Art
Maillol et Picasso : un même souffle méditerranéen à Perpignan
11 MAI . 2025
Le musée d’art Hyacinthe Rigaud de Perpignan présentera du 28 juin au 31 décembre 2025 une exposition sur les œuvres du sculpteur Aristide Maillol et du peintre Pablo Picasso. « Maillol-Picasso. Défier l’Idéal classique » révèlera ces artistes et leur production sous un nouvel angle.
De passage à Perpignan le temps d’un weekend ? Profitez de vous promener dans le quartier de l’hôtel de ville pour saluer la Méditerranée, l’une des statues de bronze originales sculptées par Aristide Maillol en 1905.
© Musée Hyacinthe-Rigaud
C’est aussi là, au cœur du centre historique, que se niche l’ancien hôtel particulier des de Lazerme – aujourd’hui Musée d’art Hyacinthe Rigaud – où séjourna Pablo Picasso à plusieurs reprises entre 1953 et 1955. Une maison d’hôtes transformée en musée d’art, et un lieu hautement symbolique pour accueillir, du 28 juin au 31 décembre 2025, une exposition ambitieuse réunissant ces deux géants de la modernité : Maillol – Picasso.
© Musée Hyacinthe-Rigaud
Défier l’idéal classique, qui, à l’instar de Van Gogh et Arles ou de Cézanne et Aix-en-Provence, ont tissé un lien particulier avec la petite ville des Pyrénées-Orientales.
Intitulée Maillol – Picasso. Défier l’idéal classique, cette exposition temporaire inédite propose une relecture croisée des œuvres de ces deux artistes dont la relation n’est pas si évidente au premier abord. Près de vingt ans les séparent, Maillol étant né en 1861 à Banyuls-sur-Mer, Picasso en 1881 à Málaga (Andalousie), mais tous deux partagent une fidélité à la Méditerranée, à ses paysages, à ses corps et à ses volumes.
© Musée Hyacinthe-Rigaud
Si Maillol incarne un retour au classicisme à la ligne pure, Picasso, plus iconoclaste, déconstruit sans relâche les formes. Leurs parcours se croisent pourtant : tous deux taillent le bois à leurs débuts et tous deux se nourrissent d’influences communes telles que Gauguin, le primitivisme, ou encore l’Antiquité.
Les œuvres classiques et originales d’Aristide Maillol et de Pablo Picasso sont ainsi mises en regard, évoquant leur carrière respective, mais aussi leurs expérimentations parallèles. Ce dialogue artistique s’inspire du projet d’exposition Museum for a Small City imaginé par l’architecte Ludwig Mies van der Rohe au début des années 1940, à travers une scénographie pensée pour abolir les frontières historiques et formelles entre les œuvres.
© Musée Hyacinthe-Rigaud
Le musée Rigaud reprend cet esprit libre et fluide dans un parcours de 400 m², où les sculptures et les toiles se déploient entre murs texturés, verrières et jeux de motifs géométriques.
Parmi les œuvres exposées, certaines sont présentées pour la première fois à Perpignan, comme La Rivière ou L’Air de Maillol, tandis que d’autres, issues des collections du musée, reviennent pour enrichir la lecture des artistes. Au total, près de 120 pièces sont rassemblées grâce à des prêts exceptionnels : le musée d’Orsay, le musée de l’Orangerie, le Petit Palais, le musée Rodin, mais aussi la Fondation Dina Vierny, la Nationalgalerie de Berlin ou encore la collection Oskar Reinhart de Winterthour ont répondu présent.
© Musée Hyacinthe-Rigaud
Un tour de force quand on sait que les pièces de cette collection ne sortent que très rarement de ses murs. Le Centre Pompidou, partenaire majeur de l’événement, a notamment accepté le prêt de Femmes devant la mer (1956), une toile magistrale de Picasso, mise en regard avec La Méditerranée, scellant ainsi ce dialogue à travers le temps.
L’exposition se décline en six sections thématiques, aux titres volontairement ambigus – Classique ? Renversé ? Primitif ? Sculpteur ? – pour mieux interroger nos certitudes visuelles. En filigrane, c’est une redécouverte de Maillol qui s’opère, dont la modernité apparaît avec plus d’évidence encore lorsqu’il est confronté à l’audace plastique de Picasso. Une façon aussi, pour le musée Hyacinthe Rigaud, de poursuivre son travail entamé depuis plusieurs années autour de ces deux artistes et de leur ancrage local.
Texte de Pauline Perrin-Béquart et Pierre Gunther