A Paris, Mâche

Chez Mâche, un univers décalé

Aplats colorés, rayures version XXL et motifs géométriques, chez Mâche, la grisaille parisienne n’a pas droit de cité ! Fruit de l’imagination débordante du designer Charles du Pouget, l’esthétique fantaisiste de cette nouvelle table du quartier Poissonnière est un croisement joyeux de pop art et d’Art Déco. Les chaises offrent à elles seules un bel éventail de la crème du design des 80s : Philippe Starck pour Driade, Rodney Kinsman pour Padova… Murs grattés et parquet ancien viennent compléter le tableau, sans compter la cuisine vitrée, dans laquelle on aperçoit le chef Michaël Gamet et sa team s’activer.

Car il n’y a pas que la déco qui nous permet de nous évader. Les assiettes, elles aussi, appellent à l’affolement des sens. La cuisine de Michaël Gamet est évidemment de saison, locavore tant que faire se peut (oui, ils sont de plus en plus nombreux à Paris, on le constatait récemment avec Ventrus), mais surtout, elle est le reflet de son insatiable curiosité pour la cuisine d’ailleurs. A 21 ans, le jeune chef franc-comtois prend ses clics et ses clacs, et part découvrir le vaste monde, avec pour projet d’écrire sur les différentes traditions culinaires. Il en reviendra avec vingt pays et trois continents au compteur, plus un livre autoédité, Manger et vivre.

Mâche, la première adresse rien qu’au chef Michaël Gamet

Chez Mâche, son premier poste en tant que chef, Michäel Gamet ose une cuisine créative, avec des accords et des assaisonnement inattendus et des ingrédients souvent méconnus des palais français. Au déjeuner, la carte déjeuner offre un aperçu de son talent à travers trois entrées, trois plats et deux desserts, qui changent toutes les trois semaines. Pour nous ce jour-là, ce fut un maquereau gravlax au sésame, navet boule d’or, moutarde kirachi, kiwi jaune et menthe, suivi des derniers légumes racines de la saison enrobés d’un beurre noisette et noix de coco, agrémenté de pickles de raisin chasselas et d’une émulsion fermentée de piment achiote. Si une partie du vocabulaire de la carte vous échappe, pas de panique, Mathias Fouré, en salle, se fait un plaisir de vous rencarder.

Le soir, la carte s’étoffe, avec toujours des propositions surprenantes, qui sortent des sentiers battus et rebattus de la bistronomie parisienne. En témoigne ce cèleri confit en croute de sel, kumquat, lait de coco, fermentation de kiwi jaune et tagète, ou encore cet indécent Éphémère, un nuage de lait kéfir et tonka, aux prunes au piment d’Espelette, banane toastée, biscuit au miel de châtaignier et graines de tournesol. Pour les plus aventureux, le menu dégustation à l’aveugle permet de se laisser surprendre, guidé par les conseils avisés de Mathias Fouré côté liquide, un passionné de bonnes quilles, surtout quand elles ont le bon goût d’être bio ou nature.

Une véritable bonne adresse de la scène néo-bistronomique parisienne, qui va droit au but, donne la pêche, émoustille, et, véritable défi dans une ville à l’offre aussi pléthorique que Paris : surprend.

C.d.S