’arrête également devant la cabane de Vincent Laval, artiste invité de la Saison d’Art 2025. Fabriquée à partir de branches de châtaigniers patiemment glanées lors de promenades en forêt, l’installation décale le regard pour interroger la splendeur et la fragilité du vivant.
Le Bois des Chambres
328 Queneau, 41150 Chaumont-sur-Loire
Le château du Rivau, de cape et d’épée
Le road trip continue vers l’ouest en direction de Lémeré. Classé Monument historique, le château du Rivau est une fortification typique du XVe siècle, avec son plan quadrangulaire flanqué de tours circulaires et d’un pont-levi, le tout entouré de douves sèches creusées dans la roche de tuffeau. Acheté par un restaurateur de monuments et une férue d’art contemporain dans les années 1990, le lieu retrouve ses lettres de noblesse grâce à une grande campagne de réfection qui lui permet d’ouvrir aux visiteurs. Se promener dans le domaine évoque le temps des preux chevaliers partis guerroyer sous le flambeau des rois de France, à l’image de François de Beauvau, successeur du fondateur du château et ancien Capitaine de François 1er.
© Château de Rivau
C’est aussi ici que Jeanne d’Arc est venue chercher ses chevaux pour le siège d’Orléans, ou encore que François Rabelais a imaginé le don de Gargantua au Capitaine Tolmère. Dans les salles, l’accrochage contemporain célèbre le goût pour les cabinets de curiosités de la famille Beauvau, revu par l’œil et les œuvres de la propriétaire Patricia Laigneau. On note une Jeanne d’Arc de Pierre et Gilles, une paire de brouettes humanisées signée Pierre Ardouvin, et dans les jardins, les bottes géantes dépareillées de Lilian Bourgeat. Pour les curieux, le pressoir affiche une frise qui retrace l’histoire du site et sa restauration.
Château du Rivau
9 Rue du Château, 37120 Lémeré
L’hôtel du château, pour dormir comme la princesse au petit pois
Pour prolonger l’univers bucolique des contes de fées la nuit tombée, réservez une table au Jardin Secret, sous la tonnelle d’où sont suspendues de nombreuses plantes vertes. Attablés côté château ou côté ruisseau, il n’y a pas de mauvais choix ! Le menu gastronomique est élaboré par le chef Andrea Modesto (formé chez Joël Robuchon) avec des produits locaux, principalement sourcés en cycle court. Les garnitures et fleurs varient également en fonction de la récolte du jardin potager. Lors de notre passage, l’artichaut braisé farci d’oignons, poitrine de porc fumée et parmesan, avec son bouillon et huile de chorizo incarnent parfaitement l’équilibre entre la richesse du terroir et la finesse de la cuisine contemporaine.
© Château du Rivau
Mention spéciale pour le pain maison, élaboré à partir d’un mélange de farines locales de céréales anciennes. Après une promenade digestive pour admirer le château sous les étoiles, on regagne les chambres dans les tours défensives pour une expérience immersive totale… a moins d’opter pour une nuité dans les anciennes écuries, situées juste en face, et dont les fenêtres ouvrent directement sur la bâtisse historique. Notre chambre préférée : l’immense suite Roi René, qui dispose d’un salon et d’un lit à baldaquin installé dans une alcôve, que l’on dirait tout droit sorti d’un roman de cape et d’épée. À l’étage, la salle de bain boisée dispose d’une coiffeuse design, avec une large baignoire-jacuzzi.
Château du Rivau
9 Rue du Château, 37120 Lémeré
L’Abbaye royale de Fontevraud, la nécropole des rois
Fondée en 1101 par un prédicateur de la règle de Saint-Benoît, l’abbaye mixte s’ouvre sur 13 hectares, et devient la plus vaste cité monastique d’Europe. À partir de 1189, elle devient la nécropole royale des Plantagenêts et abrite les sépultures d’Henri II, Aliénor d’Aquitaine et Richard Cœur de Lion, dont on peut admirer les gisants dans l’immense église abbatiale. Souvent dirigée par des abbesses, le site se rapproche du pouvoir royal au XVIIe siècle avec Gabrielle de Rochechouart, la sœur de Madame de Montespan, favorite de Louis XIV. Les filles cadettes de Louis XV y feront d’ailleurs leur éducation.
© Abbaye royale de Fontevraud
En 1804, Napoléon reconvertit le site en centrale pénitentiaire, qui reste actif jusqu’en 1963. Après un passage dans l’exposition sur l’histoire carcérale des lieux, promenez-vous sur la colline d’Arbrissel à la recherche des portraits sculptés des trois fugitifs… Suite au vaste chantier de réhabilitation, Fontevraud devient un centre culturel en 1975 et est classée au Patrimoine mondial de l’Unesco en 2000. L’abbaye propose de nombreuses expositions disséminées sur tout le site, et, depuis 2021, elle dispose également d’un musée d’art moderne qui abrite les 800 œuvres issues des collections nationales de Martine et Léon Cligman.
L’abbaye Royale de Fontevraud
49590 Fontevraud-l’Abbaye
Fontevraud l’Ermitage, l’excellence culinaire dans un écrin millénaire
Dormir dans une abbaye oui, mais en format 4 étoiles ! Situé dans l’ancien Prieuré Saint-Lazare qui recueillait les personnes malades et fragiles, l’hôtel propose 54 chambres confortables au design épuré, conçus dans le respect de la fonction première du lieu. Son plus ? Alors que le site ferme à 18h, les résidents de l’hôtel ont le privilège de se promener librement dans l’enceinte de l’abbaye jusqu’à minuit ! Une déambulation nocturne qui permet de pleinement apprécier la beauté des lieux, au coucher du soleil ou à la belle étoile. Côté gastronomie, le restaurant Fontevraud l’Ermitage vaut à lui seul le déplacement. Les tables les plus prisées sont disposées le long de la colonnade du cloître Saint-Lazare ouvert sur un petit jardin, au centre duquel trône un piano de brique surmonté d’ampoules électriques, œuvre de l’artiste Vincent Olinet.
© Abbaye royale de Fontevraud
Le menu unique, baptisé Lune en référence aux virées nocturnes du chef Thibaut Ruggeri en quête d’inspiration, est accompagné d’une carte du site qui signale l’emplacement des jardins potagers. Grand classique du repas en six temps, on apprécie particulièrement le rituel fontevriste de soupe et de pain sec. La farandole de perfection continue avec le merlu en ligne ou encore le veau et la langoustine. Autant de petits bijoux d’équilibrisme imaginés par le chef Ruggeri, Bocuse d’Or Monde 2013, qui décroche une étoile au guide Michelin et une étoile verte (Prix de la Gastronomie Durable) pour ce restaurant. La poire, ails des ours et morille clos en point d’orgue ce road trip royal dans la vallée de la Loire.
L’abbaye Royale de Fontevraud
49590 Fontevraud-l’Abbaye